On m'a gentiment proposé de réunir les ouvertures de la semaine sur une autre file alors je profite d'un moment creux du week-end pour m'en charger !
Je ne le redirai jamais assez : merci pour vos retours tout au long de cette semaine. Vous êtes tous géniaux, et je suis très heureux d'appartenir à la communauté andlilienne.
Comme on dit : "Tout seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin."
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Ouverture du Lundi 30/03 :
Bonjour / Bonsoir aux andliliens et andliliennes !
C’est une première pour moi de faire une ouverture (d’autant que je suis assez discret et passe souvent en coup de vent), alors j’espère ne pas vous décevoir.
J’ai longuement hésité quant au sujet : plusieurs idées me semblaient intéressantes vis-à-vis du trading.
Finalement, mon choix s’est porté sur le Taoïsme ! J’affectionne particulièrement ce courant, que j’étudie et dont je me suis imprégné depuis plusieurs années, et je considère qu’il s’agit davantage d’un courant de pensée et d’un état d’esprit au sein de notre monde que d’une doctrine religieuse. Mais il serait présomptueux de prétendre pouvoir aborder le sujet de fond en comble en si peu de jours, je préfère donc vous présenter les origines du mouvement ainsi que quelques concepts fondamentaux sur lesquels repose le taoïsme.
Il m’arrivera de compléter des éléments par quelques informations qui pourront peut-être en intéresser certains, n’hésitez pas à vous référer au nombre correspondant en bleu pour la “note de bas de page”.
Laissez-moi donc vous conter une histoire. Légende ou vérité, peu nous importe ...
Nous sommes à Huhsien (1), dans la province de Henan (“Au Sud du fleuve”), en Chine, quelque six cents ans avant la naissance de Jésus Christ. C’est ici que naît Lao Tzu (“Vieux sage” ou “Vieil enfant”) (2), homme qui devint par la suite le gardien des archives impériales de la capitale de Luoyang. Lao Tzu est un individu brillant, considéré comme un sage parmi les siens. Sa parole est écoutée et respectée. On dit que ses yeux voient au-delà de ce qu’accepte de nous montrer le monde, que son esprit a su saisir l’essence même de toute chose.
Anecdote 1 :
Confucius aurait un jour voyagé dans le but de rencontrer Lao Tzu, dont on lui avait vanté la clairvoyance et la compréhension du monde. Il décrivit ainsi leur rencontre :
“Je sais qu’un oiseau peut voler, qu’un poisson peut nager, qu’un animal peut courir.
Pour ce qui court, nous fabriquons un filet.
Pour ce qui nage, nous fabriquons une ligne de pêche.
Pour ce qui vole, nous fabriquons une flèche.
Mais l’ascension du dragon au paradis, à travers vent et nuages, dépasse mes connaissances.
Aujourd’hui, j’ai rencontré Lao Tzu, qui est peut-être bien un dragon.” (3)
Le temps passant, Lao Tzu comprend que sa société est en déclin et devine que de terribles événements vont survenir. Il prend la décision de quitter à jamais les siens, s’en allant en direction du désert, de l’autre côté du fleuve. Pour ce faire, il doit traverser le col de Hangu. Mais il y est arrêté par un certain Yin Xi, gardien du col, dont l’oreille a déjà entendu parler de la sagesse de Lao Tzu. Le gardien demande une faveur au sage : “Puisque vous nous quittez, écrivez-moi l’essence de votre savoir.”
C’est ici que voit le jour le Tao Te Ching (“Le livre de la voie et de la vertu”) (4). Ce livre exprime ce qui s’approche au plus près, à l’aide de mots, du Tao, sans pouvoir parfaitement le définir (attention, ce point est important). Au travers des siècles, des extraits de ces écrits ont pu être retrouvés (5). Le texte a été reconstitué aussi fidèlement que possible. Mais le temps a joué sa musique, et les mots ne suffisent pas à transcrire un concept aussi profond que le Tao. Nombreux sont ceux qui, forts de leur compréhension du texte, en ont proposé une interprétation. Elles ont toutes leur intérêt, sont nuancées par la culture contemporaine de l’auteur, sont toutes à la fois proches et lointaines du texte original.
Anecdote 2 :
Lorsque quelqu’un s’initie au taoïsme, il n’est pas rare qu’il pose la question suivante : “J’ai lu le Tao Te Ching, et maintenant ?”
