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Hier soir, sur France 2, le film « Everest » racontait une histoire vraie de 1996 très similaire au drame décrit dans cette file. Tiré d’un livre écrit par un journaliste protagoniste des faits (et par ailleurs déjà auteur de « Into the Wild ») , il est bien documenté, bien réalisé, bien joué, il aborde plusieurs facettes du sujet, la concurrence entre les guides, la rivalité entre les expéditions, la marchandisation de la montagne, la trop grande fréquentation du site, la pollution, la présence effacée mais nécessaire des sherpas, les motivations diverses, etc...
Mais ce qui m’a le plus questionné, et l’on peut faire un parallèle avec le trading, c’est
le basculement, le moment où l’on prends la décision d’aller vers un échec annoncé.
Il y a plein de raisons : la vanité, la cupidité, l’addiction, l’excitation, le besoin d’adrénaline...
Or, on est un pro aguerri, on a de l’expérience, on a longuement étudié le problème, on sait qu’il ne faut pas y aller, on sait qu’il faut renoncer, on l’a dit soi-même avant le départ. Mais l’objectif est là, tout près, à portée de main, on le veut tellement, on se dit que l’occasion ne se représentera peut être pas. Alors qu’en fait, l’occasion est déjà passée.
Et, dans un élan irrationnel de distorsion de la réalité, on balaie toutes les alertes envoyées par notre cerveau, on se dit que, pour cette fois-ci, les forces cosmiques seront clémentes, que la logique universelle regardera ailleurs, et on y va quand même...
Et là, c’est perdu d’avance.
Pour les grimpeurs de haute altitude, les conséquences sont terribles, bien souvent définitives et ils n’en reviennent pas, restant figés pour l’éternité dans ce cimetière à ciel ouvert.. Pour nous, simples traders, c'est beaucoup moins dramatique : on perd juste une partie de son capital et un peu d’estime de soi. On rentre alors dans une période de sevrage, on laisse tout cela se décanter puis on repart avec plein de bonnes résolutions... pour tout recommencer un peu plus tard.
Ce n’est pas une pulsion de mort, on ne veut pas échouer, on ne veut pas se détruire, au contraire : on veut réussir envers et contre tout, et on rentre dans un mode espoir que l’on sait pourtant perdu d’avance...
C’est face à soi-même que l’on échoue.
C’est fascinant.