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"Pour ma part, j'ai depuis longtemps dépassé l'idée de l'immortalité, dans la mesure où je suis déjà un peu morte dans les camps"
Une grande Dame s'en est allée ! Toujours très digne et d'un profond respect pour l'être humain.
Tellement dévouée à la cause des femmes, elle était admirable!
[youtube]https://youtu.be/LgDrHX9LmF8[/youtube]
Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme _ je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. Nous pensons ainsi répondre au désir conscient ou inconscient de toutes les femmes qu se trouvent dans cette situation d’angoisse, si bien décrite et analysée par certaines des personnalités que votre commission spéciale a entendues au cours de l’automne 1973. Actuellement, celles qui se trouvent dans cette situation ce détresse, qui s’en préoccupe ? La loi les rejette non seulement dans l’opprobre, la honte et la solitude, mais aussi dans l’anonymat et l’angoisse des poursuites. Contraintes de cacher leur état, trop souvent elles ne trouvent personne pour les écouter, les éclairer et leur apporter un appui et une protection. Parmi ceux qui combattent aujourd’hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d’aider ces femmes dans leur détresse ? Combien sont-ils ceux qui au-delà de ce qu’ils jugent comme une faute, ont su manifester aux jeunes mères célibataires la compréhension et l’appui moral dont elles avaient grand besoin ? Je sais qu’il en existe et je me garderai de généraliser. Je n’ignore pas l’action de ceux qui, profondément conscients de leurs responsabilités, font tout ce qui est à leur portée pour permettre à ces femmes d’assumer leur maternité. Nous aiderons leur entreprise ; nous ferons appel à eux pour nous aider à assurer les consultations sociales prévues par la loi. Mais la sollicitude et l’aide, lorsqu’elles existent, ne suffisent pas toujours à dissuader. Certes, les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes sont parfois moins grave qu’elles ne les perçoivent. Certaines peuvent être dédramatisées et surmontées ; mais d’autres demeurent qui font que certaines femmes se sentent acculées à une situation sans autre issue que le suicide, la ruine de leur équilibre familial ou le malheur de leurs enfants. C’est là, hélas !, la plus fréquente des réalités, bien davantage que l’avortement dit « de convenance ». S’il n’en était pas ainsi, croyez-vous que tous les pays, les uns après les autres, auraient été conduits à réformer leur législation en la matière et à admettre que ce qui était hier sévèrement réprimé soit désormais légal ? Ainsi, conscient d’une situation intolérable pour l’État et injuste aux yeux de la plupart, le gouvernement a renoncé à la voie de la facilité, celle qui aurait consisté à ne pas intervenir. C’eût été cela le laxisme. Assumant ses responsabilités, il vous soumet un projet de loi propre à apporter à ce problème une solution à la fois réaliste, humaine et juste.
Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme _ je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. Nous pensons ainsi répondre au désir conscient ou inconscient de toutes les femmes qu se trouvent dans cette situation d’angoisse, si bien décrite et analysée par certaines des personnalités que votre commission spéciale a entendues au cours de l’automne 1973. Actuellement, celles qui se trouvent dans cette situation ce détresse, qui s’en préoccupe ? La loi les rejette non seulement dans l’opprobre, la honte et la solitude, mais aussi dans l’anonymat et l’angoisse des poursuites. Contraintes de cacher leur état, trop souvent elles ne trouvent personne pour les écouter, les éclairer et leur apporter un appui et une protection. Parmi ceux qui combattent aujourd’hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d’aider ces femmes dans leur détresse ? Combien sont-ils ceux qui au-delà de ce qu’ils jugent comme une faute, ont su manifester aux jeunes mères célibataires la compréhension et l’appui moral dont elles avaient grand besoin ? Je sais qu’il en existe et je me garderai de généraliser. Je n’ignore pas l’action de ceux qui, profondément conscients de leurs responsabilités, font tout ce qui est à leur portée pour permettre à ces femmes d’assumer leur maternité. Nous aiderons leur entreprise ; nous ferons appel à eux pour nous aider à assurer les consultations sociales prévues par la loi. Mais la sollicitude et l’aide, lorsqu’elles existent, ne suffisent pas toujours à dissuader. Certes, les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes sont parfois moins grave qu’elles ne les perçoivent. Certaines peuvent être dédramatisées et surmontées ; mais d’autres demeurent qui font que certaines femmes se sentent acculées à une situation sans autre issue que le suicide, la ruine de leur équilibre familial ou le malheur de leurs enfants. C’est là, hélas !, la plus fréquente des réalités, bien davantage que l’avortement dit « de convenance ». S’il n’en était pas ainsi, croyez-vous que tous les pays, les uns après les autres, auraient été conduits à réformer leur législation en la matière et à admettre que ce qui était hier sévèrement réprimé soit désormais légal ? Ainsi, conscient d’une situation intolérable pour l’État et injuste aux yeux de la plupart, le gouvernement a renoncé à la voie de la facilité, celle qui aurait consisté à ne pas intervenir. C’eût été cela le laxisme. Assumant ses responsabilités, il vous soumet un projet de loi propre à apporter à ce problème une solution à la fois réaliste, humaine et juste.
[youtube]https://youtu.be/gvkYWEQa1QM[/youtube]
Témoignage recueilli en mars 1997 pour la Survivors of the Shoah Visual History Foundation, Los Angeles.
Biographie : Simone Veil, née Jacob, garde le souvenir d'une enfance "exceptionnellement heureuse" à Nice, où son père, architecte, s'était installé peu avant sa naissance, en 1927. L'entrée en guerre puis l’occupation italienne affecte relativement peu cette quiétude. Mais la vie de la famille Jacob bascule en 1943, avec l’arrivée des Allemands à Nice. Simone doit quitter le lycée. Elle vit cachée (chez un professeur), comme le reste de sa famille. En mars 1944, un contrôle d’identité inopiné mène à son arrestation, puis à celles de sa mère, sa sœur et son frère. Transportée avec eux à Drancy, elle est déportée à Birkenau, puis à Bobrek, camp satellite d'Auschwitz, où elle travaille à l'usine Siemens. Les civils polonais alentour "ne pouvaient pas ne pas savoir", dit-elle. L’avancée des Soviétiques pousse les SS à faire évacuer le camp. Simone survit avec sa mère et sa sœur à la marche de la mort, qui les mène jusqu’à Monowitz, dans d'horribles conditions. Elles sont ensuite transférées à Bergen-Belsen, où sa mère meurt du typhus, en mars 1945. Son frère et son père ont également péri dans les camps. Sa sœur aînée, entrée en résistance et déportée à Ravensbrück, a survécu. Après son retour à Paris, Simone Jacob épouse Antoine Veil, futur inspecteur des finances. Elle entreprend des études de droit et de sciences politiques, puis commence, dans la magistrature, une brillante carrière. Nommée ministre de la santé par Valéry Giscard d'Estaing en 1974, elle fait adopter l'année suivante une loi sur l'avortement. Elle devient, en 1979, la première présidente du Parlement européen. Depuis 1998, elle était membre du Conseil constitutionnel.Elle était aussi présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, fidèle à son engagement "contre toutes les intolérances".
Témoignage recueilli en mars 1997 pour la Survivors of the Shoah Visual History Foundation, Los Angeles.
