ProRealTime
On y parle de tout et de rien, de l'air du temps, de nos découvertes, joies et contrariétés mais pas sur le trading ni le high tech ;)

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par trader-incognito » 29 oct. 2017 21:30

(J'ai ouvert le bal Air one :mercichinois: :) )

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Air one » 29 oct. 2017 21:54

:merci: :bravo: :mercichinois:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 29 oct. 2017 22:23

Coucou d'Hambourg R1 !
Merci à nouveau pour vos retours.
Je me rends compte à les lire que je vais beaucoup mieux que le narrateur de mon texte, je suis moins perdu, je crois avoir aujourd'hui assez d'estime de moi-même pour trouver peu sexy les gens très égocentriques.
Peut-être...
Vous m'êtes très précieux les amis.
Mais oui, j'ai un vertuchou la Blandine de problème avec le regard des autres.
Vos éloges ou critiques me touchent trop, il faut que je me soigne (j'y bosse).
:mercichinois:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par scalptrice » 29 oct. 2017 22:27

à Renaud et pour nous tous d’ailleurs :)
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653C6EAE-497B-4601-8F7A-CBCE01FE7EE2.jpeg (108.51 Kio) Vu 478 fois

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Air one » 29 oct. 2017 22:31

:merci: scalptrice :bravo: :mercichinois:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 29 oct. 2017 22:45

À fond d'accord Scalptrice, mais comment on y arrive ???
Ne pas chercher à plaire, ne pas avoir peur de déplaire, le pied !

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par trader-incognito » 29 oct. 2017 22:51

Renaud-C a écrit :mais comment on y arrive ???
Fais fortune et tu auras tout ce que tu veux tu n'auras plus ce genre de soucis les gens t'aimeront, non pas pour ce que t'es mais pour ce que t'as mais ils t'aimeront c'est l'essentiel :) :joker:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par chad » 29 oct. 2017 22:54

bizarre c'est qui le narrateur e n'est pas toi Renaud ?

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par plataxis » 29 oct. 2017 23:46

Renaud-C a écrit :À fond d'accord Scalptrice, mais comment on y arrive ???
Ne pas chercher à plaire, ne pas avoir peur de déplaire, le pied !
[youtube]https://youtu.be/uUbFBIZZQb8[/youtube]

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 30 oct. 2017 12:53

Chad, c'est moi, à fond, mais pas vraiment non plus : je suis écrivain ! :twisted:
Et bim coup de stress, panique du regard des autres : comment un type qui n'a jamais publié peut se prétendre écrivain ?
:hein:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par trader-incognito » 30 oct. 2017 13:53

Ce qui voudrait dire qu'il n'y a en fait peut-être même pas de nuits torrides entre Rendaud et Laetotoa?...
Quelle profonde déception...
Spoiler:
:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par chad » 30 oct. 2017 16:19

OK je capte rien tu nous fait tourner en bourrique on croit que c'est toi puis non...
oui moi aussi je suis artiste

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 30 oct. 2017 20:20

Chad, aucune volonté de piéger quiconque, ce texte était de la fiction (le nez naze) très fortement inspirée par des évènements récents (les nuits torrides, pour ne décevoir personne :) ).
On est dans le café des traders, pas dans un journal ou le forum psycho !

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par chad » 30 oct. 2017 20:21

OK belle plume alors
mais du coup précise s'il te plait

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par trader-incognito » 30 oct. 2017 20:24

Ah ben tant que les nuits torrides existent tout le reste fictif ne me dérangent plus.

Mais comme dit chad oui on va devenir indiscret dis nous en plus , est-elle si indépendante et caractérielle?

Deviens-tu amoureux? Est-ce un amour impossible?

A quand le tome II Renaud :?: :?: :mrgreen: :mrgreen:

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par chad » 30 oct. 2017 20:26

non moi je voulais dire précise quand c'est toi ou un personnage fictif

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Scoualpinge » 31 oct. 2017 11:41

Moralité:
Tout conseilleur vit aux dépens de celui qu'a des croûtes.
Cette leçon vaut bien un long naze,comme disait Pinocchio... sans croûtes. :D

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 31 oct. 2017 23:08

Les amis, merci de votre intérêt !
Alors, hors fiction :
Je suis tombé éperdument (j'adore de mot) amoureux d'une fille genre Lætotoa (mais plus grande), cette fille m'a fait un bien fou, inestimable, tout en me maltraitant par ailleurs (selon moi et d'autres, pas forcément selon elle).
J'aurais pu continuer à me laisser maltraiter, par peur de perdre le bien qu'elle me faisait.
Mais non, bim, on doit grandir finalement (merci l'âge, le trading, le Rousseau, la psy, la vie et n'ayons pas peur des mots : moi), j'ai cessé d'être amoureux.
Comme si j'avais voulu arrêter de subir le négatif tout en me sentant assez fort pour pouvoir me passer du positif.
Bordioul j'ai eu du mal à l'écrire ce post !
Plataxis, merci pour la vidéo.

