Nous nous fréquentons virtuellement et parfois réellement sur le forum. Nous parlons essentiellement de bourse et d'économie.
Normal me direz-vous, nous sommes sur un forum de trading. Et nous sommes bien entendus beaucoup plus que nos trades, enfin je vous le souhaite lol
Parfois, lors des ouvertures de la file du jour, nous apprenons à découvrir avec souvent surprise un membre du forum qui dévoile une passion, son métier…
Ce week-end, je vous propose de partager quelque chose qui vous tient à coeur, une passion, une recette de cuisine… qui sort du cadre du trading et de l'économie.
Je vais donc ouvrir le bal.
J'ai la chance d'être un homme passionné (plutôt que passionnant lol) et il me faudrait 50 vie pour commencer à assouvir tout ce que j'aime.
Mais parmi mes plus grandes passions que je n'ai jamais dévoilées sur le net il y a le gyotaku
le gyotaku est un art japonais qui consiste à reproduire l'empreinte d'un poisson à l'aide d'encre de Chine. Je trouve cela d'un esthétisme absolument incroyable.
Alors c'est quoi le Gyatoku ?
Le texte vient d'une exposition que j'ai vu en 2012 en Bretagne sur les liens entre la Bretagne, le Japon et la pêche.Une légende en est à l'origine...
"En 1862, pendant l'ère Edo, le seigneur Sakaï pêchait avec ses samouraïs. Ils attrapèrent une superbe dorade grise, symbole du bonheur pour les Japonais. Sa forme, ses écailles et son âme impressionnèrent grandement les guerriers. Si l'empereur avait été parmi eux, ils lui auraient offert la prise, mais l'histoire se déroule loin de la capitale, l'un des Samouraïs a alors l'idée de prendre l'empreinte de la dorade sur du papier pour en faire profiter le Mikado.
Tradition des communautés de pêcheurs, le gyotaku prend racine dans les fondements de la culture japonaise. Garder trace de la mémoire humaine est l'une des préoccupations des grandes civilisations. La société asiatique va résoudre ce problème grâce aux prémices de l'imprimerie. En encrant une pierre gravée d'un texte, puis en y appliquant un papier ou un tissu, le texte se retrouve transféré sur un support mobile, aussi léger que maniable. Ce procédé va perdurer au fil des siècles et va permettre la diffusion aussi bien des textes que d'images.
2 méthodes permettent de réaliser un gyotaku, dont les résultats sont aussi opposés que complémentaires.
La première à l'encre de chine sur un papier japonais (washi)sur lequel on obtient un motif inversé. L'encre est appliquée dans le sens des écailles. Puis le modèle est recouvert de papier et frotté à la main toujours dans le même sens de la tête à la queue. Enfin le papier inscrit d'une empreinte est décollé. L'artiste n'a plus qu'à peindre délicatement l'oeil au pinceau. C'est ce qu'on appelle des gyotakus directs.
La seconde méthode (gyotakus indirects) apparaît en 1948 sous la main de Koyoo Inada. Ce sont les débuts de l'interprétation artistique sur le support noble qu'est la soie. La couleur apporte un relief et une vie nouvelle à cet art encore expérimental. La fibre de soie se révèle idéale grâce à sa facilité d'emploi et de manipulation. L'application des couleurs est indirecte, c'est à dire qu'elles sont appliquées sur le tissu par transparence avant d'être tamponnées en fonction de l'aspect désiré.
Cette méthode exige une maîtrise bien plus élaborée, chaque oeuvre bénéficiant d'un secret transmis du maître à l'élève et traduisant le style de son auteur. La composition est accompagnée d'un texte destiné à transmettre toute sa dimension poétique."
Chaque Gyatoku raconte une histoire, c'est l'ancêtre du manga. Quand vous achetez un Gyatoku fait par un vrai artisan japonais, il vous indique qui l'a pêché (son age, sa photo...), où et quand. C'est dans le cas où vous ne pêchez pas vous même.
C'est aussi une façon d'honorer la mémoire du poisson, son empreinte reste, son négatif. les artistes contemporains se sont emparés du Gyatoku et ils le contextualisent, le support papier blanc ( traditionnel) peut être imprimé aussi en soie mais il évolue vers un support coloré, significatif. Le support peut-être un texte, un journal, un poême... . Regardez celui ci, on a l'impression du mouvement Je trouve que cela enlève totalement le côté morbide occidental de l'empaillement des animaux, là on saisit son empreinte, comme l'une des premières photos. Un grand maitre Zen disait à ce sujet : "l'essence de l'animal est dans le Gyatoku".
Voilà j'espère vous avoir fait découvrir quelque chose que vous ne connaissiez pas
Beau week-end