Les banques centrales représentent-elles un risque pour l'économie et la bourse ?

26 1 2021 - 9 commentaires
ProRealTime

Depuis les crises de 2008 et 2010, les banques centrales se sont imposées comme des pompiers intervenant à coup de milliers de milliards pour soutenir l'économie (et les cours de bourse). Elles ont ainsi pris un poids grandissant dans l’évolution des cours boursiers au point de devenir des figures tutélaires guidant les investisseurs. A tel point que certains vont jusqu’à imaginer que nous sommes dans une phase de croissance infinie, protégés par les banques centrales. Mais ceci n’est qu’une illusion groupale qui peut devenir extrêmement dangereuse.

Les banques centrales à la rescousse ou le mythe du sauveur

Après 10 ans de hausse continue, nous nous sommes habitués à acheter. Les cours montent, les cours montent... Les PermaBears se sont faits totalement exterminés par la puissance de la vague haussière historique soutenue par les QE (quantitative easing) et les taux bas. Les politiques des banques centrales, sans exception, ont été plus qu’accommodantes, des taux quasiment nuls, des liquidités illimitées, les rachats en tout genre pour soutenir les marchés… Merci encore.

De plus, une fausse bonne idée circule : plus jamais les banques centrales ne laisseront un nouveau Lehman Brothers arriver. Le Too Big to Fail est devenu une certitude. Si des entreprises majeures risquent la faillite, l’État et / ou les Banques Centrales interviendront via une nationalisation au pire.

Dans ce climat d’un optimisme béat, rassuré et encadré par les banques centrales, le marché n’a fait que monter via des injections monétaires. Au moindre risque de calage du moteur économique, on injectait des liquidités massivement. Le toujours plus. Mais le toujours plus à des limites, le mur de la réalité.

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Les banques centrales, un risque majeur

La confiance, la confiance dans les banques centrales !

Je considère que nous sommes dans une phase d’infantilisation des marchés financiers, les banques centrales ont fait office du Père protecteur et rassurant pendant une décennie. Nous étions dans une économie dirigée où l’offre et la demande étaient perverties par les achats et injections des banques centrales. Le jeu était truqué.

Mais maintenant, les banques centrales sont à bout de souffle. Approchant les taux zéro, elles n’ont plus beaucoup de marge de manœuvre pour rassurer les investisseurs dopés à l’argent facile. Elles n’ont plus qu’un fusil à un coup. Les banques centrales ne peuvent plus remonter les taux sans que les adolescents gâtés ne réagissent avec violence n’acceptant pas la frustration de la fin de l’Age d’or financier. Elles se sont piégées elles-mêmes.

Et si la confiance disparaît… "on est mal"

Tout repose sur la confiance en bourse. Dans un marché optimiste tout monte, du fleuron technologique à l’entreprise au bord de la faillite. Il y a une irrationnalité collective, une contamination en bourse comme nous l’avons vu dans les années 2000 avec la bulle internet.

Mais cette irrationalité est encore plus grande en phase de baisse. C’est le sauve qui peut, toutes les entreprises sont massacrées. Le véritable danger est que le marché infantilisé attendra comme en mars 2020 que les banques centrales interviennent en cas de baisse. Elles interviendront, elles n’ont plus le choix, elles se sont mises dans cette position de dernier recours oh combien dangereux.

Mais si elles n’arrivent pas à rassurer à ce moment-là, la chute boursière risque de s’amplifier et de créer un effet de vraie panique. Papa n’est plus là pour rattraper et soutenir les marchés, les adolescents vont s’affoler et nous aurons un effet boule de neige incontrôlable. Et avec l’inflation qu’il y a sur les marchés financiers jusqu’où tomberons-nous ?

