Ce Futures une succession souvent sévère, parfois brutale, d'actes et de mots dont on se demande s'ils relèvent d'une méconnaissance du dossier ou d'un choix exclusivement tactique.
À vouloir jouer l'opinion publique continentale contre la problématique insulaire, Macron ramène la Corse au pire des années 70, au temps de la surdité giscardienne, de la cour de sûreté de l'Etat et du refus ostensible de l'écoute.
Cette radicalisation de la position de l'État va satisfaire sans doute quelques nostalgiques de l'imaginaire jacobin mais aussi et surtout, humilier, au delà des élus nationalistes, l’immense majorité des Corses.
C’est oublier combien les logiques segmentaires traversant le corps social de l'ile - les familles, les villages, les clans - s'agrègent et se soudent malgré leurs divisions lorsque l'extérieur se fait menaçant.
- La présence de Jean-Pierre Chevènement, mentor du préfet incendiaire Bonnet,
- La fouille des élus locaux lors du discours présidentiel,
- L’absence du drapeau Corse aux côtés des drapeaux tricolores et européens,
- La ligne intransigeante (fin de non-recevoir sur le bilinguisme, le statut de résident et sur la question institutionnelle dans son ensemble),
n’ont pas instauré l’espace de dialogue et de négociation attendu mais ont produit le spectacle d'un rapport de forces à sens unique.
Macron a surjoué l'autorité pour démontrer qu'il était un chef. Il a exercé ce rapport de domination dont il fait la mécanique intrinsèque de son pouvoir et qui satisfera les esprits enclins à l'admiration compulsive.
Il n’en demeure pas moins que le Président est venu, a éructé, puis est reparti. Et le problème, lui, reste entier.
Macron a enfermé la Corse tout entière dans le drame Erignac, comme si la société insulaire devait expier collectivement pour des temps indéfinis l'assassinat odieux du Préfet.
Il a ignoré une double réalité : l'abandon de la violence par les nationalistes et la majorité politique (mais aussi sociologique) dont ils peuvent aujourd'hui se prévaloir.
Il a occulté le fait que les îles de la Méditerranée Occidentale disposent, toutes, d'un statut d'autonomie interne.
Apôtre du "nouveau monde" et de la "pensée complexe", Macron a professé des idées très simples et très vieilles dans une Ile dont on mesure insuffisamment sur le continent l'effort qu'elle a entrepris depuis quelques années pour reconvertir une culture de violence en culture de créativité et d'innovation.
Macron a parlé à la nouvelle Corse une vieille langue ankylosée de tant de préjugés dépassés.
A suivre…