Il est coutume de lui répondre : “Recommence, et ce chaque jour. Tu auras ta réponse lorsque tu ne te poseras plus la question.”
Chers amis, je tiens quand même à terminer mon histoire du jour : notre sage, son texte rédigé, traversa le col et disparut.
Le Tao Te Ching, ultime trace de l’existence de Lao Tzu, contient entre 5000 et 5500 caractères chinois répartis par les interprètes en 81 chapitres pour en rendre la lecture accessible. Il est vraisemblablement scindé en deux parties : la première traitant du Tao (“Le chemin” ou “La voie”), la seconde du Te (“La vertu”). Le style se veut court mais poétique, précis dans le choix des mots mais suffisamment vague pour laisser place à une myriade d’interprétations. Sa structure grammaticale est complexe à déchiffrer, ce qui étonne souvent au regard du nombre réduit de caractères employés.
Pour parachever mon propos du jour, j’aimerais attirer votre attention sur un dernier élément important, qui interroge bien souvent. Voici une traduction de la première phrase du chapitre 1, la première phrase du Tao Te Ching :
“Le Tao qui peut être exprimé par des mots n’est pas le vrai Tao.”
Ainsi, quand bien même nous lirions et analyserions avec la plus grande des volontés les mots de Lao Tzu, cela ne suffirait pas à saisir l’essence du Tao. Selon moi, le Tao se vit plus qu’il ne se comprend, il se perçoit dans le croisement de l’imperceptible et de l’évidence. Il semble être à la fois le lien qui unit toute chose, mais aussi le chemin qu’entreprend toute chose du début à la fin, quand bien même il y aurait un “début” et une “fin”.
Séquence Trading :
Nous pouvons d’ores et déjà établir un parallèle intéressant avec les paroles longtemps répétées par notre hôte Benoist jusqu’à ce jour. Je vais oser le pastiche suivant :
“Le Trading qui peut être exprimé par des mots n’est pas le vrai Trading.”
Autrement dit, tout comme pour le Tao, chacun doit se faire sa propre idée de son trading et du trading en général. Il est vain de penser que c’est en lisant ou en écoutant les traders parler de leur trading que l’on comprend ou apprend à trader. Vivez cette expérience par vous-même et pour vous-même.
On peut légitimement s’intéresser à la façon de faire de Benoist, mais souhaiter la reproduire n’amènera en aucun cas un résultat identique.
Mais nous pouvons encore aller au-delà : il est plausible que vous-même ne puissiez jamais expliquer parfaitement votre propre trading. Que vous n’ayez pas conscience de certains facteurs qui le constituent et le régissent. Et ça n’est pas un mal, loin de là ! Il est très sain que certaines choses nous restent inconnues ou subconscientes.
Ce sera la seule phrase du chapitre 1 que je présenterai, car il s’agit selon moi de l’un des chapitres dont la compréhension nécessite le plus long cheminement. Nous reparlerons du concept même du Tao en fin de semaine. Cela ne nous empêchera pas de discuter des autres chapitres (principalement les premiers, dans un souci de clarté), dont les concepts magnifiques peuvent permettre de voir la vie différemment, tout comme le trading !
Merci pour votre attention ! Je ne le répéterai jamais assez. J'espère vous avoir intéressés, n'hésitez pas à me faire des retours pour que je sache si je dois adapter certains points ! Il m'arrive fréquemment, comme tout passionné qui se respecte, de m'égarer.
Notes de bas de page :
(1)
Ouverture du Mardi 31/03 :
Ami(e)s -(ne)s, salut !
Laissez-moi aujourd’hui vous présenter le concept du Taiji !
Reconnaissez-vous ce symbole ?
“Bien sûr, c’est celui du Yin-Yang !”
Eh oui, c’est effectivement un symbole qui a parcouru le monde et que nous trouvons même dans les pays occidentaux aujourd’hui ! En vérité, ce symbole s’appelle le Taiji (1). C’est une représentation de la dualité présente en toute chose, mais aussi de l’équilibre entre toute chose.
Sans plus en dire pour le moment, laissez-moi vous proposer trois extraits du Tao Te Ching. Je vous invite à les lire une première fois, puis à vous interroger par vous-même quant à la notion d’équilibre :
Extrait du chapitre deux :
“Le monde entier reconnaît la beauté.