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par Renaud-C » 14 sept. 2018 14:40

Héhéhé !
Comme je me l'étais promis, voici un autre texte, après Lætotoa, Christine !
Je ne prends pas de nouvelles mais j'espère que vous allez bien.
Moi ça va, je me découvre, je m'accepte, je me montre de plus en plus, je redis que tout a commencé avec le trading ("qui ne vous enrichit pas forcément mais qui vous améliore" ai-je lu ici il y a longtemps).
Longue vie à Andlil, merci à Benoist !
Salut à Florine, Scoualpinge, Chad, Sobear, Plataxis, Scalptrice, R1, Algo, ZeBlob... "mon" noyau dur de 2015-2016.
Merci à tous.



Christine

J'étais sur la route, en stop, d'après une idée de la psy à qui j'avais dit que j'adorais marcher et qui m'avait suggéré de passer du temps seul, sans amis, sans famille. Je me suis donc offert trois jours de stop – activité qui fait beaucoup marcher et très compatible avec mes finances – avec une bâche, de bonnes chaussures, une lampe frontale, c'est tout. J'ai très mal dormi deux nuits magnifiques à la belle étoile enroulé dans ma bâche, marché deux fois entre 4 et 8 heures du matin avant de dresser le pouce, mangé des figues parfaitement mûres dans les Pyrénées orientales (66), rencontré plein de gens (dix-sept voitures en tout) et énormément discuté. J'ai adoré.
À Toulouse, un jeune ingénieur aéronautique t (enfin je sais pourquoi les avions freinent si fort à l’atterrissage au lieu de ralentir en douceur, ce qui serait beaucoup plus agréable et userait moins les freins : c'est une question d'argent visiblement, plus vite l'avion gagne son point de stationnement et repart avec de nouveaux clients, moins cela coûte cher à la compagnie) bref, cet homme, le type même de type qui à une certaine époque m'aurait plongé dans une honte infinie d'être ce que je suis (à savoir pas du tout un ingénieur aéronautique passionnant), m'a fait descendre de son Audi flambant neuve dans un coin assez banlieusard d'où je pourrais facilement selon lui gagner la route de Limoges. J'ai repris ma marche.
Je longeais un lac équipé d'un circuit que je n'avais jamais vu : un circuit automatique de ski nautique, comme un grand tire-fesse en boucle, avec de longues perches au bout desquelles on s'accroche, les pieds fixés sur une planche. Je marchais et des gens tournaient, notamment une fille jeune, noire, sanglée dans un gilet de sauvetage noir qui compressait sa poitrine. Elle ne portait pas de long short fluo comme les autres mais un petit maillot, noir lui aussi. Ses longues jambes nues luisaient au soleil, on se serait cru à Épinal. Elle passait trop loin de moi pour que je puisse bien voir son visage mais elle avait sûrement des yeux glaçant d'intelligence, encore une femme idéale bien sûr. C'était aussi la plus douée de tous, la seule par exemple à prendre les tremplins pour sauter (pas haut certes mais bon). Avant, voir une femme comme elle me vrillait l'âme de cette certitude : jamais une telle femme ne lèverait les yeux sur moi, jamais et, par rapport au genre d'hommes que cette femme pouvait désirer (car mon Dieu, oui, il existe des hommes que ces femmes désirent), j'avais à peu près autant de carrure qu'un mouchoir en papier pourrissant dans un fossé, qui se recroqueville un peu plus à chaque éclat de voix féminine s'échappant des voitures passant en trombe… Aujourd'hui cette certitude est moins nette. Et en plus j'ai faim. Je m'installe sur un banc pour manger du pain que j'ai acheté hier, et je regarde la fille tourner.
