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Draghi et les milieux d'affaires allemands

par bzumell1 » 24 sept. 2014 21:11

Les milieux d'affaires allemands déchaînés contre Mario Draghi

Olivier Passet, Xerfi | 24/09/2014, 7:00

Le nouveau tournant de la politique monétaire, impulsé par Mario Draghi en juin et amplifié en septembre a entraîné une levée de bouclier dans les milieux d'affaires allemands. Une hostilité qui en dit long sur la divergence d'intérêt en Europe et sur le divorce intellectuel des élites à l'intérieur de l'espace européen.

Le décryptage de la presse allemande révèle à quel point le chemin vers une coordination européenne est long.

L'argumentaire critique d'une partie de l'élite d'affaire allemande repose sur quelques arguments forts livrés ici en cascade, au risque de forcer le trait :

Il y a d'abord le procès d'intention traditionnel qui oppose la rigueur des germains au dilettantisme latin. De manière attendue, une partie des milieux d'affaire, ne voient dans la nouvelle agressivité monétaire de la BCE qu'un cache misère de l'incapacité des pays à se réformer. Le cœur de la critique est bien là. Les Etats européens en difficulté, notamment la France et l'Italie chercheraient leur échappatoire dans la facilité monétaire. Ces pays disent qu'ils ne peuvent pas, les allemands les soupçonnent surtout de ne pas vouloir. Toujours sur le même registre, Il y a de manière attendue toute une série de prises de position qui pointent l'aléa moral que génère le rachat de dettes titrisées par la BCE et les risques de détérioration du bilan de la BCE que ce soutien aux mauvais investisseurs implique. Ces arguments peuvent être discutés, mais derrière leur habillage technique, l'affect et les réflexes culturels ne sont jamais loin.

Il y a ensuite les arguments qui révèlent le conflit d'intérêt d'objectif entre les économies européennes ; l'Allemagne ne tire indéniablement pas les mêmes avantages que d'autres économies du quantitative easing de la BCE :

- Dans une économie vieillissante qui se bâtit sur la rente, le maintien des taux d'intérêt à zéro dans la durée à impact négatif pour les épargnants, et notamment pour les retraités. Peu étonnant donc de trouver des représentants des caisses d'épargne et des compagnies d'assurance dans le concert des critiques.
- Idem concernant l'intérêt des industriels allemands à voir l'euro se déprécier. Avec des exportations à forte valeur ajoutée, peu sensibles aux prix et des importations de biens intermédiaires ou de biens de consommation dont le faible coût constituent un levier de compétotovité et de pouvoir d'achat dans les circuits discount, la baisse de l'euro n'est pas vécue comme une aubaine.

Il y a enfin les arguments de nature plus économiques. Ce sont les plus intéressants car finalement les plus difficiles à récuser :

- Parmi ces arguments, lorsque l'on parcourt la presse allemande, le danger de ne plus avoir de mécanisme de sélection de l'investissement, puisque l'argent est gratuit. De privilégier par exemple l'immobilier et de délaisser les investissements productifs à plus haut risque.
- Le pronostic ensuite, que l'assouplissement monétaire fera tourner la roue financière (hausse des cours et des prix immobilier) et n'aura que peu d'impact sur l'économie réelle. Et c'est effectivement l'un des risques objectif de ce type de politique.

Dans ce registre, il faut surtout noter la prise de prise de position de plusieurs économistes allemands dans le Handelsblatt du 5 septembre qui paraît particulièrement édifiante : Selon eux, la BCE et les pays européens doivent accepter que la croissance et l'inflation soient naturellement faibles après l'éclatement d'une bulle de crédit, autrement dit la faible croissance est une fatalité à laquelle doivent se résoudre les pays européens, au lieu d'en tirer argument pour différer leur ajustement.

L'argument est moins anodin qu'il n'y paraît, car effectivement l'économie allemande s'est mise en situation d'absorber un ajustement violent de son environnement immédiat. Proche du plein emploi, avec des salaires tournant au ralenti, un équilibre budgétaire qui stabilise sa dette en % du PIB, un excédent commercial qui se bâtit hors Europe, l'Allemagne est parée en cas de crise grave en France ou en Italie. Ce qui serait une crise majeure de notre côté, serait probablement récession standard outre Rhin. Alors attention, car ce scénario fait peut-être moins peur aux Allemands qu'on ne le croit de ce côté-ci du Rhin. La négociation du budget français auprès des instances européennes n'en sera que plus difficile.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140924trib5f366b114/les-milieux-d-affaires-allemands-dechaines-contre-mario-draghi.html

Re: Draghi et les milieux d'affaires allemands

par Benoist Rousseau » 25 sept. 2014 03:10

Je partage l'idée des économistes allemands sur la faible croissance... Nous sommes revenus au modèle normal de croissance économique. Les années 60 70 sont un incident de l'histoire économique.