Mais si une chose devient belle, une autre devient laide.
Le monde entier reconnaît le bien.
Mais si un acte devient le bien, un autre devient le mal. (2)
Ainsi, l’être et le non-être se construisent l’un dans l’autre ;
Le facile et le difficile se complètent l’un et l’autre ;
Le long et le court se donnent mutuellement forme ;
Le haut et le bas reposent l’un sur l’autre ;
Le ton et la voix s’harmonisent ;
L’avant et l’après sont la conséquence l’un de l’autre.”
Extrait du chapitre neuf :
“Remplissez le vase jusqu’à sa limite, et vous risquerez de le faire déborder.
Aiguisez toujours plus votre lame, et son tranchant, tôt, s’émoussera.
Amassez toujours plus de trésors, et vous ne pourrez plus les protéger.
Vantez-vous de vos succès, et vous attirerez le malheur. (3)
Ainsi, quand votre tâche est terminée, retirez-vous.”
Extrait du chapitre onze :
“Pétrissez de la glaise pour en faire un vase.
C’est grâce au vide qui le constitue que vous en aurez l’usage.”
A travers ces trois extraits, nous comprenons mieux ce que représente le Taiji.
Reprenons à présent le symbole que je vous ai montré au début de mon message. Nous observons deux forces opposées (dualité blanc – noir) qui se se suivent l’une l’autre dans un mouvement de rotation cyclique. Mais nous voyons également qu’à l’origine de ces forces, en leur coeur, réside le noyau de la force opposée. (4)
Ainsi, chaque force est la conséquence de l’autre non seulement par le mouvement qu’elles ont ensemble créé, mais aussi car leur naissance même a lieu au sein de leur jumelle pourtant opposée.
C’est, aux yeux des taoïstes, la parfaite représentation de l’équilibre existant entre toute dualité (5).
J’attire à présent votre attention sur une phrase du dernier extrait présenté, celui du chapitre onze : “C’est grâce au vide qui le constitue que vous en aurez l’usage.”.
Je trouve ceci particulièrement intéressant pour nos sociétés occidentales très matérialistes : la matière et le vide agissent ensemble, se construisent ensemble, sont indissociables. L’un n’aurait de but sans l’autre.
La séquence Trading :
Vous devinez de quelles dualités nous pouvons parler. :musique:
Il y a d’abord celle, très présente parmi les traders, de “Gagner – Perdre”. L’un ne va pas sans l’autre.
Nous avons supposé que toute chose dépend à la fois de son caractère intrinsèque et de sa relation avec ce qui l’entoure et particulièrement ce à quoi elle s’oppose en apparence.
Ainsi : Ne doit-on pas accepter de perdre à certains moments pour gagner à d’autres moments ? L’essence même de notre réussite ne naît-elle pas de nos échecs passés ?
Lorsque nous perdons sur un trade, d’autres gagnent sur ce même trade.
Nous pouvons aussi, évidemment, mettre en lien les phases de marché : “Hausse – Baisse”.
Le caractère cyclique du Taiji est alors très facilement perçu dans le trading : Récurrences ? Répétition de Gann (elle est pour toi celle-là, Treve ) ? Elasticité du cours ?
Enfin, je reviens sur mon idée de vide au creux du vase :
Pétrissez votre méthode, personnalisez-la au gré de vos envies.
Mais n’oubliez pas que c’est cette part de vide qui persistera en son sein, cet espace de psychologie que vous n’aurez pas comblé de matière sécurisante, ce vide incertain que vous ne pouvez toucher du doigt… qui fait votre réussite.
Anecdote :
Pour finir aujourd’hui, une courte histoire qui, je l’espère, vous fera sourire et réfléchir, faire du lien, peut-être, avec le concept de Taiji que nous venons d’analyser :
“Un jour, deux inconnus quittent leur même ville natale.
Coïncidence, ils ne se connaissent pas encore mais ont tous deux même destination.
Ils appellent chacun un taxi, le même homme leur répond et vient les chercher.
Les deux inconnus, une fois installés côte à côte à l’arrière du taxi, font route.
En quittant leur ville natale, le conducteur leur demande :
“Je n’étais jamais venu ici. Comment était la ville que vous quittez ?”
Le premier homme lui répond :
“C’était une ville horrible, j’ai toujours détesté y habiter ! Le temps maussade, la nourriture fade ! Les gens y sont désagréables, vous ne recevez jamais un bonjour ni un merci !”