Biographie : Simone Veil, née Jacob, garde le souvenir d'une enfance "exceptionnellement heureuse" à Nice, où son père, architecte, s'était installé peu avant sa naissance, en 1927. L'entrée en guerre puis l’occupation italienne affecte relativement peu cette quiétude. Mais la vie de la famille Jacob bascule en 1943, avec l’arrivée des Allemands à Nice. Simone doit quitter le lycée. Elle vit cachée (chez un professeur), comme le reste de sa famille. En mars 1944, un contrôle d’identité inopiné mène à son arrestation, puis à celles de sa mère, sa sœur et son frère. Transportée avec eux à Drancy, elle est déportée à Birkenau, puis à Bobrek, camp satellite d'Auschwitz, où elle travaille à l'usine Siemens. Les civils polonais alentour "ne pouvaient pas ne pas savoir", dit-elle. L’avancée des Soviétiques pousse les SS à faire évacuer le camp. Simone survit avec sa mère et sa sœur à la marche de la mort, qui les mène jusqu’à Monowitz, dans d'horribles conditions. Elles sont ensuite transférées à Bergen-Belsen, où sa mère meurt du typhus, en mars 1945. Son frère et son père ont également péri dans les camps. Sa sœur aînée, entrée en résistance et déportée à Ravensbrück, a survécu. Après son retour à Paris, Simone Jacob épouse Antoine Veil, futur inspecteur des finances. Elle entreprend des études de droit et de sciences politiques, puis commence, dans la magistrature, une brillante carrière. Nommée ministre de la santé par Valéry Giscard d'Estaing en 1974, elle fait adopter l'année suivante une loi sur l'avortement. Elle devient, en 1979, la première présidente du Parlement européen. Depuis 1998, elle était membre du Conseil constitutionnel.Elle était aussi présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, fidèle à son engagement "contre toutes les intolérances".
[youtube]https://youtu.be/ZTLFrIn_A-w[/youtube]
Alors qu'elle conduit la liste de droite, l'un des meetings qu'elle tient dans le nord de Paris rue Lepic est perturbé par des membres du Front national, qui militent pour «la liberté d'expression». Parmi ceux qui invectivent la ministre se trouve notamment Jean-Marie Le Pen.
«Vous ne me faites pas peur. J'ai survécu à pire que vous. Vous n'êtes que des SS au petit pied», lance alors celle qui a été déportée à Drancy puis au camp d’Auschwitz-Birkenau en 1944.
Simone Veil finira par s’éclipser discrètement au moment où une violente bagarre éclatera entre les militants, nécessitant une intervention de la police.
Alors qu'elle conduit la liste de droite, l'un des meetings qu'elle tient dans le nord de Paris rue Lepic est perturbé par des membres du Front national, qui militent pour «la liberté d'expression». Parmi ceux qui invectivent la ministre se trouve notamment Jean-Marie Le Pen.
«Vous ne me faites pas peur. J'ai survécu à pire que vous. Vous n'êtes que des SS au petit pied», lance alors celle qui a été déportée à Drancy puis au camp d’Auschwitz-Birkenau en 1944.
Simone Veil finira par s’éclipser discrètement au moment où une violente bagarre éclatera entre les militants, nécessitant une intervention de la police.
Merci pour les archives Benoist
Une belle grande dame
Une belle grande dame
J'aimais ça façon de tenir tête au homme, et son combat juste pour les femmes.
Le chant qui accompagna son cercueil :
[youtube]https://youtu.be/hWlQrGIhSk4[/youtube]
"Adaptation francophone d'un texte allemand, composé en 1933 par des prisonniers politique du camp de concentration de Börgermoor. Intitulé "Das Lied der Moorsoldaten", traduit en français sous le titre de "Chant des Marais", il exprime la plainte des antifascistes et des juifs, premiers internés dans les camps. Il a par la suite été repris dans le monde par les détenus d'autres nationalités et notamment par les survivants du génocide."
[youtube]https://youtu.be/hWlQrGIhSk4[/youtube]
"Adaptation francophone d'un texte allemand, composé en 1933 par des prisonniers politique du camp de concentration de Börgermoor. Intitulé "Das Lied der Moorsoldaten", traduit en français sous le titre de "Chant des Marais", il exprime la plainte des antifascistes et des juifs, premiers internés dans les camps. Il a par la suite été repris dans le monde par les détenus d'autres nationalités et notamment par les survivants du génocide."
Bouleversant... Merci taka.
C'est sûr, elle a maintenant sa place parmi les anges de la (télé)réalité !