Un beau jour, alors que vous ne l'aviez pas invité, brutalement, il arrive chez vous. Il s'incruste dans votre vie, y pèse de tout son poids et ne repart plus. Au début, vous tentez bien de le chasser, ou de négocier avec lui. Vous avez tout plein d'explications plus spécieuses les unes que les autres, pour faire en sorte qu'il s'en aille, qu'il vous laisse enfin tranquille. Vous avez beau lui expliquer vos raisons, en long, en large et en travers, et encore plus, exposer tous vos arguments dans le détail. Rien n'y fait. Il ne s'en va pas. Il reste là, sans rien dire, en face de vous, à côté de vous, là tout près. Omniprésent. Il vous met le cafard. Il vous déprime. Il se mêle de tous vos actes, de toutes vos décisions. Bref, il vous pourrit la vie.
Encore, peut-être, s'il était venu tout seul. Mais, non, en plus, il est venu accompagné. Avec tout un cortège peu sympathique. La sensation de vide, la fatigue, l'absence d'énergie, la certitude que vous n'y arriverez jamais, l'envie de tout laisser tomber et de passer à autre chose ... Et comme il vous est difficile de vous défendre, de combattre ... il gagne avec votre silence, votre apathie, avec l'absence d'arguments positifs à lui opposer. Vous ne lui présentez qu'une estime de soi qui part en lambeau, le sentiment, que dis-je, la conviction de votre incapacité ... Et alors est finalement atteint le point d'orgue qui fait que beaucoup de traders se découragent et arrêtent. Le bilan de leur activité est devenu par trop négatif. Ils ne trouvent plus de quoi alimenter leur raison de trader.
Le découragement, au même titre que la ruine, peut provoquer la mort du trader. La ruine, c'est sûr, provoque la fin, une fin tangible, celle que tout trader craint, projette, anticipe, fantasme, mais le découragement lui, est tout aussi dangereux bien que beaucoup plus sournois. Il ne vient pas forcément lorsque le trader est ruiné. Le découragement est plus insidieux, il se construit et se renforce au fil de vos échecs, il se nourrit de votre confiance en vous-même. Alors, ne négligez pas, ne sous-estimez pas, cet ennemi subtile et redoutable. Lorsqu'il prend le pas sur vous, faites une pause structurante. Laissez couler de l'eau sous votre pont des soupirs. Après quelques temps, le découragement va se lasser de vous attendre et s'en aller chercher une autre victime, moins pugnace et persévérante.