Une mise à jour du journal après 1 an dans les tiroirs. Encore un bon gros pavé

. J'ai atteint cette semaine un jalon clé. Pas celui des 100k€ de capital, ni le 1k€ / jour, non, j'ai cramé le compte. La veille de la fête des morts, le 31/10 au soir, j'ai pris ma dernière perte. Depuis le solde est insuffisant pour ouvrir une position DJ à la plus petite taille de lot possible (sauf erreur : 0.2).
C'était pas un compte énorme : quelques k€, et j'ai tenu 2 ans. Mais voilà j'y suis arrivé, avec une bonne régularité, une belle courbe de scalper à la Benoist, mais dans l'autre sens

. Bon, c'est quand même dur à encaisser. Je donne tout ce que je peux, plus que j'ai jamais donné dans un aucun projet / boulot, tout ça pour prendre des claques et perdre de l'argent.
Mais pour autant je lâche rien. Je reste déterminé comme jamais. C'est ma voie, c'est ce que je veux faire. Je donne tout et ça ne suffit pas, pas grave, demain je donnerais plus. Je sais ce qui cloche, je vais pas me cacher. C'est moi. J'ai pigé les repères, la base, les seuils clé, les pivots, les rebonds tout ça. J'ai appris à libérer la capacité d'exécution, je sais reconnaitre une belle opportunité. Je sais taper une journée d'objectif, je sais enchainer les gains. Mais voilà ce que je sais pas faire c'est construire dans la régularité. Tôt ou tard je me relâche, je perd le focus que ce soit dans l'emballement, dans le stress, ou dans la mise à l'épreuve de la vie par ailleurs, je descend dans l'arène pas bien centré. Les dernières récentes couches de ma psychologie s'effacent et des vieux comportement reprennent le dessus, je fais des erreurs pourtant bien identifiées, qui elles même appellent des réactions émotionnelles. Un trade approximatif dont je sors bien, un 2° ou je me met un peu en danger, un 3° qui passe bien, et le 4° ou je fais une mauvaise entrée, je prend une bonne perte. Je regrette tout le retard que ça me fait prendre, je cherche à rattraper, je m'éloigne de mes repères, ainsi de suite. une fois l'équity blessée, je rentre en mode auto destructeur et etc.
Bref, des schémas humains, tout ce qui a de plus classique. C'est là toute la difficulté du trading, c'est qu'il ne suffit pas d'être présent un jour, de tout déchirer pour telle compétition, ou telle soutenance, telle présentation en comité de direction. Faut enchainer jour après jour, avec la constance d'un métronome. Et ça je sais pas encore faire. Après je pense qu'au fond c'est normal. On me prend pour un fou dans mon entourage, pour un bon 95% des relations. Et dès fois je me dis qu'ils ont peut être pas tord. Mais d'un autre côté, ils ne voient pas l'envers du décor. Que c'est un métier qui pour réussir, demande à se changer en profondeur. D'apprendre à se connaitre parfaitement. Pas de changer, mais de comprendre ses biais, de les voir venir et de laisser passer comme on regarde les nuages en se préservant, en maintenant la culture du geste parfait. Réussir demande tout simplement d'entrer dans la transcendance de soi et de s'y maintenir sur le long terme. Donc forcément ça peut être plus ou moins long suivant les individus. Donc je me dis que c'est sain d'accepter ses echecs et d'accepter de se donner du temps. Et qu'une part de l'incompréhension de l'entourage vient entre autres du fait que c'est un schéma de vie qui entre en totale dissonance avec les valeurs de l'époque, dans l'entertainement et l'instantanéité de ce qu'on entreprend.
Donc voilà, au lendemain de cette baffe un peu plus grosse que les autres, je me dit que je suis motivé comme jamais. Je suis déterminé à aller jusqu'au bout et tout donner. C'est un peu comme se lancer dans une grande marche, genre traverser les Alpes à pied sur plusieurs semaines. C'est juste impossible au premier abord. Et pourtant si tu prends le temps de travailler ta carte, de prévoir l'équipement, et te munir d'une boussole, après il suffit essentiellement de mettre un pied devant l'autre et ça se fait. C'est pas plus compliqué. Il n'y a pas à attendre une conjoncture celeste particulière
Et ben c'est pareil en trading. La transcendance de soi parait impossible. Pour autant en étant préparé à tout ce que tu vas traverser comme émotions, en te disant que tu vas faire le tour de ton ascenseur émotionnel, de ton enfer personnel, de toute la palette de tes biais psycho, et que tu vas entrer dedans sans plus réagir, sans rien chercher à changer, juste en laissant à être, alors tu as une chance de réussir. Le mindset c'est la boussole.
Voilà ce que je me dis au lendemain de cette baffe un peu plus grosse que les autres. Je suis déter comme jamais. Peut être je suis résilient, peut être je suis c** ou fou. Mais aussi je m'en fous. J'ai trouvé une discipline dans laquelle la réussite est porteuse de sens par le chemin qu'elle exige. Et il est beau. Alors je veux le suivre.
J'ai fait des arts martiaux sur une base quotidienne pendant des années. Et sensei nous avait dit une fois un truc dans le genre : "les européens croient que la ceinture noire correspond à un certain niveau maitrise. C'est totalement faux. Il faut des années pour que le corps prenne des repères et assimile la base. Pendant cette période, vous n'avez pas encore compris quel est vraiment le sujet d'étude de l'aikido, vous travaillez simplement vos gammes. La ceinture noire c'est simplement le droit d'entrée à l'université." Je dirais que c'est pareil en trading. Il faut je pense un bon moment avant de piger vraiment sur quoi ça se joue. C'est dur mais au début on ne fait que errer dans un monde extérieur fait d'illusions avant de piger que c'est en soi que tout se joue. Et ça peut se compter en années. Apprendre à équilibrer ouverture et discipline.
Comme le dit Mike Tyson, ce grand philosophe devant l'éternel: "everybody has a plan, until they got punched in the face".
Et une histoire pour finir, même si c'est cliché comme pas possible

. C'est l'histoire d'un jeune homme qui recherche la clé du bonheur. On lui indique un vieux sage qui vit dans un chateau situé sur une montagne. Après des jours de marche, le jeune homme arrive au chateau et fait appeller le sage auprès de ses serviteurs. Le vieux sage vient le trouver, écouter sa requête, et lui demande une tache simple : "vas faire le tour de ce chateau. tu es libre d'aller y contempler tout ce sur quoi ton regard se posera. mais tu devras tenir cette cuillère remplie d'eau. Et à ton retour je veillerai à ce que tu n'aies pas renversé une goutte de la cuillère".
Alors le jeune homme, investi dans sa mission s'éxécute, et ne lache pas la cuillère des yeux, revient fièrement plus tard en montrant qu'il avait su respecter les consignes du vieux sage et ne pas renverser une goutte. Ce sur quoi l'autre lui répond : "très bien, as tu vu ces trésors entreposés ? as tu vu telle peinture, telle objet d'artisanat ?" et l'autre repart.
A son retour, le jeune homme est transposé : "en effet j'ai contemplé certains de vos biens, et de tous, celui là m'a particulièrement saisi. J'ai perçu tout le travail, la perfection de la conception et du polissage qu'il a demandé, et derrière, la qualité de l'âme qui avait exécuté ce travail." Le jeune homme a les yeux embués. Et quand le vieux sage lui demande où est la cuillère, l'autre répond qu'il a du la laisser tomber quelque part. "Voilà donc la réponse à ton questionnement sur ton bonheur. Apprends à laisser vibrer ton coeur sans renverser une goutte d'eau de la cuillère."
Discipline et ouverture.