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la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:04

Je vous retrouve avec un très grand plaisir cette semaine pour les ouvertures de files.
Cette semaine, j'ai choisi de partager avec vous 5 poésies qui ont marqué ma jeunesse étudiante et que j'ai gardées en mémoire tellement je les trouve belles et profondes de sens. Je vous les présenterai dans mon ordre croissant de préférence et me contenterai simplement des textes originaux, sans autre commentaire et fioritures. Je les introduirai par de petits résumés (bien souvent issu du web) des contextes dans lesquels ces poèmes ont été écrits.

Nous commençons avec Arthur Rimbaud et son poème Le Dormeur du Val.

Arthur Rimbaud.PNG
Arthur Rimbaud.PNG (50.44 Kio) Vu 226 fois

Le poème « Le dormeur du val » est extrait du recueil Poésies écrit en 1870 à l’âge de 16 ans : lors d’une fugue, il traverse des zones dévastées par la guerre Franco-Prussienne en 1870. L’horreur de la guerre a inspiré ce sonnet, composé de deux quatrains et deux tercets d’alexandrins.


Le Dormeur du Val


C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


Arthur RIMBAUD

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:10

Re: File scalping et day trading du lundi 04 juillet 2022
par Amarantine » 03 juil. 2022 17:14


Merveilleux, formidable ! ce poème m'a aussi terriblement marquée et comme toi, je peux le réciter par coeur et en le relisant à l'instant, j'en frissonne encore.
Merci zaco, une semaine pleine de poésie, c'est un cadeau.

Re: File scalping et day trading du lundi 04 juillet 2022
par Ineedmoney » 04 juil. 2022 07:31


Salut tout le monde ! Merci pour l’open ! Curieux de savoir si il y aura du Baudelaire, c’est l’auteur qui m’a le plus marqué dans sa personnalité. L’art de trouver du beau dans des choses objectivement moche, son spleen etc. On voyait que ça allait pas psychologiquement.

Bon première journée où je vais passer de 20€ le point à 8€ le point. On verra si il y a une différence notable dans la psycho

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:13

Ce mardi de ma semaine d’ouverture des files marquera notre entrée dans la mélancolie, que nous ne quitterons plus jusqu’à vendredi. J’ai toujours été beaucoup plus touché par ces poèmes emprunts de la mélancolie, parfois même de la profonde tristesse, de leurs auteurs que par des poèmes à connotation plus joyeuse. Je retrouve d’ailleurs cette caractéristique dans de nombreuses œuvres musicales que j’affectionne, quelle que soit leur époque.

Aujourd’hui je veux parler de Joachim du Bellay et son célèbre poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Joachim du Bellay.jpeg
Joachim du Bellay.jpeg (17.67 Kio) Vu 223 fois

Ce poème est le plus célèbre de Du Bellay. D’abord enthousiaste à l’idée d’accompagner son cousin, cardinal, à la cour de Rome, le poète déchante bien vite et souffre du mal du pays. Il y restera sept ans, de 1550 à 1557 avant de rentrer chez lui, à Liré, pour cause de maladie. Il décédera trois ans plus tard, en 1560, à sa tablede travail.


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.


Joachim Du Bellay

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:30

Re: File CAC du Mardi 05 Juillet 2022
par niki44 » 04 juil. 2022 20:31


Merci Zaco
Je ne savais même pas que Joachim du Bellay était du Maine et Loire
Cela me fera un but pour une visite prochaine, c’est tout près de chez moi ;) le pire c’est que j’y passe en vtt dans ce coin là :oops:
Spoiler:
Le musée Joachim-Du-Bellay est un musée culturel situé à Liré, sur la commune d'Orée d'Anjou en Maine-et-Loire. Il est dédié au poète angevin Joachim du Bellay. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:33

Bonjour à toutes et à tous,

Après le mal du pays de Joachim du Bellay, je vous propose le mal de l’Amour et du temps qui passe de Guillaume Apollinaire.

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Guillaume Apollinaire.jpg (12.84 Kio) Vu 218 fois

Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l’eau qui s’en va. L’eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l’amour.


