Je dédie ce texte à tous ceux qui adorent "repartir de zéro" (j'en fais partie).
Le Retour du grand Michel
Max et Michel sont deux jeunes chênes d'un an qui ont germé l'un à côté de l'autre.
- Michel, il est pourri ce terrain, viens on se déplace de 10 mètres au nord.
- C'est vrai que c'est un peu acide, mais tu es sûr ? On est des chênes quand même, tu crois qu'on peut se déplacer ?
- Tu fais ce que tu veux, moi je me barre.
Et Max, plein de courage et de ressources, arrive à se déplacer effectivement 10 mètres plus au nord. Un an plus tard, il est tout content et dépasse Michel de 15 bons centimètres.
- Michel, je te l'avais dit, c'est de la bombe ici, rejoins-moi ! Ou non, attends, je vais tenter 5 mètres plus à gauche, en fait ce vieux bouleau me gêne, j'aurai plus de soleil à gauche.
Max se déplace, Michel reste sur place, quelque chose lui dit que les chênes ne sont pas faits pour bouger comme ça. Et puis l'acidité, il s'y est peut-être fait, il a remarqué que faire des racines plus longues arrangeait un peu les choses.
L'année d'après, Max est carrément deux fois plus grand que Michel, conforté dans sa stratégie, il décide cette fois de descendre en bas du talus, pour avoir plus d'eau.
- Michel, je descends de 3 mètres, je suis sûr que c'est mieux, c'est un peu sec ici. Et je ne bouge plus et tu me rejoins, ok ?
- Mouais, tu sais Max, vraiment, je ne sais pas si c'est une bonne idée...
- Glandu va ! Ok, je te laisse petit chêne.
Max se déplace, Michel reste sur place.
L'année suivante arrive ce que personne n'avait prévu : une armée de roseaux débarque dans la région, une vraie calamité, ils poussent partout, prennent toute l'eau, tout le soleil. L'été est dur pour tous les petits arbres, on ne compte pas les desséchés, les fanés, les asphyxiés, on déplore même, du jamais-vu, des arbres à terre. Parmi eux Max, qui n'avait pas vraiment eu le temps de s'enraciner à sa nouvelle place.
Michel, lui, a souffert comme tout le monde, il n'était pas grand, au départ des roseaux on peut dire qu'il était carrément rabougri.
Mais il n'est pas mort.
Ça, c'était il y a hyper longtemps, aujourd'hui le vieux bouleau est tombé, la forêt a changé et Michel est devenu un arbre immense.
Les villageois ne l'appellent plus que "Le grand Michel", ils ont beaucoup de respect pour lui, il y a même une légende qui court à son sujet. On raconte que faire l'amour sous son ombre, en pleine après-midi du mois d’août, vous laisse dans ce domaine parmi les meilleurs souvenirs de l'année.
Ou plutôt il n'y a que ceux qui ne l'ont jamais fait qui disent que c'est une légende !
Bon les amis et les filles, pas à dire, ça m'aide à patienter entre deux de mes rares signaux ces petites histoires... (justification)
Ok, mais surtout j'adore écrire ce genre de trucs, tout simplement ! (honnêteté)
Bons trades à tous.