Voici une petite anecdote que je voulais vous raconter.
Une histoire vraie, vécue dans rues de Trinidad lors de mon voyage fin juin 2017 à Cuba.
TAXI-LUIS
1- La rencontre.
Une petite ville provinciale au beau milieu de l'île de Cuba. Le soleil déjà chaud éclaboussait de couleurs tendres les petites maisons coloniales. Une rue pavée, dans le centre historique. Trinidad.
Il était assis là, sur les marches d'une maison, et il regardait passer les gens.
Je passais moi aussi.
Il m'interpella : "Holà, francesa ?"
Oui, justement…
"De donde eres en Francia ?"
Alors, je lui dis la ville d'où je venais. Il a réfléchi un court instant, et il m'a donné le numéro du département…et le nom des deux fleuves qui le bordent.
Intriguée, je me suis assise auprès de lui, sur le trottoir qui lui servait de promontoire.
Et nous avons commencé à bavarder.
2 - La conversation
Je m'aperçus avec stupéfaction qu'il connaissait, non seulement les caractéristiques géographiques de ma ville en France, ce qui était déjà très surprenant pour un cubain, mais qu'il pouvait, avec la même déconcertante facilité, citer de mémoire tous les départements français de la même manière, les numéros de département et les rivières…
Et qu'il pouvait faire la même chose pour… l'Europe entière !
Ses connaissances en histoire de France étaient tout aussi incroyables : nous avons parlé ensemble de la période de la Révolution Française, du Directoire, de Napoléon, de Charles X, de Napoleon III, de Louis Philippe…
Comment a-t-il appris tout cela ? "Dans des livres que j'ai trouvé un jour dans la rue, et que j'ai emportés chez moi", me répondit-il .…
Il m'écrit, sur un bout de papier, un poème d'une dizaine de lignes où il est question de notre rencontre, du lieu d'où je viens, et de sa plume inquiète.…
Je lui rends la politesse, et lui offre un petit texte rapide, inspiré par l'instant magique que nous sommes en train de vivre.
Il me dit qu'il a écrit aussi quelques livres.
Grâce à une amie en Argentine qui a pu le lui faire imprimer et le lui envoyer, il a eu une copie d'un de ses livres en 800 ex.
Il en vend donc quelques-uns, à l'occasion.
Ce fascicule (très artisanal), il ne le sort pourtant pas facilement, ni tout de suite : il faut longtemps l'interroger pour avoir droit à en voir un exemplaire. Je le lui achète. Je le garderai en souvenir.
3 -Taxi-Luis.
A coté de lui, il y a une brouette, et à l'avant de la roue, un écriteau : "Taxi Luis".
Je ris, croyant à une plaisanterie : mais il m'explique qu'il va à la gare routière, proposer ses services aux touristes à la descente des bus : il porte leurs bagages sur sa brouette, et les accompagne ainsi jusqu'à leur "casa".
C'est son petit métier à lui.
(Son système est très astucieux, car lorsque les touristes se rendent à pied à leur casa, les roulettes de leurs valises ne peuvent pas accuser le choc sur les pierres de ces rues mal pavées)
4 - Photos et articles
J'ai été tellement surprise par cette rencontre aussi inattendue que surprenante, que je n'ai malheureusement pas eu la présence d'esprit de prendre une photo de Luis et de son taxi.
Mais une fois en France, j'ai cherché dans Google-Images : il devait bien y avoir quelqu'un, quelque part, qui l'avait rencontré, et qui aurait - au moins - publié une de ses photos ?
J'ai trouvé les photos.
Le poème que Luis a écrit pour moi :
"Recuerdos de Trinidad
Unos vienen, otros van
Por Trinidad, feliz día
Cuando me encuentro a Sofìa
Su belleza inspirarán
Al idílico poeta
Que pide a su pluma inquieta
Un poema para ella
Por ser amable, y bella
Y la compara a Julieta
Luis Martínez
Trinidad 24/6/2017[