Le second homme lui répond :
“C’était une ville magnifique, je la regretterai ! Qu’il y fait bon vivre. Les gens y sont doux et aimables, souriants, généreux. Quel plaisir c’était !”
Poursuivant leur chemin, les deux hommes interrogent finalement leur chauffeur :
“Mais au fait, vous qui habitez notre destination, comment est-ce là-bas ?”
Le chauffeur de leur répondre :
“Oh, vous savez, les gens ne sont pas si différents là-bas de ceux que vous me décrivez !” ”
Pour toute chose, il y aura toujours deux perspectives.
Pour toute chose, il y aura toujours quelqu’un pour ne voir qu’une unique perspective.
Mais toute chose en a besoin et vous en remercie, là est le miracle.
Merci pour votre attention !
(1)
Ouverture du Mercredi 01/04 :
Psephurus gladius. Ce poisson spatule chinois, aujourd’hui disparu, n’a plus été aperçu dans le fleuve Yang-Tsé depuis 2003. Nos agents vous demandent la plus haute mobilisation ! De fait, merci à chacun de vous de regarder dans votre dos … si on ne vous en a pas collé un !
Humour, humour … (1)
“Poisson d’Avril, soit ! Mais tu aurais au moins pu faire une blague de taoïste !”
Quoi ?! Ne me tentez pas ! Allez, une petite pour vous éveiller un peu les maxillaires !
“Un jeune apprenti, un jour, vient à l’encontre du sage et le questionne :
“Maître, si je mets du coeur à l’ouvrage, dans combien de temps atteindrai-je le Tao ?”
Le sage le regarde attentivement, de haut en bas, et lui répond : “Dix ans.”
L’apprenti, surpris, poursuit : “Non, je veux dire, si je travaille très dur, combien de...”
Le sage lui coupe la parole : “Pardonne-moi, je t’ai mal jugé. Vingt ans.”
“Attendez, vous ne comprenez pas ! Je suis vraiment...” continue le jeune homme ;
“Trente ans.” conclut le sage.” (2)
Au-delà du rire que suscite cette histoire, un concept très intéressant y est traité. Celui-ci se nomme le concept du P’u. En anglais, il a été traduit en “Uncarved block concept” : Le concept de la roche brute (3).
Il repose sur l’idée que le chemin doit être parcouru dans la simplicité. Il faut désapprendre au lieu de vouloir en apprendre toujours plus.
Tout comme hier, je n’en dis pas plus pour le moment. Voici quatre extraits qui sauront bien mieux vous l’expliquer que moi :
Extrait du chapitre trois :
“Le sage vous garde innocent de toute connaissance et ainsi libéré de tout désir.”
Il est en effet souvent admis que lorsque nous ne connaissons pas l’existence d’une chose, nous ne la regrettons pas : “You don’t know what you’ve missed.” - “Vous ne savez pas ce que vous avez manqué.”
Extrait du chapitre douze :
“Les cinq couleurs aveuglent l’oeil.
Les cinq sons assourdissent l’oreille.
Les cinq saveurs font perdre le goût. (4)
Courir et chasser épuisent l’esprit.
Les biens précieux égarent l’homme.
Ainsi le sage est guidé par ce qu’il ressent et non par ce qu’il voit.
Il renonce à une chose et en adopte une autre.”
Comme on dit : trop d’information tue l’information !
Extrait du chapitre dix-neuf :
“Manifestez de la sobriété ;
Embrassez la simplicité ;
Restreignez l’égoïsme ; (5)
Ayez peu de désirs.”
Extrait du chapitre quarante-huit :
“Dans la poursuite de l’apprentissage, chaque jour quelque chose est accumulé.
Dans la poursuite du Tao, chaque jour quelque chose est délesté.”
Ce ne sera donc qu’une fois que sa vision sera la plus épurée possible, lorsqu’il se sera concentré sur l’essentiel, que l’individu discernera ce qui est réellement important.
La séquence Trading :
Aujourd’hui encore, un lien évident peut être tissé avec les mots de Benoist : c’est dans la simplicité que vous réussirez votre trading.