Le Pont Mirabeau


Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure


Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913


Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:37

Re: File scalping et day trading du mercredi 06 Juillet 2022
par Benoist Rousseau » 05 juil. 2022 22:39

Merci pour cette poésie que tu apportes autour de toi

Re: File scalping et day trading du mercredi 06 Juillet 2022
par Amarantine » 05 juil. 2022 22:52


Merci zaco, celui-ci aussi je le connais par cœur.

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:46

Je ne pourrais vous parler de poésie sans parler du GRAND Homme que Futures Victor HUGO et d’une de ses œuvres sans doute les plus touchantes : Demain dès l’aube. Je trouve que l’on ressent parfaitement l’immense tristesse et la grande solitude dans laquelle Victor Hugo s’est retrouvé plongé à la mort de sa fille Léopoldine. Un grand classique, là aussi...

Victor Hugo.jpg
Victor Hugo.jpg (12.7 Kio) Vu 212 fois

Le poème « Demain dès l’aube » Futures publié dans Les Contemplations. À la lumière des événements qui ont marqué la vie de l’auteur, on comprend que ce poème est autobiographique et que Victor Hugo s’y adresse à sa fille Léopoldine, disparue quatre ans plus tôt, et dont il commémore la mort dans un pèlerinage annuel entre Le Havre et Villequier, le village de Normandie où elle s’est noyée accidentellement avec son mari, et où elle est enterrée. Victor Hugo allait sur sa tombe tous les jeudis.


Demain, dès l’aube…l


Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:48

Re: File scalping et day trading du jeudi 07 Juillet 2022
par niki44 » 06 juil. 2022 22:26


Merci Zaco

Si je peux me permettre et étant originaire de la région de Villequier, je vous recommande ce documentaire sur la mort tragique de Léopoldine.


Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 10 juil. 2022 23:49

Re: File scalping et day trading du jeudi 07 Juillet 2022
par Armindo33 » 06 juil. 2022 23:01


Zaco merci pour ton open.
J'espère ne jamais avoir à traverser cette épreuve, vraiment...
À demain en forme

Re: File scalping et day trading du jeudi 07 Juillet 2022
par thierry21 » 07 juil. 2022 08:28


bonjour a tous, merci pour l open et le GMT.
footing fait, speciale dedicace a Louis

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 00:04

Je termine cette semaine d’ouverture avec mon poème préféré, pour l'une de ses métaphores et son vers devenu une célèbre maxime. Ce vers que bon nombre d’entre vous connait certainement, mais dont l’origine est peut-être moins évidente.
Je vous propose donc ce magnifique poème d’Alphonse de Lamartine, L’isolement.

Alphonse de Lamartine.png
Alphonse de Lamartine.png (90.35 Kio) Vu 207 fois

L'isolement est un poème célèbre d'Alphonse de Lamartine paru dans le recueil Méditations poétiques (1820). Dans ces 13 quatrains en alexandrins aux rimes croisées, il évoque son chagrin, son mal de vivre et sa mélancolie suite au décès de son amante, Julie Charles, emportée par la tuberculose.


L’isolement


Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !


Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques


C’est ainsi que s’achève ma semaine d’ouverture, j’espère avoir ravivé votre mémoire de ces textes que vous avez probablement déjà croisés, ou au contraire avoir attisé votre curiosité pour aller en découvrir tant d’autres dans la mémoire de nos Lumières Françaises !
J’ai quant à moi pris à nouveau un immense plaisir à vous partager des choses que j’aime profondément.

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 00:11

Re: File scalping et day trading du vendredi 08 Juillet 2022
par Amarantine » 07 juil. 2022 20:44


Tu as partagé de ce genre de poèmes que j'aime également énormément à tel point qu'il faudrait des mois d'ouvertures, voire une année, pour les répertorier.
Un immmmmense merci zaco, j'ai apprécié plus que je ne puis le dire, merci.