Quel beau couple elle ferait avec l'heureux propriétaire de l'A3 Sport, aucun doute, mais bon, le monde est vaste et d'ailleurs s'installe à côté de moi un monsieur avec un chien au bout d'une chaîne. Il y a là un truc à voir, je le sens tout de suite. le gars attache son chien, sort un vieux sac plastique d'une poche et entreprend de se raser à l'espèce de fontaine qui est là et à laquelle moi aussi j'ai bu, avant le chien. le gars a un tout petit miroir dont il se sert ensuite pour arracher avec une pince à épiler des poils de son nez. Il a une queue de cheval, un gros bide et des nus-pieds en plastique. Je me dis qu'il doit vivre dans une des voitures garées plus loin, en panne d'alternateur depuis longtemps. Je ne perds pas une miette de toute sa toilette, ce genre de scène me captive. Une fois rassasié, une fois le gars bien toiletté, je me lève et reprends ma marche, direction Limoges. J'entends de plus en plus loin le cliquetis du ski nautique.
Je demande mon chemin à une joggeuse en train de s'étirer, elle est toute rouge, je comprends qu'elle a fini sa sortie, elle doit être bien, le cerveau baigné de dopamine. Elle me renseigne en effet très aimablement, encore un peu essoufflée. Elle doit avoir une petite cinquantaine, vu son physique et ses chaussures, ce doit plutôt être une coureuse du dimanche qu'une grande athlète, quelle drôle d'idée surtout de se maquiller avant d'aller courir. Elle a dû mettre un fond de teint spécial sport et du vernis à cils spécial sport aussi.
Merci beaucoup, au revoir. Au bout de cinquante pas dans la direction indiquée, une Polo blanche s'arrête à ma hauteur et Christine – mais je ne sais pas encore qu'elle s'appelle Christine – me propose de me déposer, ce n'est pas loin.
Pour un auto-stoppeur, une voiture qui s'arrête sans que vous ayez à lever le pouce, c'est le grand luxe, cela arrive parfois quand quelqu'un d'attentif vous voit être déposé par un autre et s'arrête, cela peut même être frustrant d'enchaîner ainsi deux voitures à un endroit où vous aimeriez marcher un peu. Là je suis bien content et je m'engouffre dans la Polo.
- Vous courrez souvent ?
- Non, mais cela me vide la tête.
- Pourquoi voulez-vous vous vider la tête ?
Je n'ai que trois minutes avec cette fille, elle me l'a dit, la route de Limoges est tout près. J'ai envie qu'elle me dise un maximummum de choses sur elle pendant ces trois minutes.
- C'est compliqué…
- C'est toujours compliqué, qu'est-ce qui vous arrive ? Vous avez des problèmes de santé ?
Christine me jette un coup d'œil, elle n'a pas de problèmes de santé et peut-être que là, tout de suite, elle réalise qu'elle a de la chance de ne pas en avoir.
- Des problèmes de couple alors ? Qu'est-ce qui vous arrive ?
- Je ne vais pas vous embêter avec ça…
- Cela ne m'embête pas du tout, je suis moi-même en pleine tourmente à ce niveau et j'adore en parler. Vous êtes mariée ?
- Divorcée, et je suis amoureuse d'un homme qui ne quitte pas sa femme.
- Il ne veut pas quitter sa femme pour vous ? Alors il ne vous mérite pas, c'est un ballot.
- Oui mais je l'aime.
J'étais bien parti, je ne sais plus quoi dire… Je me sens arrogant…
Tatjana non plus ne voulait pas se séparer de son mari pour moi, je l'ai quittée, mais je n'étais plus amoureux. Peut-être qu'en fait, sous mes grands airs, je suis beaucoup moins sentimental que Christine qui elle, est une vraie amoureuse.
- Il dit que sa femme ne le rend pas heureux mais qu'il ne peut pas la quitter. Je sais qu'il faut que j'arrête de l'appeler, mais c'est dur. C'est si dur d'être seule.
La tristesse me submerge, j'imagine Christine se maquillant avant d'aller courir, il ne faut pas se laisser aller, mais elle n'a pas du tout envie de sortir, elle voudrait regarder une énième série avec son chat et son ficus. Mais pourtant elle sort, elle se met beaucoup de fond de teint, elle prend sa petite voiture et elle va faire le tour du lac, joliment même, vu sa rougeur. Christine est une battante, elle vaut mieux que ce qu'elle croit, mieux que son ballot d'amant en tout cas, qui subit sa vie et la voit de temps en temps pour passer le temps. La vie est horrible mais Christine est une battante, cela se voit à sa voiture, nickel, pas de papiers partout, le cendrier n'a jamais servi.
