La Banque centrale européenne (BCE) fait appel au poids lourd de la gestion, l’Américain Blackrock, pour mettre au point son programme d’achats de crédits titrisés
Mario Draghi l’a assuré lors de la conférence des banquiers centraux à Jackson Hole. « Nos préparatifs concernant les achats d’ABS (crédits titrisés) dans les marchés avancent rapidement », a indiqué le patron de la Banque centrale européenne (BCE). Signe que l’institution s’active pour lancer cette mesure destinée à relancer le crédit dans la zone euro : elle a mandaté une filiale de Blackrock, le géant mondial de la gestion d’actifs (4000 milliards de dollars d’actifs), pour la conseiller.
Blackrock, gros investisseur sur les ABS
« Blackrock solutions » devra épauler la BCE dans la conception et la mise en oeuvre de ce programme, qui sera une première dans la zone euro. L’accord signé avec la banque centrale stipule que la société doit établir une muraille de Chine entre les équipes qui travaillent sur ce projet et celles qui interviennent sur le marché des ABS. L’idée étant d’empêcher les conflits d’intérêt, alors que Blackrock est l’un des plus gros investisseurs sur les actifs titrisés en Europe.
Depuis la crise des « subprimes », cette filiale de la firme dirigée par Larry Fink, est très sollicitée par les institutions et les acteurs financiers. Sa spécialité ? Evaluer les actifs décotés ou toxiques. La Réserve fédérale et le Trésor américain ont fait appel à elle dans plusieurs dossiers sensibles : la banque bear Stearns, le géant de l'assurance AIG, ou encore les agences de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac. Avec la crise de la dette dans la zone euro, son terrain d’action s’est encore étendu. Blackrock Solutions a été appelés en Grèce, à Chypre et en Irlande.
Benoît Coeuré estime qu’une garantie des Etats est nécessaire
Même si le marché des ABS de la zone euro est de taille réduite, la BCE met beaucoup d’espoir dans ce programme, à l’heure où la Déflation menace. Benoît Coeuré, membre du directoire de la banque centrale, a fait savoir qu’une garantie des Etats sur une partie des crédits titrisés serait nécessaire pour que le programme soit vraiment efficace.