En voulant ajouter toujours plus d’informations sur votre graphique, de nouveaux indicateurs, des couleurs à foison, vous détournez votre regard et votre esprit de l’essentiel. Il n’y a, en vérité, qu’un prix. Une valeur chiffrée qui monte ou descend au gré des décisions, rarement conscientes, d’un groupe gigantesque dont nous faisons partie.
A l’extrême, nous pourrions n’avoir qu’un nombre sous les yeux, variant chaque seconde.
Bien sûr, l’exercice, dans sa plus pure simplicité, serait alors d’une complexité extrême.
La nature nous a attribué des sens. Servons-nous en. Mais utilisons-les de façon juste, équilibrée, raisonnable.
Un enfant peut réussir à trader car il voit l’essence du trading. Cette essence que nous oublions lorsque nous voulons trop apprendre et trop comprendre. Il n’y a pas à apprendre, il y a à vivre, à ressentir.
Ceci nous amène à un autre point : l’instinct. Faites-vous confiance, plus que vous ne l’accordez à vos indicateurs. Expérimentez le trading avec vos ressentis. Faites corps avec lui jusqu’à ce que le chemin que prend le cours soit une évidence pour vous. Respirez avec lui.
Allez, une dernière courte histoire, pour la forme, parce qu’on est le 1er Avril, et parce que je sais que ça vous plaît au fond !
“Un américain, célèbre savant ayant étudié dans les plus grandes écoles de son pays, voyage un jour dans le but d’acquérir les connaissances du sage.
Tout juste arrivé au temple, il s’empresse d’aller à la rencontre du sage et ne perd pas une seconde avant de lui demander :
“Grand maître, j’ai franchi chaque obstacle que la vie m’a présenté. Le Tao est le dernier, transmettez-moi votre savoir.”
“Prendrez-vous un peu de thé ?” lui répondit le sage.
L’américain acquiesce et regarde le sage remplir sa tasse. La remplir, toujours plus. La tasse déborde, mais le sage continue à verser le thé. Son invité, stupéfait, ne parvient finalement pas à se retenir :
“Mais enfin, vous voyez bien que ça déborde !”
Le sage lui répond : “Cher ami, votre tasse était déjà pleine et vous souhaitiez malgré tout que j’y verse mon savoir. Qu’espériez-vous ?” ”
Merci de votre attention !
(1)
Ouverture du Jeudi 02/04 :
Bon matin aux -(ne)s !
Aujourd’hui, nous aborderons le concept de Wu-wei (1) : c’est, par un choix conscient, en n’agissant pas que le sage atteint son objectif, bien plus que s’il avait agi. Cette notion clé est fréquemment traduite par “If nothing is done, nothing is left undone.”, ce qui pourrait donner en français “Si rien n’est accompli, rien n’est négligé.” mais également être interprété comme “Si rien n’est fait, rien n’est à défaire.” (2) (dans ces deux interprétations, nous revenons sur la notion de dualité !)
Nous avons tendance, à nouveau occidentaux, à penser qu’il est nécessaire d’être dans l’action. Montrer que nous faisons quelque chose, que nous servons à quelque chose. Bien souvent, pourtant, les choses pourraient se faire d’elles-mêmes.
En réalité, au-delà du seul non-agir qui serait très réducteur, le concept de Wu-wei fait davantage appel aux notions de non-interférence, de spontanéité, et d’acceptation. Il ne s’agit donc pas nécessairement de ne pas faire quelque chose, mais plutôt de ne pas empêcher que les choses se fassent seules, ne pas aller contre le courant (ce dernier point est très important). Laissez-vous guider sur le bon chemin, laissez-vous porter...
Prenons le temps d’être observateurs, nous en avons le droit. Voici quatre nouveaux extraits :
Extrait du chapitre deux :
“Le sage accomplit sa tâche, mais ne revendique ni crédit ni mérite.
C’est parce qu’il n’y prétend pas que personne ne peut les lui retirer.”(3)
Extrait du chapitre dix-sept :
“Les plus grands dirigeants sont ceux dont les gens sont à peine conscients de l’existence.
[…]
Le sage s’efface de lui-même et ses mots se font rares.
Quand sa tâche est accomplie, on entend les gens se féliciter :
“Nous l’avons fait nous-mêmes !” (4)”
Extrait du chapitre quarante-sept :
“Il n’est pas nécessaire de sortir de chez soi
Pour connaître le monde entier.
Il n’est pas nécessaire de regarder à travers sa fenêtre
Pour savoir ce que nous apporte le ciel.