- Larguez-le. Larguez-le ! Si vous étiez vraiment seule, pas avec ce monsieur indécis dans un coin de votre tête, vous ne le resteriez pas longtemps, vous êtes très jolie par exemple. Vous savez ce qu'on devrait faire ?
- Non ?
- L'amour. Oui, on devrait faire l'amour ensemble, cela vous changerait les idées. Sans compter cet homme qui ne veut pas quitter sa femme, à quand remonte la dernière fois que vous avez fait l'amour ? Au moins un an, non ?
C'est bien de parler à quelqu'un qui conduit, il vous écoute mais doit faire autre chose en même temps, il n'est pas tenu de répondre tout de suite, il doit faire attention à la route, vérifier ses rétros, il n'a pas le droit de vous regarder longtemps dans les yeux. Je regarde aussi la route. C'est drôle, j'ai extrêmement envie d'aller chez Christine, de prendre une douche, de faire l'amour avec elle, de manger un peu, de dormir, éventuellement de refaire l'amour et de repartir, j'ai extrêmement envie de tout cela mais je ne l'attends pas je crois. Disons que ce ne serait pas grave que cela n'arrive pas. Je pense à Tatjana, on a fait l'amour dans mon petit appart, dans sa voiture, à l'hôtel, jamais chez elle.
- Vous êtes sérieux là ?
- Je suis désolé, oubliez-ça, mais pour moi ce n'était absolument pas un manque de respect vous savez.
Je suis un naze. Christine veut juste parler un peu, elle pense être pour une fois tombée sur un monsieur un peu sensible qui sait écouter et paf je la branche (mot censuré merci de rester poli) au bout d'une minute.
- Ceci dit ajoutai-je, je me demande quel impact aurait sur notre humeur à tous les deux le fait de coucher avec un inconnu comparé à deux heures de confidences qu'on peut de toutes façons faire chacun de notre côté avec notre meilleur ami. Allez ! Faisons-le ! Avouez que ce n'est pas tous les jours qu'on vous propose ça, moi en tout cas, on ne me l'a jamais proposé. Vous, on vous l'a déjà proposé ? Ce serait logique en fait, vous êtes une belle femme.
Là, je mens, je suis horrible en fait, Christine n'est pas une belle femme, enfin, pas une très belle femme, ça c'est sûr, c'est pour cela que je fais mon malin, mon petit coq baroudeur. Si elle savait ! Si elle savait comme parfois je peux être une larve. Si elle me voyait en Kleenex pourri… Sûr, ce n'est pas à l'intrépide naïade de tout à l'heure que je servirais ce numéro. Quoique. En tout cas il n'y a pas six mois, je serais resté cantonné dans mon sempiternel mélange enfant de chœur-gendre idéal, même avec Christine.
- Vous êtes vraiment sérieux ?
- C'est ma première qualité. Je fais Barcelone-Limoges avec quinze euros de budget, je n'ai plus vraiment d'appart, pas vraiment de boulot, plus du tout de femmes et trois adorables petits enfants à nourrir qui m'ont largement dépassé en âge mental, sauf peut-être le dernier qui a trois ans. Bref, pour tout vous dire, je suis le sérieux même.
Christine sourit. Qu'est-ce que c'est génial de voir une femme sourire ! Si ça se trouve, la top-model en slip, elle est ballot comme une perche.
- Allons chez vous, je meurs d'envie de prendre une douche, après on avisera.
- Bon, d'accord… Vous pouvez venir vous doucher chez moi.
Je n'en reviens pas. On va vraiment chez elle ? Et si sous ses airs de vielle fille à dvd, Christine était une dévoreuse d'hommes qui se ramène un monsieur du lac à chaque jogging ? Et si j'allais me faire bouffer tout cru ? Et alors ? Où est le problème ? N'ai-je pas compris grâce à Tatjana que de ce côté-là je n'avais contre toute attente rien à craindre ? Non, la question, c'est : comment puis-je éventuellement séduire une femme au bout de trois minutes, là, il y a un hic, Tatjana, il m'a fallu cinq mois de rendez-vous réguliers (à la base j'étais son prof particulier de français, on se voyait quatre-vingt dix minutes chaque samedi) avant qu'il ne se passe quoi que soit. Oui mais Tatjana m'a plu, énormément, dès le premier jour, ce qui est ultra