Quelle buse!
'scuse me.
Bon, pour la peine, je vais me dévoiler un peu.
J'ai déjà signalé que j'avais passé une merveilleuse quinzaine en cette fin juin dans la vallée d'Aure, pour faire global.
Et bien, pour la 1ère fois de ma, vie, j'ai assisté à une véritable curée. Pas une curée organisée pour alimenter les vautours. Là, c'était du vrai, du bestial, de la vraie vie touchant la faune sauvage.
Je crois que c'était mercredi 28 juin. La veille, l'orage s'était vidé en montagne toute la soirée.
Nous décidons, mon épouse et moi, de monter de bonne heure aux lacs de Barroude. Au fait, tu sais que le refuge n'existe plus: il a brûlé fin 2014. il ne reste que deux petits abris. Le 1er inutilisable pour son odeur de cramé intenable, le second un peu dessous plus exploitable si une urgence survient. Maintenant, la ballade n'est pas bien longue pour aller admirer cet endroit lacustre , ses falaises au dos du pic Troumouse. Les névés y étaient encore très nombreux au moment d'arriver au ressaut qui guide aux lacs après avoir surmonté les cascades (très bien alimentées... c'est l'orage passé qui nous a d'ailleurs incités à pousser vers là ce jour-là).
Bon, revenons à nos vautours.
Je ne sais si tu connais le coin (peut-être certains lecteurs le connaissent-ils).
Donc, après être passé l'autre côté de la Géla et dépassé le niveau de la bergerie, je surplombe le berger qui ramenait des vaches. Signe de la main pour le saluer. Aucune réponse; "Quel mal embouché!" ai-je pensé à ce moment-là.
Et puis, au détour d'un lacet, une odeur de cadavre m'agresse soudainement. Et là, que vois-je, à quelques dizaines de mètres, un peu plus bas que le sentier: une vingtaine de vautours affairés à une carcasse de vache. M'apercevant, ils ont regagné les uns après les autres, sans s'affoler, le flanc de la montagne qui me dominait. Ils se déplaçaient comme des kangourous en sautillant pour aller se percher plus haut.
En poursuivant, après avoir attendu mon épouse, nous avons pu observer qu'il restait encore au moins la moitié de la bête... certainement une du troupeau du berger qui devait l'avoir mauvaise de perdre une bête comme ça dès le début de la saison. Pourquoi? Une chute? L'orage de la veille? Je mise sur cette double cause.
Mon épouse, plus assidue que moi aux sujets télévisés m'a alors enseigné que les vautours ne peuvent pas voler quand ils ont fait la curée; Ils doivent attendre 2h environ pour retrouver leur vol majestueux...d'autant que celle curée-là n'était pas finie. En repassant 2 heures et demie plus tard, la carcasse était quasi nickel, quelques vautours se disputaient encore les restes ultimes.
Les gens que nous avons alors croisés sur le bas n'auront vu qu'une carcasse.
Comme quoi, on est toujours récompensé de se lever tôt pour aller en montagne.
Seuls, les matinaux peuvent vous raconter la beauté d'un lever de soleil sur la montagne. Lever qui n'est pas jaune ni orangé mais rose quand le beau temps s'annonce. Si en plus, vous avez le pif pour endurer quelque humidité afin de passer au-dessus des nuages, vous profitez en plus d'un tapis cotonneux sous un ciel immaculé alors que dans la vallée, les gens ronchonnent en pensant: "Punaise, encore un temps pourri; On ne m'y reprendra pas à venir glander dans cette station!".
Ben voilà. Une curée au compteur. Il a fallu que j'attende jusque là pour en profiter.
Pourtant, dans la vallée d'Ossau, j'ai assisté à plein de trucs avec les vautours, avec le gypaète; Jamais une curée in situ.
Au passage, je peux conseiller de visiter la falaise aux vautours à Aste-Béon; j'y avais emmené ma classe lors d'une classe découverte, cela fait bien longtemps déjà. Si vous êtes passionnés pas le sujet, vous serez ravis d'assister au défilé des envols et nourrisages filmés par des caméras sur la falaise-même.
Bon, b-a réalisée pour ce coup-ci.