Lol Samuel, bienvenue dans mon univers. Un exemple, aujourd'hui j'ai une vie sociale intense :
En revenant de l'hôpital, je suis tombé sur mon voisin qui revient de vacances et qui m'a parlé pendant une demi-heure de ses vacances. J'en ai absolument rien à faire. C'est toujours la même chose, j'ai l'impression que les gens vont en vacances pour ensuite se vanter de l'avoir fait auprès des autres dans l'espoir de susciter une forme de jalousie. Bref j'ai souri, je fais semblant de m'intéresser à ses vacances débiles…
ensuite à 18 heures, je suis allé chez le coiffeur. Là aussi, le drame pendant 30 minutes : il fait beau, il fait chaud, c'est bientôt les vacances, vous allez où en vacances ? Alors pour gagner du temps je réponds je ne sais pas encore mais vous, vous allez en vacances ? Et là, c'est bien, et j'ai gagné un quart d'heure où la coiffeuse toute contente me parle d'elle. Il faut laisser les gens parler… de toute façon ils n'écoutent pas, ils recentrent généralement la discussion sur eux
Donc si c'est ça la sociabilité, je préfère continuer à avoir deux ou trois amis et une sociabilité maîtrisée sur ce forum, au moins quand on décide de parler entre nous, rien ne nous est imposé.
Depuis cinq ans que je fais du trading en compte propre à plein temps, ce qui est le plus changé chez moi, c'est que je deviens de plus en plus ermite. Déjà avant, au boulot, les relations de boulot m'ennuyaient profondément, mais maintenant que je n'ai plus ses obligations sociales, quand voisin me tombe dessus pour me raconter ses vacances au Club Med avec sa femme et ses deux gamins, j'ai envie de lui dire : stop, c'est bon, je connais déjà l'histoire.
J'avais lu il y a très longtemps un livre de Jacques Attali dont j'ai oublié le titre, il parlait des nouvelles communautés et il insistait beaucoup à l'époque sur les communautés Internet. C'était novateur parce que Internet était à peine développée en France. Il voyait déjà la possibilité pour les gens socialement très différents, d'horizons géographiques différents de créer des communautés virtuelles qui auraient dans leur vie plus importance que la communauté nationale par exemple, il appelait ça les nouvelles identités. Elles n'étaient plus basées sur la nationalité, la géographie ni, la politique, le travail (le grand génie du management américain est de donner aux salariés esclaves l'idée qu'ils doit être fier de l'entreprise, qu'il avait tiers de leur entreprise comment supporter est fier de son équipe de foot… ce sont des identités de substitution. C'est pour cela que quand certains cadres sont licenciés, ils se suicident, car ils perdent toute leur identité, leur identité s'est confondue avec l'identité de leur travail) mais que pour la première fois de l'histoire, des gens pouvaient se réunir par affinité sans aucune limite d'espace, de temps, géographiques… sur le forum par exemple, on a des gens sur les cinq continents, je sais que si je me connecte vers minuit j'ai de fortes chances de trouver Darth qui vit en Colombie,que benfx le Canadien va arriver dans l'après-midi, j'ai des chances de croiser samuel à son retour de cours. Ce sont des communautés d'intérêt choisi librement, c'est cela qui me paraît important avec bien entendu toute la
volatilité possible. Et finalement, c'est ce que je ressens, je partage plus avec des gens que je n'ai pas toujours rencontrés sur le forum, qu'avec mon voisin. Pourquoi ? Parce que j'ai des points en commun avec les gens de ce forum, je les comprends, ils peuvent me comprendre, on peut échanger en s'amusant et on a aucune posture, rôle social à tenir. En poussant encore plus loin, c'est pour cela que je pense que l'Internet est la mort à long terme du nationalisme. Je discute avec un entrepreneur milanais par l'intermédiaire de ce blog, une personne que je n'aurais jamais rencontrée, j'ai des amis au Canada qui sont prêts à m'accueillir et à favoriser mon installation dès que je le demande... je parle à des Américains, je suis invité au Japon... je n'irai pas faire la guerre à des Allemands, des Italiens, les Espagnols… je les considère comme mes voisins alors que mon grand-père ayant connus la guerre parlait encore des Allemands avec les termes sale boches. Contrairement à ce que l'on peut penser, je pense que c'est un enrichissement incroyable et non un appauvrissement de notre champ relationnel.