paralysant pour moi, alors que Christine ne me plaît pas à la folie, donc foncièrement, elle ne me fait pas peur, du coup j'assure plus, c'est ça le truc. Ou alors je suis encore profondément imprégné des puissantes phéromones de Tatjana, j'ai encore sur moi l'incroyable odeur de sa peau, de ses cheveux, de ses lèvres, Christine le sent, elle sent que j'étais il n'y a pas longtemps convoité par une femme plus jeune et plus jolie qu'elle, et faire disparaître ses parfums sous ses parfums à elle peut être une revanche sur ses rivales mieux loties, sur la vie. Oui, tout ceci est encore peut-être un effet de la magie de Tatjana, moi je n'y suis pour rien.
En tout cas on a vraiment l'air d'aller chez elle.
Pendant le court trajet, on ne parle plus du tout de son amoureux mais de Toulouse, du centre de ski nautique, qui s'appelle le téléski nautique de Sesquières.
On arrive chez elle, il fait chaud dans son appartement, c'est très agréable. On débouche sur cette grande photo connue : un pont de lianes et de planches dans un paysage légèrement estompé par le brouillard. C'est une belle photo, aucun doute, mais à chaque fois que je la vois, je me demande à quoi ressemble l'appartement de la photographe (c'est peut-être un photographe d’ailleurs) qui l'a prise, cette femme qui est partie en Chine ou en Inde faire des photos ? Elle doit vivre dans un penthouse à New York ou une ferme fortifiée du Limousin. À quoi ressemble l'appart de cette femme ? Je veux dire, par rapport à celui de quelqu'un qui a acheté un agrandissement de sa photo chez Ikea ?
Je prends une douche, très soignée, toujours sous la douche, je lave mon caleçon et mes chaussettes (sur la route, un point d'eau chaude, c'est sacré) et arrgh, au moment de me sécher, je suis assailli, c'est la deuxième fois de ma vie, par le dilemme de la serviette, non cela ne va pas recommencer ! Si : une serviette propre, bien pliée, a été préparée pour moi et trône en évidence sur la machine à laver, une autre, naturellement, évidemment, est étendue sûre de son aura sur le radiateur éteint. La serviette de Christine.
Et alors ?
Et alors ? Vous prenez laquelle, vous ? Celle qui vous est destinée, tout simplement ? C'est aussi simple que cela ? Vous prenez la propre, vous ne vous en servez qu'une fois et vous la mettez au sale ? Vous êtes comme çà ?! Pas la moindre gêne ? Encore plus aujourd'hui, quand vous avez un peu forcé l'invitation ? Vous ne prenez pas l'autre ? Celle qui a déjà servi, dont vous vous servez une dernière fois avant de la mettre au sale, laissant à votre hôtesse le plaisir, à sa prochaine douche, imminente qui plus est, de déplier une serviette encore toute embaumée de l’odeur de l'assouplissant ? Christine vu son maquillage utilise vraisemblablement de l'assouplissant, et du bien chimique.
La propre vous disiez ? Pas du tout, vous le voyez bien, restons discrets, ne faisons pas de vagues, n'abusons pas des nappes phréatiques et de l'hospitalité des gens qui sont déjà bien sympas de vous laisser puiser dans leur flacon de gel douche parfum cascade lointaine.
Bon, alors l'autre, l'étendue ?
Houla comme vous y allez ! Car cette serviette, toute sèche et de la même couleur que l'autre qu'elle soit, c'est la serviette de Christine, c'est sa serviette. « C'était MA serviette » m'avait dit une fois une amie d'amis chez qui j'avais pris une douche, une seule, dont je savais qu'elle ne serait suivie d'aucune autre, et chez qui, presque sans hésiter, j'avais pris la déjà étendue, croyant bien faire, assez fier d'ailleurs de cette subtile attention : n'ayez crainte blanche princesse, les serviettes de seconde main ne me font pas peur, à moi misérable hère de grand chemin à la couenne couennée par le soleil, laissez-moi l'honneur de vous laisser la propre pour votre prochaine auguste toilette, je me contenterai de la déjà-utilisée.