Où est l'inflation ? Sur le marché

Car chose étrange, malgré l’argent gratuit, nous n’avons pas connu d’inflation. Des économistes s’interrogent, même les Keynésiens, mais où est l’inflation ? Nous l’avons probablement sous les yeux : les marchés financiers ont absorbé l’inflation monétaire. Ainsi, nous avons une bulle mais contrairement à 2000, elle n’est pas concentrée sur un secteur précis. La bulle est sur l’ensemble des actions, des technologiques aux pharmaceutiques en passant par le luxe etc. Tous les secteurs ont profité de cette décennie de largesses inédites. Une Méga bulle est-elle sous nos yeux ? La Mère des Bulles ?

Nous risquons de payer au prix fort cette illusion de la croissance infinie des marchés financiers. Une illusion qui est portée et protégée par les banques centrales. Elles naviguent au milieu des récifs sans aucune marge de manœuvre. Elles doivent coûtent que coûtent entretenir l’illusion de la bulle infinie et de leur toute puissance. Si cette illusion se fissure… Nous allons vivre des réservations baissières en cascade et la décennie de hausse pourrait être anéantie en quelques semaines ou mois… Le temps de l’insouciance de l’adolescence est bientôt fini, le temps de la raison et de la maturité va survenir. Combien pourront passer ce cap et s’adapter ?

Auteur de l'article :

Benoist Rousseau est diplômé de l'université Paris-Sorbonne en histoire économique contemporaine et de la Certification Professionnelle des Acteurs des Marchés Financiers de l'AMF. Il a été professeur d'histoire pendant 12 ans avant de devenir trader en compte propre. Ancien Conseiller en Investissements Financiers, il est aussi écrivain. Son ouvrage "Devenez Trader Pro" est numéro 1 des ventes dans la catégorie bourse depuis de nombreux mois. Intervenant régulier sur TV Finance et divers médias, il est suivi par plus de 150.000 personnes sur les réseaux sociaux.

9 Commentaires pour Les banques centrales représentent-elles un risque pour l'économie et la bourse ?

  1. Rbx-2020 dit :

    Bien vue bien écrit.

    Oui tout à fait, l'illusion que donne les banques centrales n'est qu'illusion. Et quand l'illusion dont raffole la foule disparaitra ca va faire mal.

    La question qui suit est comment s'y préparer? Qui pourra éviter cette crise. Si le systeme monaitaire actuel s'écroule aussi, que voudra dire posséder de l'argent? ...

  2. Christelle PUYRAUD dit :

    Merci Benoist pour cet article très intéressant !

  3. Haversin dit :

    @RBX-2020:
    "Si le système monétaire actuel s'écroule aussi...", peut-être alors est-il temps (si ce n'est déjà fait) de prendre des positions sur l'or (physique de préférence) et les cryptos-monnaies majeures... Car oui il faut être prêt pour le reset.

  4. Benoist Rousseau dit :

    Cela fait 50.000 ans que l'Homme part du grand reset. Cela fait partie de son inconscient, l'apocalypse etc. 50.000 ans qu'ils se préparent. C'est une façon pour lui de gérer ses angoisses. Je ne parierai pas sur ce fantasme collectif

  5. max38250 dit :

    Très bon article, bien écrit, bravo.

  6. Michael Champagne dit :

    Très bel article qui démontre, avec arguments, que les décisions prises ne sont pas saines et auront des conséquences sur notre avenir tant social que économique.
    Le fameux reset, c'est de l'imaginaire. Les gens pensent que ça serait une bénédiction ...........guerre totale, insurrection, guerre civile, etc, je ne vois pas ou on serait gagnant dans l'histoire.
    En tout cas, merci pour l'article.

  7. Benoist Rousseau dit :

    Noous avons la même vision sur le grand reset (et la stupidité d'y croire depuis... 50.000 ans)

  8. ROZIER dit :

    (Version remastérisée / corrigée)

    Bonjour,

    Benoist Rousseau est très intéressant (comme toujours, c'est le moins que l'on puisse dire) mais pour une fois je suis en totale contradiction avec la vision proposée.

