La reine des fourmis, une mère très productive
Plus grosse que toutes les autres, la reine des fourmis, que l’on appelle en langage scientifique la gyne, tient un rôle essentiel chez les fourmis, même si on est loin de la monarque absolue.
Maxime Terracol Publié le 04/12/2021 à 8h52
Bienvenue au royaume des fourmis. Un monde souterrain (la plupart du temps) fait de chambres et de galeries connectées entre elles où grouillent en permanence des ouvrières, des nourrices, des gardiennes, parfois au nombre de 15 000, … et une reine. Mais qui est vraiment cette femelle à part, unique, qui « trône » sur la colonie ? Comment la reconnaître ? Et surtout que fait-elle de particulier par rapport à « ses sujets » ? On a creusé et on a trouvé.
Comment reconnaître la reine des fourmis ?
Pour commencer, la reine des fourmis se distingue par sa taille. Dans une fourmilière, c’est simple, elle peut dépasser d’une à deux têtes ses colocataires.
Chez la fourmi noire de jardin, l’espèce la plus courante en France, la reine mesure par exemple 8 à 9 mm quand une ouvrière atteint difficilement les 4 ou 5 mm. Du bout de ses mendibules à l’extrémité de son abdomen, tout est plus gros aussi chez la reine : les antennes, la tête, le thorax et ses six pattes d’insecte.
À part sa carrure XXL, la seule particularité physique qui la distingue ce sont ses ailes, au tout début de sa vie. Une paire d’ailes qui vont énormément servir à la jeune princesse, pour devenir mère puis reine.
Un vol nuptial qui change tout
Chaque année, c’est le même rituel. Lors des longues et chaudes soirées d’été, les princesses d’une fourmilière s’envolent à la recherche de l’amour. On appelle ça l’essaimage. Une sortie très périlleuse mais il en va de la survie de l’espèce, affirment les myrmécologues, ces spécialistes des fourmis.
Concrètement, la jeune fourmi femelle doit trouver son ou ses princes venu des fourmilières alentours en évitant une série de prédateurs sur son passage : oiseaux, mais aussi lézards, araignées et surtout fourmis voisines. Quand elle réussit, l’accouplement peut avoir lieu dans les airs ou au sol. Lors de ses rencontres, la gyne est d’ailleurs souvent fécondée par plusieurs mâles, qui à bout d’efforts, finissent par mourir. Mais rassurez-vous, la suite est beaucoup moins tragique.
La désormais reine peut désormais se mettre en quête d’un nid. Pour cela, elle brise ses ailes pour être plus agile puis elle cherche la meilleure fissure dans la terre pour s’y glisser et se cacher à quelques centimètres en profondeur. La ponte va pouvoir débuter.
Quel est le rôle de la reine des fourmis ?
Les premiers jours sont intensifs. Vulnérable car toujours seule, la reine veut se constituer une armée autour d’elle pour se protéger. Au départ, elle pond donc en quantité : jusqu’à 100 oeufs par jours ! Quelques-uns seulement éclosent et deviennent des larves. La reine puise alors dans ses réserves pour nourrir sa future descendance. Naissent alors des ouvrières, toujours stériles, qui auront chacune leur rôle : s’occuper du soin des larves, agrandir le nid, chercher de la nourriture…
Pendant ce temps, la reine ne donne pas d’ordre, elle ne régit pas cette société contrairement à ce que l’on pense, elle pond encore et toujours, à raison de trente oeufs par jour en moyenne. C’est son seul et unique rôle. Elle ne fera que ça jusqu’à sa mort… dans 25 ou 30 ans !
Comment devenir reine des fourmis ?
Reste un mystère à éclaircir : comment un oeuf se retrouve être celui d’une princesse (donc d’une future reine), d’une ouvrière (femelle mais à l’espérance de vie de quelques mois à une année) ou d’un prince, vous demandez-vous peut-être ? Il y a deux explications à ça. La première est disons morphologique.
Les reines peuvent en effet décider de pondre soit des mâles soit des femelles grâce à leur système reproductif. Ça paraît fou mais elles ont le choix. Après, tout reposerait sur la nourriture des larves. Généralement, une larve bien alimentée développera en elle une hormone proche de l’insuline qui régulerait les gènes. La clé pour devenir reine ! En tout cas, les fourmis n’ont pas fini de nous surprendre.
Chaque année ou presque de nouvelles études scientifiques démontrent l’extrême intelligence des fourmis, ces insectes sociaux, pas comme les autres.
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