Re: File scalping et day trading du vendredi 08 Juillet 2022
par Wu Wei » 07 juil. 2022 23:10


Grand merci pour cette semaine trop courte Zaco
Un immense plaisir à relire ou découvrir ces poèmes
Belle fin de soirée et encore merci :mercichinois:

Re: File scalping et day trading du vendredi 08 Juillet 2022
par niki44 » 08 juil. 2022 08:41

@Zaco
Merci Zaco pour cette très belle semaine
Effectivement cela a réveillé chez moi des souvenirs de lycéen et je dois humblement avouer que je ne me rappelais pas de celui d'aujourd'hui qui est vraiment magnifique.
Si tu as pris du plaisir à nous dévoiler ces poèmes sache que le plaisir est partagé.

Re: la semaine poétique de Zaco

par Francis1 » 11 juil. 2022 00:16

Merci

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 00:18

merci Francis :mercichinois:

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 19:35

Sadddns titre.png
Sadddns titre.png (179.45 Kio) Vu 112 fois

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 19:36

File scalping et day trading du lundi 11 juillet 2022
par Amarantine » 10 juil. 2022 23:58


Ce si beau poème "Les conquérants" de José Maria de Heredia :

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 19:43

Re: File scalping et day trading du lundi 11 juillet 2022
par Wu Wei » 11 juil. 2022 03:56


Bonjour Andlil
Merci pour l'open Amarantine.
J'aime beaucoup Heredia, particulierement ses descriptions très "sensorielles".
Je n'e sais pas trop pourquoi mais ses descriptions me font penser à Moitessier. Rien a voir pourtant, mais j'aime bien les deux :)

Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.

A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l’Océan s’unit.

Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.

L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d’or de son rouge éventail.
Heredia, Soleil couchant

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 19:56

Le sommeil du condor

Par-delà l'escalier des roides Cordillères,
Par-delà les brouillards hantés des aigles noirs,
Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs
Où bout le flux sanglant des laves familières,
L'envergure pendante et rouge par endroits,
Le vaste Oiseau, tout plein d'une morne indolence,
Regarde l'Amérique et l'espace en silence,
Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids.

La nuit roule de l'est, où les pampas sauvages
Sous les monts étagés s'élargissent sans fin ;
Elle endort le Chili, les villes, les rivages,
Et la mer Pacifique, et l'horizon divin ;
Du continent muet elle s'est emparée :
Des sables aux coteaux, des gorges aux versants,
De cime en cime, elle enfle, en tourbillons croissants,
Le lourd débordement de sa haute marée.
Lui, comme un spectre, seul, au front du pic altier,
Baigné d'une lueur qui saigne sur la neige,
Il attend cette mer sinistre qui l'assiège :
Elle arrive, déferle, et le couvre en entier
Dans l'abîme sans fond la Croix australe allume
Sur les côtes du ciel son phare constellé.

Il râle de plaisir, il agite sa plume,
Il érige son cou musculeux et pelé,
Il s'enlève en fouettant l'âpre neige des Andes,
Dans un cri rauque il monte où n'atteint pas le vent,
Et, loin du globe noir, loin de l'astre vivant,
Il dort dans l'air glacé, les ailes toutes grandes.

Charles-Marie Leconte de Lisle


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Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 20:12

Re: File scalping et day trading du lundi 11 juillet 2022
par Wu Wei » 11 juil. 2022 04:31


« … Le sillage s'étire, blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles. L'eau court sur la carène et gronde ou chante ou bruisse, selon le vent, selon le ciel, selon que le couchant était rouge ou gris. Il est rouge depuis plusieurs jours et le vent chantonne dans le gréement, fait battre une drisse parfois contre le mât, passe comme une caresse sur les voiles et poursuit sa course vers l'ouest, vers madère, tandis que Joshua descend vers le sud à 7 nœuds dans l'Alizé. »
Moitessier, La longue route

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Spoiler:
https://interligne.over-blog.com/article-bernard-moitessier-ou-la-longue-route-116339291.html


