J’ai lu plusieurs fois sur le forum que certains connaissaient des musiciens qui réussissaient bien, voire très bien dans le trading.
Je n’en connais pas personnellement mais cela m’a beaucoup interrogé, probablement parce que tout ce qui permet de comprendre la réussite en trading et qui n’est pas technique, me passionne.
A la lumière de mes 4 années d’apprentissage du trading, je me sens capable aujourd’hui de fournir une interprétation de ce phénomène. Je précise que je ne suis pas musicien moi-même.
Je pense que certains musiciens arrivent à gagner régulièrement sur les marchés car ils ont pris l’habitude de se connecter à leurs émotions, à leur feeling. En effet pour pouvoir interpréter un morceau en touchant les gens, il faut apprivoiser ses propres réactions intérieures face à la partotoon. Un musicien pro a donc pris l’habitude de faire des interprétations de qualité en utilisant ses sensations, sa propre psyché pour faire passer une émotion, un sentiment indicible.
En effet cela touche à l’indicible, les mots et les concepts ont leurs limites ici.
Donc j’imagine mieux comment un musicien peut arriver à trouver le rythme et les patterns qui lui parlent en regardant un graphique boursier. Il sait déjà que ses propres émotions sont une richesse pour atteindre l’excellence, et non pas un frein.
Je pense en effet que mon gros problème en trading a été de croire que je devais ne pas avoir certaines émotions ( surtout la peur ). Mon gros problème en trading est mon arrogance, celle de croire que je devais maîtriser les marchés.
Un musicien apprend à se sentir humble face à un morceau, ce sont les notes qui déclenchent chez lui des vibrations émotionnelles, ces vibrations étant transmise dans son interprétation.
Face au marché, je sais maintenant me sentir humble, tout petit, n’étant là que pour écouter les signaux que mon feeling me donne en regardant les bougies. J’utilise le mot feeling à dessein car j’ai toujours su que c’était ce que je voulais utiliser dans mon trading, le feeling. Mon feeling étant la somme de mes 4 années de lecture quasi quotidienne des graphes du DAX en UT1/UT5. Je trade sans aucun indicateur, seulement les bougies + 2 traits pour le plus haut et plus bas de la veille.
Je sais aussi beaucoup mieux rester présent à mes angoisses, mes peurs , mes frustrations. J’ai appris à les apprivoiser un peu ( et non pas à les gérer, je déteste ce mot que l’on entend partout, « la gestion des émotions » et qui est à l’opposé de ce qu’il faudrait faire pour s’apprivoiser et s’aimer ).
Je connais en effet mieux les réactions de mon corps émotionnels face à la perte en premier trade, la frustration d’une occasion manquée, puis deux, puis trois,…, l’euphorie d’une matinée à 100% de gain, la perte de l’après-midi qui efface les points du matin en 10 mn.
Je suis persuadé que les musiciens arrivés à un niveau pro ont dû déjà faire tout ce travail sur eux-mêmes qui les amène à exercer leur art en étant connecté avec leurs propres vibrations et émotions. Et non pas en étant en lutte avec ce monde intérieur.
En effet je pense qu’au-delà des mises en équations et rationalisation sous toutes leurs formes, il y a d’autre façon d’appréhender le marché. Quand je trade souvent je sens ou essaie de sentir ce que le marché veut raconter comme histoire ce matin. Je me laisse porter par les réactions que j’ai devant certains patterns. Mais le maître mot c’est la simplicité, une technique simple, un écran simple, des schémas d’entrées simples.
Je vois souvent des forumeurs se noyer dans leurs tentatives de rationalisation, de mise au point de méthode « compliquée » à souhait. En toute humilité, et parce que cela fait quelques années que je travaille sur moi avec de la méditation quotidienne, et des thérapies, j’y vois l’ego en plein travail, à brasser du vent , sur-interprétant les trades perdants à grand renfort d’analyse technique ou psychologique. Je m’inclus le premier dans ces atermoiements de l’ego qui a besoin constamment de prouver son existence, puisqu’il n’est composé de rien.
La simplicité donc. Celle qui accompagne les artistes en pleine communion dans leur art. Peut-être connaissez-vous des peintres ou des poètes traders ? Ce que j’essaie de décrire pour le trading n’est évidemment par réserver au musicien, même si ceux-ci ont sans doute l’avantage de lire des partotoons depuis des années. On peut voir des similitudes entre les partotoons et les graphiques, entre les notes et les bougies.
En écrivant le mot simplicité j’ai envie d’ajouter un autre mot, l’amour. C’est probablement le plus important pour ma réussite en trading, la passion pour cette activité, la bienveillance envers moi-même, l’amour pour mon entourage .
Un auteur que j’aime bien, et qui est aussi un instructeur de méditation, parle souvent du « monde mort » que l’on nous impose. Un monde où la sensibilité, les vibrations, l’indicible, le partage sont repoussées comme des faiblesses. Faiblesse dans la culture de l’ambition, dans laquelle seuls les chiffres et les concepts ( validés en université svp) peuvent décrire le monde, et donc organiser notre monde intérieur.
Il en faut de la bienveillance pour soi-même pour se relever à chaque fois que l’on se prend une grosse claque. Tout comme les musiciens qui répètent sans compter un morceau difficile. Je ne sais pas combien de fois j’ai eu des successions de journées vertes annuler par un seule après-midi. Combien de fois je suis rentré chez moi, la boule au ventre et le cœur serré, avec le discours interne bloqué sur « tu n’y arriveras jamais, tu es nul, tu fais toujours les mêmes Bêtises ».
Bon je m’arrête et si vous connaissez des musiciens ayant réussi en trading, donnez-moi votre avis.