J'aime beaucoup ce poème de Kipling, un jour sur internet, je suis tombée sur sa version "féminine", je l'ai déjà postée sur le forum mais pour le plaisir, je la remets :
Si tu peux voir mourir une grande histoire d’amour
Sans refermer ton cœur pour qu’il aime à nouveau,
Ou te savoir trahie sans trahir à ton tour,
T’en aller pour voler plus haut ;
Si tu peux tout donner sans te perdre pourtant,
Si tu peux être douce sans jamais te soumettre,
Apprécier, célébrer, admirer ton amant
Sans jamais faire de lui ton maître ;
Si tu peux ignorer les langues de vipères,
Les jalouses, les méchantes occupées à médire,
Et entendre derrière leurs discours de mégères
Une misère à n’en plus finir ;
Si tu peux être belle sans jamais être fière,
Faire de ta vérité l’essence de ta beauté,
Si tu peux préserver un peu de ton mystère,
Ne pas tout dire ni tout livrer ;
Si tu sais accueillir et ouvrir ta maison,
Sans jamais t’entourer de quelque vaine cour,
Aimer à la folie pour trouver la raison,
Parler sans n’être que discours ;
Si tu peux être pure sans jamais être sage,
Si tu peux être forte sans refermer ton cœur,
Si tu sais être tendre, si tu sais être orage
Sans jamais faire reines tes humeurs ;
Si tu peux affronter le temps sans faire naufrage,
Sans te sentir déchue ni même destituée,
Si tu trouves ton chant au plein cœur de chaque âge,
Quand les autres s’abîment à le nier ;
Alors, Reines et Déesses, Vénus et Madones
Te feront révérence et seront ta famille,
Et tu te trouveras dans l’amour que tu donnes,
Tu seras une femme, ma fille.
Marsaudon - 1963