En 1968, un suprême défi excite les marins : le tour du monde à la voile en solitaire et sans escale. Plusieurs navigateurs s'apprêtent à tenter l'aventure imaginée par un hebdomadaire britannique. Bien qu'il ait exprimé son désaccord sur cette initiative qui, selon lui, ôte toute pureté à ce qui devrait être avant tout une quête d'absolu, le français Bernard Moitessier ( 1925 - 1994 ) s'engage. Né en Indochine, où il a vécu les vingt-six premières années de sa vie, cet amoureux de la mer a appris à naviguer avec les pêcheurs du golfe de Siam et reste imprégné de sagesse orientale. La révolte du Viêt-minh lui a infligé une blessure jamais cicatrisée : les compagnons de jeu de son enfance sont devenus des ennemis. Parti en solitaire sur une jonque, Moitessier est arrivé en France en 1958 démoralisé par la perte de deux bateaux. Avec une rare énergie, il s'est construit un ketch en acier, simple et robuste, dans le but de réussir à réaliser en solitaire un premier tour du monde sans escale qui serait comme une revanche sur les déceptions qu'il vient de subir. Neuf navigateurs prennent avec lui le départ, mais cinq abandonnent très vite devant les difficultés qui incombent à un homme seul face aux éléments, si bien que Moitessier, plus rapide que les trois autres survivants, est en passe de l'emporter. Il a doublé trois caps et il ne lui reste plus qu'à remonter l'Atlantique pour aller recueillir, des mains des organisateurs, le prix de son exploit : un globe en or et cinq mille Livres Sterling. Surtout, il sera sacré le meilleur marin de son temps.


Mais alors qu'on l'attend pour un accueil triomphal, le vainqueur surgit le 18 mars 1969 dans la baie de Cape Town et, d'un coup de lance-pierres, projette sur le pont d'un cargo en patrouille ce message stupéfiant : " Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme". L'annonce de cette décision fait l'effet d'une bombe : ainsi le navigateur tourne le dos à l'argent, à la célébrité pour poursuivre seul une aventure pleine d'embûches...Mais pour cet homme-là, sa course dans les océans les plus dangereux du monde a pris une dimension philosophique. Dans l'intimité de la mer et du ciel, il a noué des liens avec la Création, comme il le dira lorsque, arrivé à Tahiti après un tour du monde et demi, il écrira son livre, véritable bible qui suscitera des vocations de coureurs et d'aventuriers des mers sur plusieurs générations : La longue route.


Son refus de revenir vers L'Europe et ses faux dieux est riche de signification. Il a compris, dans son périple en osmose avec les éléments, que le monde moderne détruit notre planète et piétine l'âme de l'homme. Notre fonction sur terre, estime-t-il, est de participer à la création permanente du monde, d'oeuvrer dans le gigantesque combat de l'intelligence contre l'imbécillité. Bénéficiant de son aura de marin hors du commun, Moitessier milite pour la désescalade nucléaire et préconise la plantation, dans les villes et villages, d'arbres fruitiers à la disposition de tous, symbole de partage et de générosité et doux rêve d'un idéaliste irréductible. Installé dorénavant dans un atoll des Tuamotu, il y vit avec sa famille en contact intime avec la nature, espérant, par son exemple, encourager les Pomotus à mieux gérer les ressources de leurs îles. Il conseille l'enseignement des caractères chinois, moyen de communication universel. Malgré l'incompréhension, les échecs, la difficulté à vaincre l'apathie et la routine, il ne se décourage nullement et gagne le surnom que lui donnent les Polynésiens "Tamata ", ce qui signifie " essayer". Ce sera le titre du livre qu'il publiera peu de temps avant sa mort survenue le 16 juin 1994 "Tamata et l'Alliane", message de fraternité où, enfin en paix avec lui-même, il délivre cet ultime enseignement : " On ne se trompe jamais en pardonnant".
Re: File scalping et day trading du lundi 11 juillet 2022
par Amarantine » 11 juil. 2022 08:31


LProud:
Ok, pas de problème. Bonne journée.
Wu Wei : des poèmes dont je vais me délecter à coup sûr tout-à-l’heure, merci.

Re: la semaine poétique de Zaco

par Francis1 » 11 juil. 2022 23:48

:top:

Re: la semaine poétique de Zaco

par ChristelleP » 11 juil. 2022 23:57

merci Francis :mercichinois:

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