Le fameux Héron de La Fontaine, un peu transformé, peut-être lu comme un poème sur le trading.
C'est l'histoire d'un héron qui fait la fine bouche, qui à force de chercher un plat de roi ne trouve rien et finit par manger un limaçon. Mais comme je pense que personne ici ne méprise les petits profits, et fasse l'impasse sur de petites plus-values pour en chercher des grandes, j'ai transformé un peu le poème pour illustrer un danger plus réaliste : l'excès de gourmandise, la voix de la scupidité (© Bella Swan) qui peut nous empêcher de couper la plateforme quand on a déjà fait une belle journée.
Le poème de La Fontaine (1678)
Le Héron
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
S'approchant du bord vit sur l'eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée il trouva du goujon.
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il Futures tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Une version trading :
Le Trader scupide
Un jour sûr, très sûr de lui, allait vous savez où,
Le Trader scupide qui voulait dompter le Daxou.
La journée était haussière.
La hausse était limpide ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la plus-value y faisait mille tours
Avec le break-out son compère.
Notre trader en fit aisément son profit :
Tous étaient faciles à prédire, il n'avait qu'à prendre ;
Ensuite il voulut attendre
Un vrai plein nord de folie.
Il avait encore faim, et mangeait à toute heure.
Après quelques moments il fit un beau +20 : notre homme
Pourtant ne coupa point sa plateforme.
100 points dans la journée, au moins, feraient son bonheur.
Il en était à +40 ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi +40 ? dit-il, moi grand trader que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
C'est là que le Dax retrace, il avait misé sur un rebond.
Aïe, stop touché, ça y est il péte les plombs
Mais il va remonter ! aux Dieux ne plaise !
Tu parles, les prix chutent, une vraie cataracte
Il moyenne à la baisse, le pauvre acrobate
Bilan : à la fermeture, il Futures tout heureux et tout aise
De terminer presque flat...