Re: Draghi et les milieux d'affaires allemands

par sobear » 25 sept. 2014 12:30

mode pessimiste "on"
Les allemands ne paraissent pas se rendent compte que sur le secteur où ils sont forts il y aura un jour ou l'autre une concurrence qui les dépassera en tous les cas de nombreux pays y travaillent actuellement. Il faut comprendre que toute activité est cyclique et que leur cycle aura une fin.
S'ils s'imaginent que tous les pays de l'union européenne doivent se mettre au diapason sur leur politique économique et industrielle, ils se trompent, c'est impossible.
La BCE agit comme si elle estimait que l'Europe est une moyenne de tous les pays qui la compose et pas que l'Allemagne; cela provoque des critiques en Allemagne parce qu'elle en fait trop sur le laxisme monétaire et des critiques dans les pays du sud essentiellement parce qu'elle n'en fait pas assez pour leur sortir le tête de l'eau.
L'euro est une construction factice conçue à l'origine pour obliger au renforcement de l'union jusqu'au fédéralisme comme objectif ultime (perso j'y ai cru avec enthousiasme) mais maintenant personne ne veut aller plus loin d'autant que les écarts économiques sont importants et continuent de se creuser.
Alors on fait quoi ? On bouge pas et on essaie de maintenir le statut quo sans jamais parler de supprimer l'euro, le sujet est tabou d'autant qu'il est la clé de voute de l'édifice européen.
Imaginer une rupture de l'Europe est, à mon avis, impossible car nous sommes déjà allés loin et il y a maintenant toute une administration Européenne comprenant ses fonctionnaires, ses représentants au parlement et tous ceux qui vivent grâce à l'Europe qui feront tout pour que l'on ne casse pas le jouet.
La solution ? trop tard, elle est maintenant impossible mais il aurait fallu organiser un transfert volontaire et important des richesses des pays les plus riches vers ceux qui sont en retard tout en pratiquant les réformes nécessaires pour, au bout du compte, arriver à harmoniser les économies. Cet échec est celui des politiques de toutes les époques qui ont préféré ne rien voir et laisser la situation se dégrader lentement, c'était tellement plus facile à gérer! Soyons honnête, la France a largement sa part de responsabilité dans cet échec.
Comment ça va finir ? personnellement je ne vois pas d'autre issue que la rupture car il arrivera bien un moment où les écarts seront si importants que le système ne sera visiblement plus viable et personne n'aura intérêt ou plutôt n'aura les moyens de maintenir le statut quo.
mode pessimiste "off"

Re: Draghi et les milieux d'affaires allemands

par GOLDS » 25 sept. 2014 22:51

Benoist Rousseau a écrit :Je partage l'idée des économistes allemands sur la faible croissance... Nous sommes revenus au modèle normal de croissance économique. Les années 60 70 sont un incident de l'histoire économique.
Bien je pense que comme toute periode d'après guerre.....quand on a touché le fond, que tout est détruit, à reconstruire on ne peut que remonter.
Donc à moins qu'on ait une guerre on est pas "pret de remonter la pente" :?

Re: Draghi et les milieux d'affaires allemands

par Rogue » 26 sept. 2014 09:04

Benoist Rousseau a écrit :Je partage l'idée des économistes allemands sur la faible croissance... Nous sommes revenus au modèle normal de croissance économique. Les années 60 70 sont un incident de l'histoire économique.
Je suis 100% d'accord, d'ailleurs j'en ai aussi parlé sur une autre file (Tulipe en avait parlé aussi) : les années après seconde guerre mondiale sont un accident économique dans le sens où il fallait reconstruire le monde (pas seulement l'Europe mais aussi l'Asie).

Sinon, pourquoi vouloir absolument une croissance mondiale ? On devrait quand même se faire à l'idée que le reste du monde ne peut pas arriver à un niveau de consommation "occidental" parce que les richesses de la Terre ne suffiront pas à nourrir toute une planète sur ce mode.

Il va falloir se faire à l'idée qu'il s'agit de trouver un juste milieu de progrès socio-économique sans croissance, voire avec de la décroissance pour laisser la "place aux autres". Cela nécessite d'échanger une partie de notre confort de vie apparent avec une qualité de vie suffisante. En gros de penser aux autres plutôt qu'à nous. Compassion et altruisme, c'est pas encore gagné. ;)

Re: Draghi et les milieux d'affaires allemands

par thugg » 28 sept. 2014 19:00

@Rogue : des paroles pleines de sagesse . Puisses-tu être entendu :prier:

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