Flûte, cette connaissance n'avait pas du tout apprécié, je ne savais plus où me mettre, plus du tout, j'ai eu un mal fou à balbutier mon point de vue, mon pitoyable « Je voulais te laisser la propre » devait sortir selon elle de la bouche d'un répugnant fétichiste de la serviette-éponge qui se fait inviter chez des femmes dans le seul but de pouvoir renifler des serviettes déjà utilisées, à la recherche d’effluves intimes avant peut-être de – qui sait ce dont ces amis sont capables – se (mot censuré merci de rester poli) dedans et mettre pour finir direct le tout dans la machine ni vu ni connu. Bon je ne dis pas ne pas avoir en effet peut-être un peu cherché une odeur de shampoing ou d'un savon encore plus exotique que cascade lointaine mais pas plus, une serviette utilisée, globalement, ça sent la serviette mouillée.
Bref, j'ai beaucoup changé j'espère.
Peut-être que je sais aujourd'hui que je vaux une serviette propre, ou au diable les varices comme on dit par chez moi ? Et qui sait après tout si Christine n'a pas les mêmes délicatesses environnementales que moi ? Rien ne l'empêcherait alors d'utiliser ma serviette à ma suite, voire même d'y chercher de troublantes senteurs mâles, de ces vrais mâles qui traversent l'Ouest en stop. Après tout pourquoi pas. Bon, je prends la propre et l'étends ensuite à côté de celle de Christine.
Pfiou, ça-y-est, ça c'est fait.
J'enfile mon short, sans caleçon, ce n'est pas du tout la même sensation. Je referme la porte de la salle de bains sur tout ça et je vais étendre ma petite lessive au balcon du salon.
Christine a préparé deux verres et une carafe d'eau, elle gagne la salle de bains à son tour. La vie est extraordinaire.
Je m'installe, comment va-t-elle ressortir ? Avec une simple serviette nouée sous les bras ? Habillée ? Entièrement nue et vaquera à ses occupations comme si de rien n'était ? Non, Christine ressort, assez vite d'ailleurs, avec un pantalon et un tee-shirt, mais pieds nus et avec une serviette nouée dans les cheveux. J'adore ça, on voit sa nuque, elle a une jolie nuque. Quelle serviette ? Stop, elles étaient identiques de toutes façons. Elle s'assoit en face de moi, elle a l'air triste, mal à l'aise. On boit de l'eau en silence.
Je pourrais lui parler à fond, la faire parler à fond, je décide autre chose.
Je m'approche d'elle, je prends sa main droite, je la lève, je regarde les veines de l'intérieur de son poignet, elle a de très beaux poignets, de jolies mains aussi, mais des ongles très longs. C'est fou, elle n'est pas vraiment jolie mais sa nuque et ses poignets sont parfaits. J'embrasse l'intérieur de son poignet, j'adore cette zone, presque bleue, si j'étais vraiment sensible, je pourrais sentir son pouls sur mes lèvres, mais non, c'est une idée, ou alors il faudrait essayer quand elle est très essoufflée.
Je l'embrasse, je retire son tee-shirt, défait son pantalon, enlève mon tee-shirt et mon short, Christine se laisse faire. C'est inouï, je vais vraiment faire l'amour avec une femme croisée sur la route, que je ne connaissais pas il y a quarante-cinq minutes, que je ne reverrai jamais. Je la caresse, la masse, la bouge, elle bouge aussi, un peu, elle m'embrasse, je la caresse, je prends mon temps, je découvre son corps, je n'ai jamais touché un corps aussi âgé, ses muscles tombent un peu, ses seins tombent, mais sa peau est très fine. J'ai toujours deux préservatifs dans ma trousse de toilette, toujours, une sorte de superstotoon, je ne m'en sers jamais bien sûr, ils sont peut-être périmés, je vais en chercher un. J’embrasse Christine, continue à la caresser, je regarde le pont de liane au-dessus de nous, son canapé qui est très confortable, la fenêtre d'où nous parviennent les bruits de la rue, ça, j'adore.
Je suis en elle, je l'embrasse, je bouge lentement, quelle chance, quel été, quelle année ! Mais il se passe quelque chose, Christine ne bouge plus, elle a l'air triste.
