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ce n’est qu’une question de temps, et cela arrivera rapidement, que le très fort désinvestissement des compagnies pétrolières mène à une chute abrupte de la production, et que le prix du baril grimpe en flèche.
Mais de toutes façons, nos experts complètement désorientés continuent à croire que l’huile de schiste va remonter aux USA, parce qu’ils confondent les ventes au rabais pour cause de liquidation et de fermeture des compagnies avec des améliorations de leur efficacité, et parce qu’ils n’anticipent pas les problèmes.
En ce moment, étant donnée leur myopie et leur arrogance, le fait de penser que les problèmes du pétrole et du reste des ressources naturelles sont réglés va mener à une gifle épique.
Sans changement rapide de cap, la Grande récession qui se déclenchera laissera celle de 2008 très en arrière, à cette différence près qu’aujourd’hui, socialement, notre état s’est dégradé par rapport à cette époque.
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L’axe bipolaire de candidats opposés (Clinton vs Trump, Macron vs Le Pen) ou d’alternatives oui-non (référendum grec, Leave vs Remain au Royaume-Uni) sera délaissé au profit de dynamiques plus complexes, les spirales de l’homme-fourmi.
Ce moment sera particulièrement délicat, parce qu’il se caractérisera par le surgissement d’une masse d’initiatives et d’une tendance à la désorganisation à cause d’acteurs agissant chacun de son côté ; les diverses administrations mettront en route des plans différents et parfois contradictoires, et en général, il y aura une perte de crédibilité du pouvoir.
Le mouvement en spirale peut accélérer notre effondrement social, surtout parce que des choses qui avaient pu se maintenir dans l’étape antérieure (par exemple, la stabilité du réseau électrique) pourraient se perdre en route
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Notre problème est que la société, telle qu’elle est structurée, ne peut plus garantir les niveaux de bien-être général qu’elle a connu au cours des décennies passées.
Notre bien-être reposait sur une grande disponibilité d’énergie accessible et bon marché, dont la quantité s’accroissait chaque année. C’est fini.
Nous avons probablement déjà dépassé le pic pétrolier. Le pic du charbon et de l’uranium semblent dépassés aussi, et le pic du gaz sera atteint en moins d’une décennie.
Les énergies renouvelables ont des limitations sévères, et n’offrent pas la possibilité de compenser le vide que laisseront les non-renouvelables, surtout à la vitesse où elles décroîtront.
De sorte que notre cap est celui de la décroissance énergétique, mais cela ne signifie pas que notre effondrement soit inévitable. Non.
Il est vrai que dans notre paradigme économique actuel, cette crise n’aura pas de fin.
Il faut abandonner l’idée de la croissance et explorer de nouvelles options ; nous devons nous lancer à la recherche du tronc du pommier pour y grimper.
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Nous avons cessé d’être l’homo invictus, l’homme qui se croyait tout-puissant, confortablement installé dans ses avancées technologiques fondées sur une énergie apparemment inépuisable.
Nous devons, simplement, nous libérer de notre arrogance.
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http://www.entelekheia.fr/2017/05/24/des-fourmis-et-des-hommes/