Le plus loin vous irez, le moins vous saurez.
Ainsi le sage sait sans chercher ;
Voit sans regarder ;
Accomplit sans agir.”
Extrait du chapitre soixante-quatre :
“Faites, et vous ferez mal.
Choisissez de lutter, et vous perdrez.
En ne faisant pas, le sage ne peut mal faire.
En choisissant de lâcher prise, il ne perd rien.
[…]
C’est pourquoi le sage n’éprouve aucun désir.
Il ne s’intéresse pas aux trésors précieux.
Il ne reste figé sur aucune idée.
Il s’attarde sur ce que les autres ont délaissé.
Il laisse faire les choses telles qu’elles sont,
mais ne s’impose jamais d’agir.”
C’est à mes yeux l’un des plus beaux concepts du Tao. Vous remarquerez que les dernières phrases de chaque extrait sont relativement proches : nous ne devrions jamais avoir à nous imposer de faire quelque chose. Laissons-nous guider, laissons les choses se faire naturellement. Agissons de façon fluide et spontanée. Personne, alors, ne remarquera que nous avons agi car c’était tellement naturel !
Selon moi, c’est ainsi que nous obtenons les meilleurs résultats : quand une chose devient tellement évidente qu’on la pense faite d’elle-même, elle n’est alors plus remise en cause.
La séquence Trading :
Vous me voyez venir avec mes grands sabots ! Le concept de Wu-wei est évident lui aussi dans le trading : il vaut parfois mieux ne rien faire plutôt qu’agir et faire une erreur. Plus précisément, être spontané dans le trading, c’est être capable de sentir quand “Là, je force les choses. Je ferais mieux de ne pas rentrer en position, je vais plutôt rester observateur.”.
Laissez les mouvements du cours vous montrer la direction, vous emmener où ils veulent. La réponse, savoir quand entrer en position, vous apparaîtra alors d’elle-même au moment propice.
A présent, faisons le lien entre le concept de Taiji vu ensemble mardi et celui de Wu-wei vu aujourd’hui.
Vous vous rappelez assurément de la phrase “Remplissez le vase jusqu’à sa limite, et vous risquerez de le faire déborder”. Il ne faut pas chercher à toucher les extrêmes, mais plutôt tendre vers un équilibre dans la modération. Croisons ceci avec l’idée d’un trading qui ne soit pas forcé, naturel et spontané.
On obtient ainsi l’idée suivante : quand vous accompagnez un mouvement, assurez-vous de le faire sur un temps bref et très naturel du mouvement. Ne cherchez pas à le prendre tout en bas et à le quitter tout en haut, vous risquez sinon de vous faire prendre à votre propre jeu !
Eh oui, nous retrouvons à nouveau les paroles de Benoist et des traders japonais !
Voilà pour le trading !
”Sgad, pas d’histoire aujourd’hui ?!”
Ah, ça tombe bien ! Il m’en vient une en lien avec notre concept du jour ! J’espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j’en ai à vous l’écrire !
“Une nuit, un bouddhiste, un bouddhiste zen, un taoïste et un athée se réunissent, assis devant un lac gigantesque.
Ils savent tous qu’une fois par an, un magnifique lever de soleil s’y produit. Il doit avoir lieu ce matin même.
Mais cette nuit-là, un froid particulièrement glacial prend place. Un puissant vent contraire souffle face à eux.
Le bouddhiste serre les dents et endure le froid et le vent. Il sait que cette souffrance est nécessaire, il sera récompensé d’ici quelques heures.
Le bouddhiste zen endure lui aussi cet air glacé, ce vent violent, et s’efforce de sourire. Il sait être reconnaissant par avance, et accepte le défi qu’on lui tend.
L’athée sort de son sac à dos un duvet bien chaud et s’y emmitoufle. Il se félicite d’avoir été prévoyant, ce froid et ce vent ne sont pas de taille face à lui.
Le taoïste contemple les trois hommes, respire l’air, ressent le vent. Puis il quitte les lieux.
Ce matin-là, les trois hommes sont repartis bredouille. La brume était si dense que jamais les rayons du soleil n’ont pu la traverser.
Le taoïste, emporté par le vent qui l’accompagnait dans son dos, Futures détourné de son chemin. Guidé par ce dernier, il découvrit un petit point d’eau, ridicule face au premier, auquel personne n’avait fait attention. Ici, point de froid, point de vent, point de brume au matin.