- Tu crois que je profite de toi, c'est ça ? Tu te dis qu'on ne fait pas du tout l'amour, que je profite de toi et qu'ensuite je vais partir, c'est ça ?
Christine ne dit rien, elle a de grands yeux..
- Tu as raison, je profite de toi. Et tu sais quoi ? Toi aussi tu dois profiter de moi. Attends, je vais nous faire du thé.
Je me retire, incroyable de tout cesser à ce moment-là, de se retrouver debout, de fouiller dans des placards étrangers en pleine ér**tion avec un préservatif en place. Le pont de liane derrière moi doit se demander ce que je cherche. Je prends mon temps, Christine est immobile sur le canapé. Je me sens super fort, super malin, super monsieur, presque prétentieux, je n'ai jamais senti ça, comme un éducateur peut-être qu'on envoie devant un groupe d'ados ultra violents et qui se retrouve finalement devant une classe de CE1 complètement baba devant lui. Je prends mon temps, jette le préservatif, reviens avec un plateau, deux tasses et une théière fumante. J'ai trouvé une infusion aux fruits.
- Oui tu dois profiter de moi, c'est comme ça que cela marche la vie parfois, je crois, je l'ai compris très récemment. Le sexe ce n'est pas du tout Ô mon amour qu'est-ce que tu veux que je fasse pour toi ? ou Mon dieu pourvu qu'il ou elle ait l'orgasme du siècle, non, pas du tout, le sexe, c'est se laisser aller à un point tel que tu te contrefous de ce que l'autre va penser, c'est prendre tout ce que tu veux, comme si absolument tout t'était dû, tu dois te trouver tellement beau, belle, tellement cool, tellement irrésistible que tu n'as aucun scrupule, aucune gêne à prendre ce que tu veux, tu dois être persuadée que le moindre de tes gestes est un honneur que tu fais à l'autre, comme une princesse d'Égypte qui même si elle crachait sur un mendiant, ferait honneur à ce mendiant. Bon évidemment, cela doit marcher dans les deux sens, c'est à dire qu'en général tu as du sexe avec quelqu'un dont tu es très amoureux, et donc il y a un ingrédient que nous, nous n'avons pas : la confiance. Tu arrives à profiter de l'autre, à fond, sans limites, car tu sais que l'autre sait qu'il peut lui aussi profiter de toi. Nous, nous n'avons pas ça, mais pourtant moi, là, je crois que je peux y arriver. La confiance a besoin de durée pour s'installer, et tu es obligée de l'installer si tu veux former un couple. Nous c'est différent, on ne veut pas former un couple, on veut faire l'amour, pour se découvrir un peu plus nous-même, enfin, c'est comme ça que je vois les choses. On veut peut-être tous les deux oublier quelqu'un ou se prouver quelque chose, ou se rassurer, ou faire un truc extraordinaire qu'on ne fait jamais. Faire l'amour avec quelqu'un rencontré sur la route est un truc que je n'ai jamais fait, jamais, c'est tout à fait étranger à moi, comme si Bernadette Soubirous se retrouvait vingt-quatre heures dans la peau de Dean Moriarty, de Kerouac, tu connais ? Tu vois le choc culturel ? Bref, oui, je veux profiter de toi pour assouvir ce fantasme, et oui peut-être que toi aussi tu peux profiter de moi. Il ne faut même pas qu'on fasse l'amour par défi, il faut qu'on fasse l'amour par pur plaisir, c'est très difficile.
C'est drôle, je parle comme si j'avais des années et des dizaines de femmes d’expérience, alors que pas du tout, je réalise plein plein de choses depuis peu.
- Tu es très belle Christine, tu as un charme fou et tu as l'air super intéressante, tu dois être fondamentalement persuadée que ton monsieur qui ne quitte pas sa femme pour toi n'a pas assez de goût, ou pas assez de courage, ou les deux. Il ne t'arrive pas à la cheville. Tu dois être sûre que tu vas bientôt rencontrer quelqu'un avec qui cela marchera parfaitement, qui t'aimera telle que tu es, avec tes peurs, tes angoisses, qui fera n'importe quoi pour être avec toi, n'importe quoi. Et cet homme sera magnifiquement heureux avec toi, et toi aussi tu seras très très heureuse.

