Mouais...
Je suis toujours assez sceptique quand Hollywood nous propose un film adapté d'une "histoire vraie".
Ce film sentait tellement la guimauve que ça en sentait mauvais.
La bio wikipedia de notre aventurier du dimanche : https://fr.wikipedia.org/wiki/Christopher_McCandless
La sortie simultanée, en 2007, d'un film de fiction et d'un documentaire consacrés au voyage de Chris McCandless (Into the Wild, de Sean Penn et Call of the Wild, de Ron Lamothe) a permis de mettre en lumière le décalage entre l'histoire racontée par Jon Krakauer dans son ouvrage – histoire dont s'est directement inspiré Sean Penn – et la réalité factuelle.
Il est ainsi apparu que, contrairement à ce que laisse entendre l'acteur et réalisateur américain, McCandless n'a jamais détruit ses pièces d'identité. Son portefeuille, intact, a en effet été retrouvé dans son sac à dos, qui Futures découvert dans le bus de la piste Stampede par Will Forsberg, un trappeur habitant la région. Le portefeuille contenait la carte de sécurité sociale de McCandless (alors que Penn montre McCandless détruisant cette carte au début de son film), ainsi que son certificat de naissance, son permis de conduire, des cartes de bibliothèques, une inscription sur les listes électorales et une carte de santé émise dans le Nevada. Il contenait également 300 $. Ces éléments, sur lesquels Krakauer insiste peu et que Penn choisit d'ignorer, jettent une lumière différente sur l'aventure de McCandless : on peut en effet prudemment en déduire qu'il avait bien l'intention de retourner à la civilisation au terme de son séjour en pleine nature. Malgré tout, dans la dernière édition de son livre, Krakauer développe largement l'idée du retour de McCandless, comparant son aventure extrême à sa propre expérience de jeune homme, réalisant au péril de sa vie l'ascension du mont Devils Thumb, en Alaska également. Certains estiment néanmoins qu'il a forcé le trait en faisant de McCandless un héros romantique en rupture complète avec la société. Penn, quant à lui, peut se défendre en indiquant qu'il a fait œuvre de fiction en s'inspirant d'une histoire vraie. La fin du film montre McCandless tentant de rentrer et empêché par les crues. Sean Penn le laisse rêver de retrouvailles familiales dans son agonie.
Dans la dernière édition de son livre, Krakauer a également suggéré qu'en fait, McCandless aurait pu être intoxiqué par des semences de pomme de terre sauvage contenant un alcaloïde (la swainsonine), fait ignoré par la science à l'époque de la mort de McCandless et encore non prouvé aujourd'hui. Cette thèse est également démontée par Ron Lamothe dans son documentaire Call of the Wild. Les causes réelles de la mort de Chris McCandless sont demeurées mystérieuses pendant plus de vingt ans car comme l'indique son journal, il put trouver du gibier dans ses derniers jours, rendant spécieuse l'hypothèse de la dénutrition. Ron Lamothe semble lui convaincu que McCandless est réellement mort de faim, et qu'il était peut-être également affaibli par une blessure, probablement à l'épaule9. Ce n'est qu'en 2014 que Krakauer publie dans une revue scientifique des éléments permettant de lever le voile sur les circonstances de la mort de McCandless.
Loin du point de vue idéaliste et romantique de beaucoup de lecteurs de Krakauer, certains habitants de l’Alaska portent un jugement très sévère sur cette aventure. Ainsi, un garde forestier du Parc national de Denali, Peter Christian10, souligne que McCandless était très insuffisamment préparé et ne possédait même pas une carte de la région ; il estime qu’il s’agit d’un véritable « suicide ». Le jeune homme ne savait pas qu’il existait un bac manuel en fonction sur la rivière, à quelques centaines de mètres de la piste Stampede, ainsi que quatre abris contenant vivres et couvertures dans un on d'une dizaine de kilomètres (bien que trois au moins aient été vandalisés durant l'été et soient ainsi devenus inutilisables).
Judith Kleinfeld, dans un article publié dans l'Anchorage Daily News, rapporte que « beaucoup d’habitants de l’Alaska ont réagi avec colère devant cette stupidité. Il faut être un idiot complet, disent-ils, pour mourir de faim en été à 30 km seulement de la route du parc ». Jon Krakauer souligne finalement que Chris McCandless était parfaitement conscient des risques qu'il prenait, et que ces risques, comme son équipement minimal, étaient même souhaités. Il recherchait la difficulté, mais il s'est finalement heurté à son manque de préparation. Une carte topographique de la région l'aurait probablement sauvé, mais ne correspondait pas à l'aventure qu'il voulait vivre.
Bref, lorsque j'ai lu cette bio sur wikipedia, je me suis senti escroqué par l'histoire que Sean Penn m'a vendue.