J'y vais de mes deux centimes d'euro...
clodreb a écrit :Suite à de nombreuses remises en question lors de pertes et de moments d'euphorie lors de gains, la question qui me taraude est de savoir à partir de quel moment peut-on considérer qu'on est "bon" (ou du moins pas trop mauvais) dans le trading ou inversement, à partir de quel moment doit-on se rendre à l'évidence qu'on est trop mauvais et qu'il vaut mieux tout arrêter ?
La réponse est dans la question : tant que les gains procureront de l'euphorie et que les pertes amèneront à penser qu'on est le plus mauvais du monde alors... il restera encore beaucoup, beaucoup de travail.
Le déclic chez moi est arrivé quand j'ai réussi à faire en sorte qu'une perte ne m'affecte pas et qu'un gain ne devienne qu'une ligne positive parmi tant d'autres. La perte sur une position ne remet pas en cause mon travail, un gain ne me procure pas plus de joie qu'un verre d'eau bien fraîche.
Je ne serais pas aussi catégorique en disant qu'il faut qu'un tel arrête ou qu'un tel autre n'est pas fait pour trader ; le trading véhicule tout un tas de clichés, c'est un métier plein de romantisme, chevaleresque presque... on a l'impression qu'en étant un excellent trader, on est un héro des temps modernes, James Bond ou tout autre personnage de fiction. Mais ce n'est pas ça et tant qu'on reste sur ces préjugés on idéalise un métier en se disant : si je deviens un bon trader alors je deviens une personne à part.
Faire une PV avec une position doit apporter autant d'émotion que de faire une ligne de code sans erreur, rendre une présentation Powerpoint à l'heure ou de nettoyer tous les vitraux d'une cathédrale. Bref, trader c'est juste travailler en amont, avoir un plan clair et l'esprit alerte pour respecter ce plan.
Il s'agit alors de respecter ce qu'on a écrit dans sa stratégie : couper au bon moment, prendre sa perte telle qu'on se l'est fixée, prendre son gain pas plus que ce qu'on avait prévu etc. Quand on en arrive au stade où on respecte son plan, où on suit aveuglément sa méthodologie alors là on a compris qu'on pourrait aller plus loin. Et qu'on peut envisager de vivre de ce métier.
Tant qu'on n'a pas la discipline décrite ci-dessus alors il faut continuer à travailler : travailler sur soi, travailler sa psychologie, comprendre pourquoi on ne fait pas ce qu'on a écrit etc.
Vous avez bien lu que je n'ai jamais dit "alors il faut que j'arrête". Tant que la discipline n'est pas là il faut continuer à travailler pour l'acquérir. C'est seulement si on n'a plus le courage de se remettre en question qu'on doit s'arrêter.
Je continue de penser que trader est à la portée de tout le monde, pourvu qu'on s'en donne les moyens, les moyens de son ambition. Ce ne sera pas facile, on va souvent douter, mais on avancera.
Et une fois atteinte la vitesse de croisière, il faut continuer de travailler la méthode , la technique (faire ses gammes) pour être toujours au top ; comme un pianiste continue de faire du piano entre deux concerts. Et dans le trading on se confronte constamment à des situations de marché changeantes : le trading de la semaine dernière n'est pas celui de cette semaine, et ne sera pas celui de la semaine prochaine... bref, il faut rester alerte et en pression face aux événements. C'est pour cela que c'est un métier difficile, car il fatigue nerveusement. Mais à la fin de la journée, quand on a respecté son plan, on peut souffler et se sentir satisfait de soi.
Quant au temps que ça met, on va dire que cela est variable ; je connais quelques personnes qui essaient de trader depuis 10 ans sans succès, un jour peut-être elles y arriveront, ou pas. Moi il y a 20 ans je voulais être trader (broker en commodities en fait) mais ça ne s'est pas fait. Il y a 3 ans je me suis dit "pourquoi pas" mais quand je l'ai fait j'ai mis en marche une sacré machine... j'ai pris modèle sur les pilotes de formule 1 : sport (dans la limite de ce que je peux faire), coaching mental (sophrologue une fois par semaine, méditation une fois par jour), coaching technique (le meilleur ou parmi les meilleurs traders) et trading tous les jours pour me confronter à toutes les situations de marché et avoir les automatismes nécessaires. Et avec un leitmotiv : j'ai tout plaqué pour le faire, je n'ai pas d'autres revenus donc je n'ai pas le choix que de réussir. Et dans ce cas, c'est incroyable la faculté qu'à le cerveau humain à trouver les ressources pour avancer.
Depuis deux ans, j'ai des revenus du trading (je n'ai jamais été vraiment perdant) et depuis un an je vis grâce au trading. Mais j'ai la certitude que je ne ferais pas de bêtises, mon esprit à trop pris goût à voir ce qu'il est capable de faire pour changer d'attitude ; je n'ai pas de pulsions autodestructrices donc pas de raison de fusiller deux/trois ans de travail quotidien. Et une famille, une femme et deux enfants et plein de projets... mais je continue de bosser, demain par exemple j'ai une après-midi complète sur les options avec deux traders. La dernière fois que j'ai dit ça sur le forum quelqu'un m'a dit "mais tu n'en as plus besoin puisque tu sais tout" et moi je réponds que ce n'est pas parce qu'on pense tout savoir qu'on sait tout. On en apprend toujours et tous les jours. Il ne faut pas baisser la garde et je continue d'avoir mes objectifs de rentabilité hebdo et mensuels, et je les tiens. Et c'est ça la satisfaction.
J'espère ne pas avoir dévié du sujet, j'espère que cela vous a apporté quelque chose de me lire, je pense avoir répondu à ta question clodreb.
PS : attention, je ne suis pas un être sans aucune émotion... les trades de ce matin et cet après-midi m'ont apporté de la satisfaction (plus que de la joie) mais pas une forte émotion, quelque chose de très diffus. Juste content de moi.