Flûte mais si c'était à moi que je parle, là ? Tout ce que je lui dis, c'est ce que j'aimerais entendre, non ? Je suis complètement tordu peut-être, aucune empathie finalement, je m’imagine faire des choses pour Christine mais je les fais pour moi ? Je vais la traiter comme j'aimerais qu'on me traite ? En m'acceptant totalement ? En me trouvant parfait comme je suis, avec mes défauts, mes fragilités, mes horreurs, mes outrances de maquillage ?
Bon, pourquoi pas après tout, jouons le jeu maintenant, je ne vais pas planter Christine là, je ne vais pas me planter là. Le vin est tiré, à l'attaque, on verra bien.
Je débarrasse Christine de sa tasse, je la prends par la main et la conduit dans sa chambre, une chambre blanche passe-partout, je me sens super monsieur, c'est fou, je m'attends à trouver ce cadre des trois galets zen à la ballot en équilibre les uns sur les autres mais non. Je défais son lit, la couche, ses oreillers ont presque plus d'odeurs d'elle qu'elle, qui sort de la douche, je lui ferme les yeux et l'embrasse le plus délicatement du monde, sur les lèvres, sur le cou, sur le ventre, je lui dis qu'elle est belle, qu'elle est parfaite, qu'elle est merveilleuse, qu'il faut absolument qu'elle prenne conscience de la chance qu'elle a d'être celle qu'elle est, elle est si belle, si parfaite, si mouillée. J'écarte ses jambes, elle veut les refermer, se cacher avec sa main, je lui dis non, je répète tu es belle, tu es belle, je mets mes mains sur ses genoux et écarte ses jambes, doucement, lentement, complètement, Christine se laisse faire, au maximummum je crois de ses limites anatomiques, c'est extrêmement troublant, je ne l'embrasse pas, je la caresse, elle a fermé les yeux, ses mains sont tombées sur le lit, je pense que j'ai raison, pour s'abandonner, il faut soit un mari en qui on a entièrement confiance soit un inconnu qui va disparaître ensuite, entre les deux, c'est le stress de la séduction. Je l'observe, je la caresse, j'ai tout mon temps, personne ne m'attend nulle part, personne ne sait où je suis, je suis sur la route, je ne suis nulle part, je suis libre, totalement libre, je passe mon second préservatif et entre en elle. Elle gémit. Je crois que c'est là que tout a basculé.
Christine se redresse, me pousse, me prend la tête entre ses mains et me regarde, éperdument, je me demande si je suis son sauveur ou son quatre-heures… Elle se jette sur moi, me dévore le visage, le cou, tout, me tire les cheveux, me griffe le dos, je dois me défendre, c'est génialissime, si je ne fais rien, je vais finir avalé, aspiré, dévoré, alors je mords aussi, je serre, j'aspire, j'ai l'impression que chacun veut intégrer l'autre, c'est extraordinaire, tout est possible, tout est permis, nous n'existons plus, comme s'il fallait se dépêcher de jouir avant la fin du monde, comme s'il nous n'avions plus droit qu'à un orgasme avant l'explosion finale.
- Oui, bourre-moi la chatte !
« Bourre-moi la chatte » ? Du verbe bourrer, remplir à ras-bord, et de chatte, sexe ?
- Bourre-moi la chatte !
Elle a bien dit ça. Oui, je glisse. Je sens que je ne suis plus là, ou qu'elle, elle est trop là, il faudrait peut-être que je sois un peu ivre, ou qu'il fasse nuit, ou qu'on ait parlé un peu plus finalement, ou carrément qu'elle soit avec un autre. Christine bouge comme une furie, elle est sur moi, puis je suis de nouveau au-dessus d'elle, elle gémit, elle crie, elle ferme les yeux, pas de doute, elle en veut pour son argent, elle se cambre sous moi, s'arcboute, se frotte avec rage, elle gémit un autre truc avec « bourrer », un autre même avec « pédé de Daniel », elle se crispe au maximummum, quand elle jouit enfin en me serrant de toutes ses forces, en sueur, en pleurs peut-être, de rage, de plaisir, de vengeance, elle ne sait pas que moi j'ai rempli le préservatif depuis longtemps, trop tôt, trop vite, sans autre émotion que l'angoisse qu'elle ne s'en rende compte.
Je fais bonne mesure, j'embrasse encore un peu son cou et retombe très lourdement à côté d'elle. Elle est immobile sur le dos, elle répète plusieurs fois grblgr! que ça fait du bien, elle est échouée sur son côté de lit. J'arrive à dire grblgr! de diantre, plusieurs fois moi aussi, cela me semble tout-à-fait de circonstance.
Je pense à une route de campagne au petit matin, à un oiseau pas loin, idéalement à un chevreuil aux aguets. Je voudrais être sur la route.

Mon départ a ressemblé à une fuite. « Fuir », marrant ce verbe, les robinets incompétents et les prisonniers fuient. J'imaginais m'arracher la mort dans l'âme d'un lit douillet, repu de plaisir, retenu par les ongles longs de Christine, ou même ne pas partir du tout, ou le lendemain, après un bon dîner et une nuit complète. En fait je rassemble mes affaires comme un voleur, sans faire de bruit pour ne pas réveiller Christine qui a l'air de dormir comme une masse. Mais en repassant devant sa chambre, j'entends, elle n'ouvre même pas les yeux : Claque bien la porte.

Re: Vous, vous feriez quoi ?

par trappiste73 » 14 sept. 2018 15:11

Belle plume : il faufait écrire un bouquin.

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