    Un krach va-t-il se produire ? ... oui, mais à la hausse (car celui-ci n'a pas encore commencé contrairement aux idées reçues).

    Je m'explique ... comme l'a précisé Benoist, le mouvement acheteur de la décennie écoulée a été alimenté par les banques centrales (au passage, la volatilité a été fortement réduite, ce qui fait partie des grands changements à venir selon moi ... je crains moins un krach baissier qu'une explosion de la volatilité comme on le constate déjà sur le BTC et/ou avec nos amis de chez Reddit).

    Mais dans un monde de Taux 0%, pourquoi vendre vos actions ? ... pour acheter davantage d'obligataire sans rendement (et stéroïdé comme jamais) ?

    Si on pense en terme d'analyses économiques, on imagine aisément un krach baissier ... mais c'est mal comprendre la situation d'après moi. Je mise plutôt sur un mouvement final et généralisé d'achats compulsifs car en réalité, il n'y a aucune autre porte de sortie hormis le DJ, le BTC, les blue chips, etc ... la fuite en avant ne fait que se mettre en place.

    Alors quand cela s'arrêtera-t-il ? ... Quand les taux d'intérêts remonteront parce qu les banques centrales jetteront l'éponge ... et ce n'est pas pour tout de suite ! Mais comme le dit Benoist, lorsque la confiance du public va s'envoler elle aussi, alors à ce moment précis, une hausse des taux est fortement envisageable et la faillite des états qui s'en suivra fera bien plus peur aux investisseurs que la baisse potentielle du marché action.

    D'où ma vision selon laquelle les indices vont progresser pour 10 ans encore (mais pas poussés par la technologie cette fois ... mais par la peur et par la volonté de préférer détenir un actif réel (même s'il est surévalué) plutôt que d'avoir de l'épargne bancaire dont la garantie apparaitra comme éphémère.

    Il ne nous manque que les matières premières (dont il est honteux qu'elles soient côtées) qui lorsqu'elles vont rejoindre la danse vont supposer des conséquences sociales totalement ingérables.

    Ainsi, si un krach doit avoir lieu, ce sera uniquement sur l'obligataire; Tant que ce n'est pas le cas, cela signifie que les banques centrales injectent et donc que le marché (dans sa globalité) va poursuivre son envol (désormais alimenté par les particuliers qui débarquent en masse depuis le covid et le confinement).

    On va noyer la dette dans l'inflation à travers l'explosion de la valeur des actifs financiarisés (au lieu de la baisse traditionnelle de la valeur de la monnaie directement dans l'économie réelle).

    En résumé, votre baguette de pain augmente peu (davantage par la suite) mais l'immobilier, les actions (et les actifs cotés de manière générale) deviennent inacessibles. Il ne vous reste que votre assurance vie à 0% et la morosité économique ambiante vous assurant d'être définitivement coincé dans une situation de "stagnopauvreté" pendant que les copains s'enrichissent (sans rien faire) du simple fait de détenir des actifs cotés.

    Un bon placement d'avenir donc ? ... misez tout sur la société qui fabrique le "gilet jaune". Il va s'en vendre 30 millions d'ici peu (phénomène propre à tout l'occident selon moi).

    1929 = krach de l'économie privé
    2021 = krach de la sphère publique.

    Les individus croient dans Tesla ... ils ne croient plus dans leurs dirigeants et leurs systèmes politiques respectifs.

    Il n'y aura donc pas de krach comme en 1929 mais plutôt une envolée des actifs afin de se prémunir du "krach de confiance" dans l'état.

    Le krach equity aura lieu en occident lorsque la finance mondiale se sera définitivement déplacée à Shanghaï ... ce jour-là, inutile de conserver vos aprts dans le DJ 🙂

    (2030 / 2032 selo moi)

  9. Benoist Rousseau dit :

    merci pour ton commentaire de qualité

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