Pourquoi l'action Apple chute et l'action Amazon monte ?

26 1 2013 - 3 commentaires
ProRealTime

Une petite contribution que m'a demandé Atlantico que je vous soumets :

Pourquoi les marchés apprécient Amazon et craignent Apple ?

La loi universelle de la gravitation chère à Isaac Newton vient encore de se prouver : une pomme finit toujours par tomber et l’action Apple n’y échappe pas puisqu'elle cède en 48 heures, depuis la publication de ses résultats trimestriels, près de 15%. Cette baisse est encore plus marquée si nous prenons le plus haut historique de l'action à 700$ en septembre 2012, la chute est de -37% en 4 mois.

Alors comment une entreprise peut-elle décevoir autant les marchés financiers quand elle réalise des ventes meilleures et supérieures à ses propres prévisions?

Les résultats d'Apple

Analysons les résultats d'Apple : ses ventes d'iphones progressent de 29% mais la dynamique du marché des smartphones est estimée à 39% par IDC, tirée par Samsung. Quand on sait que la moitié des bénéfices de la société repose sur les smartphones, on peut comprendre l'inquiétude de certains investisseurs sur le futur, Apple n'est plus en situation de monopole contrarié sur les smartphone comme lors de la sortie du premier iphone en juin 2007. La concurrence devient féroce, l'entreprise Coréenne ne se contente plus de suivre péniblement les avancées technologiques d'Apple, elle propose elle aussi de nouveaux produits.

Soulignons aussi qu'Apple se fait aussi une concurrence à elle même, car 4,1 millions de Mac ont été vendu, c'est un chiffre inférieur aux attentes, reflétant un repli de 22% par rapport à l'an dernier. L'iPad a cannibalisé le Mac...

Un chiffre d'affaire record pour Apple ?

Alors certes Apple a de quoi séduire sur le papier, avec 54,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires qui est le plus important de toute son histoire, avec 13,1 milliards de dollars de bénéfice net, une véritable cash machine «Un record» là aussi, clame le P.D.G d'Apple. (il est en fait stable par rapport à l'an dernier car le trimestre comparable comportait une semaine de plus).

 Spécialisation d'Apple versus Diversification d'Amazon

On le comprend, ce sont donc les perspectives prochaines qui inquiètent les marchés financiers, Apple dépend trop des ventes de ses iPhones et iPad, l'entreprise est trop spécialisée sur un marché de plus en plus concurrentiel, le dragon coréen grignote chaque jour les parts de marché de la grosse pomme. De plus, avec la disparition de Steve Jobs, des doutes apparaissent sur la capacité de la firme américaine a continuer d'être le leader dans l'innovation, la sortie de l'ipad mini est symptomatique, elle n'est qu'une réplique d'Apple sur le marché des tablettes 7  pouces 8 pouces où Samsung commençait à s'imposer en maître car la firme de Cupertino estimait ce segment inutile. Pour la première fois depuis longtemps, Apple n'a pas perçu la demande et l'envie des consommateurs, elle n'a pas créé l'innovation, elle a du suivre.

L'action Amazon surfe sur le e-commerce

A l'opposé, Amazon séduit les investisseurs, les agences recommandent fortement cette action, Morgan Stanley est passée de pondération en ligne à surpondérer sur le titre. Ce sont les perspectives florissantes du marché de l’e-commerce qui justifient sa position, celui-ci voit le doublement des ventes de l’e-commerce dans le monde d’ici à 2016 ci et Amazon est le mieux placer pour en profiter.

Mais surtout Amazon s'est diversifié, son catalogue s'est élargi, on peut toujours y commander des livres, des CD, des jeux vidéos, un écran plasma... mais aussi des produits cosmétiques, du parfum, des bijoux, des vêtements, des jouets pour enfants, des articles sportifs et de fitness, de l'ameublement, des luminaires, de la décoration, de l'outillage pour bricoleur et même de la nourriture pour votre poisson rouge ou des friandises pour Médor... Amazon c'est en fait le supermarché virtuel globalisé qui vend tout ce qui est rentable et anticipe le boom du e-commerce en annonçant la création de 19 nouveaux centres de traitement de commandes dans le monde, portant son réseau à plus de 70, ce qui permettra de réduire ses coûts d'acheminement.

Amazon et Apple ont donc deux stratégies de développement quasiment asymétrique, l'une est basée sur la spécialisation, l'autre sur la diversification de l'offre. Deux adages boursiers peuvent ainsi s’appliquer à cette situation et à l'évolution récente des cours « les arbres ne montent pas au ciel » et « il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier ».

Auteur de l'article :

Benoist Rousseau est diplômé de l'université Paris-Sorbonne en histoire économique contemporaine et de la Certification Professionnelle des Acteurs des Marchés Financiers de l'AMF. Il a été professeur d'histoire pendant 12 ans avant de devenir trader en compte propre. Ancien Conseiller en Investissements Financiers, il est aussi écrivain. Son ouvrage "Devenez Trader Pro" est numéro 1 des ventes dans la catégorie bourse depuis de nombreux mois. Intervenant régulier sur TV Finance et divers médias, il est suivi par plus de 150.000 personnes sur les réseaux sociaux.

3 Commentaires pour Pourquoi l'action Apple chute et l'action Amazon monte ?

  1. ZenAT dit :

    Merci de nous faire partager tes publications sur Atlantico mais pourquoi ne fais tu pas la même chose pour tes analyses macro économiques beaucoup plus denses et scientifiques que j'ai pu trouver dans diverses revues d'histoire économiques ?

  2. Benoist Rousseau dit :

    Ce sont deux mondes différents, ici tu es sur un blog personnel, simple, rapide, un "article" doit se lire en 2 minutes, l'internaute est pressé, il zappe vite, il ne lira pas 25 pages en continue sur un thème ultra spécialisé. Lorsque je répond parfois longuement sur le forum j'ai des "reproches" donc si c'est pour publier un article qui m'a demandé 3 semaines de réflexions et avoir comme commentaire "c'est trop long ou tu ne peux pas résumer ?", cela ne m'intéresse guère 🙂 C'est un espace détente ici pas "prise de tête". Et surtout parce que c'est une partie de ma vie qui ne m'intéresse plus, j'ai démissionné de mon poste il y a quelques années déjà, tabula rasa et ce que j'ai pu écrire il y a x années n'a guère d'intérêt aujourd’hui, soyons honnête cela n'intéresserait pas plus de 200 personnes en France en comptant large à l'époque, les publications scientifiques sont édités à quelques dizaines ou centaines d'exemplaires, ce n'est pas diffusé à la Fnac mais à la fac ^^

  3. Yanngedy dit :

    "Deux adages boursiers peuvent ainsi s’appliquer à cette situation et à l’évolution récente des cours « les arbres ne montent pas au ciel » et « il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier »."

    Merci de confirmer l'évolution que j'avais +/- établie dans ma petite tête 😉 et merci de te lire chaque jour, car vous nous donnez beaucoup d'idées de réflexions et surtout l'envie de continuer dans ce droit chemin...

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