Re: L'Art de la Musique

par Euraed » 03 févr. 2018 00:56

Arca, compositeur vénézuelien, a produit l'an passé un album singulier et exceptionnel tel un songe de Baudelaire


[youtube]https://youtu.be/t1QSgdMPI5g[/youtube]



Une belle critique par Romain Burrel des Inrockuptibles (31/03/17)...

Pourquoi le nouvel album d'Arca est un chef-d’œuvre

https://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/le-nouvel-album-darca-est-un-chef-doeuvre-qui-donne-le-vertige/

Le producteur de Björk et de Frank Ocean signe un coup de maître sublime et fou.

Ceux qui suivent à la trace l’odyssée du Vénézuélien (de ses premières mixtapes à ses travaux pour FKA Twigs, Kanye West ou Frank Ocean) le présageaient depuis longtemps : le producteur portait en lui un chef-d’œuvre qui ne demandait qu’à jaillir. Et nous voilà béats devant un album sublime, et titré Arca, comme pour bien signifier que l’artiste atteint ici un point culminant.

Entre hip-hop, électronique et chant opératique

Installé bien au chaud dans la scène queer new-yorkaise dont il est l’une des attractions les plus provocantes (Arca performe régulièrement sur scène en jockstrap et bas résille), le producteur de 27 ans, de son vrai nom Alejandro Ghersi, débroussaille à la serpe les frontières entre hip-hop, électronique et chant opératique. Le résultat, perché quelque part dans une galaxie impossible entre Woodkid et Aphex Twin, est d’une suffocante sensualité.

Jetés à la g**le à grands coups de beats mutants (Castration), de synthés célestes (Urchin) ou de sirènes d’incendie (Desafío), les morceaux d’Arca sont des fados déglingués et moites d’une tristesse infinies, d’une sexualité négative. Ouvert par un entêtant Piel, monté sur un larsen habilement dompté, et conclu par un instrumental froid comme le métal (Child), l’album alterne coups de fouet (Whip) et caresses sur le sexe (Fugaces). Rarement on aura aussi bien marié (de force) érotisme et mélancolie. Impossible de distinguer ici les larmes de sel des larmes de sperme.

La science du rythme

Les plus grands atouts d’Arca sont sans doute sa science du rythme et son don pour pétrir les sons et organiser le chaos, sans que jamais cette maîtrise ne flétrisse la pureté de ses mélodies fragiles. Et puis il y a cette voix en espagnol. Ce falsetto hermaphrodite et affecté, sorte de version latine de Scott Walker (Coraje) ou d’un Anohni en mode porno. D’après le musicien, c’est Björk qui l’aurait convaincu de s’essayer au chant, lors des sessions d’écriture de Vulnicura (dont Arca a co-composé la majorité des titres). Pour cela, en plus du reste, elle sera grandement remerciée.