Je partage tes préoccupations Masta. A mesure que l'on s'informe et que l'on prend conscience de la profondeur des problèmes se révèle en parallèle l'ampleur du déni collectif. C'est valable pour une population mais aussi à plus petite échelle: souvent les proches ne veulent pas voir, ne pas savoir, pour continuer leur vie basée sur les valeurs du "système". Cela crée un isolement intellectuel. Pour beaucoup la devise "mangeons et buvons car demain nous mourront" est de mise. L'avenir de l'humanité, la souffrance des autres, c'est au delà de leur niveau de conscience. Ils trouvent leur compte dans la société du caddie, de la télé, des produits,...bref l'abrutissement de masse parfaitement orchestré par le
Capitalisme décomplexé.
Mais peu à peu un nombre croissant de personnes sortent de l'assoupissement. Un sondage Ifop montrait que 65 % des Français estiment que la civilisation telle que nous la connaissons va s’effondrer (il serait intéressant de savoir à partir de quel niveau la croyance devient autoréalisatrice...). Et pour un tiers de ces personnes, cet effondrement sera brutal puisqu’il arrivera d’ici 20 ans.
A mon avis, la situation pourrait devenir de plus en plus chaotique par paliers. Une crise financière systémique serait par exemple un nouveau palier. Les banques centrales, à cours d'outils crédibles ne parviendraient plus à maintenir la "confiance". Quand on se penche sérieusement sur les mécanismes du système financier, on ne pas croire une seconde que cela peut tenir des années avec de tels déséquilibres.
Et la peur, comme pour la Covid, accélèrerait le processus avec des décisions aberrantes aggravant les conséquences de l'impréparation.
A partir d'un certain niveau d'insécurité (pénuries sur les produits de base et l'alimentaire, émeutes... ) on passerait à des gouvernements plus répressifs, des mesures d'urgences qui s'installeraient dans la durée et limiteraient les droits fondamentaux. A ce niveau la Chine pourrait devenir un "modèle". L'article 16 de la constitution permet d'ailleurs au président français de prendre "les pleins pouvoirs (législatifs et exécutifs)" en cas de de "péril national".
Face au chômage de masse et au désarroi généré par le vide existentiel "du boulot", des travaux d’intérêts généraux seraient requis pour toucher une allocation de subsistance.
Avec de l'intelligence, de l'éducation, ces crises auraient pu être amorties par des décisions prises en amont. Le fameux rapport meadows était très clair, les modèles convergeaient et nécessitaient la mise en place de mesures visant à préserver les ressources.
Au lieu de cela, nous avons eu les années fric et frime, les années Tapie, Thatcher, Reagan. Le gaspillage érigé en système. La bêtise en religion.
Je ne crois pas vraiment à un effondrement ultra violent avec une désintégration de la société. Peut-être parce que mes chances de survie seraient proches de 0, peut-être une autre forme de déni.
Je préfère croire dans un rebond de l'intelligence collective. Au fur et à mesure du déclin, de nouvelles structures de proximité apparaitraient avec une implication forte des citoyens ( maintient de l'ordre, agriculture, éducation). La science et les techniques continueront d'avancer, il y a des potentiels disruptifs importants dans beaucoup de disciplines.
Il faut que l'humain soit au pied du mur pour changer de trajectoire. Ces derniers mois, le mur semble s'être considérablement rapproché.