Le spectacle Futures magnifique.”
Ceci, mes amis, est le concept de “Going with the flow” - “Se laisser porter par le mouvement”. C’est l’état d’esprit le plus à même de vous transporter là où vous souhaitez aller. C’est la clé de tout.
Ainsi aujourd’hui, je finirai par une courte citation :
“Face à l’esprit imperturbable, l’univers tout entier s’incline.”
Merci pour votre attention !
(1)
Ouverture du Vendredi 03/04 :
Bon vendredi à tout le monde !
Eh oui, c’est déjà la fin de la semaine … Que c’est passé vite pour moi.
Nous allons conclure cette semaine en abordant le concept de Te (la “Vertu” dont nous parlions en début de semaine) et en croisant l’ensemble de ce que nous avons vu chaque jour pour conclure.
Le concept de Te représente l’intégrité ainsi que les valeurs et principes qui guident notre personnalité individuelle vers ce qui lui semble être juste et bon. Les taoïstes considèrent que c’est en travaillant notre Te que nous nous approchons de l’essence du Tao.
Afin de comprendre ce que peut être notre si belle personnalité, voici quelques extraits :
Extrait du chapitre huit : (1)
“La plus grande des bontés est à l’image de l’eau.
L’eau sait faire le bien auprès de tous sans fournir d’effort.
Elle habite les lieux que méprisent les autres.
Ainsi, elle est au plus près du Tao.
Quand vous choisissez votre place, restez les pieds sur terre.
Quand vous cultivez votre esprit, plongez dans les profondeurs cachées.
Quand vous traitez avec autrui, soyez doux et gentil.
Quand vous parlez, soyez sincère.
Quand vous gouvernez, soyez juste.
Quand vous travaillez, soyez compétent.
Quand vous agissez, faites-le au bon moment.
C’est parce que l’eau se refuse tout rival,
qu’à son égard, on se refuse tout reproche.”
C’est, en vérité, mon chapitre préféré !
J’essaye, au quotidien, de n’être qu’eau.
Laissez votre égo au placard, vous n’en serez que plus léger.
Ne cherchez pas la compétition, le “mieux”, le “toujours plus”. Le “bon” et le “différent” nous suffiront.
Vous souvenez-vous de la note de bas de page de lundi sur l’habitat des dragons ? Qu’avait conclu Confucius au sujet de Lao Tzu déjà ...
Extrait du chapitre vingt-sept :
“La meilleure des portes n’est pas fermée à clé,
pourtant personne ne cherche à l’ouvrir.”
Magnifique. Quand les choses vont dans le bon sens, nul besoin de forcer : tout se fait tout seul.
Extrait du chapitre soixante-sept :
“Je possède trois trésors.
Je les entretiens et les protège.
Le premier est la pitié.
Le deuxième est la sobriété.
Le troisième est la modestie.
Parce que je suis clément, je peux être courageux.
Parce que je suis frugal, je peux être généreux.
Parce que je ne me permets pas d’être à la tête, je peux montrer le chemin.
Mais être brave sans compassion,
être généreux sans retenue,
désirer être le premier,
n’amèneront que le désastre.
La compassion offre la victoire, elle survit à toute attaque.
Le ciel l’a créée pour nous protéger et nous sauver.”
Le chemin ne s’éclaire-t-il pas de lui-même ? Soyons tous altruistes : c’est en aidant les autres que l’on avance soi-même.
La séquence Trading :
Elle sera courte mais impactante, je l’espère.
Nous avons la chance d’avoir à nos côtés des personnes comme Benoist, comme Amarantine, comme Louis, comme Treve, comme Miju, comme Baechler, comme DarkPoule, comme vous qui me lisez, assurément. N’oublions personne (Guipit, tu nous lis peut-être, tête de mule ! ).
Ces gens prennent du temps pour nous accompagner, beaucoup de leur temps. On ne remerciera jamais assez Benoist pour tout le temps pris à mettre en place tout cet univers qu'est Andlil. Ils ne le font pas pour eux-mêmes, mais pour nous. Ce sont de belles personnes.
Chacun, à sa manière, peut rendre la pareille. Chacun peut contribuer à nous faire avancer tous ensemble. Tendez la main.
Alors … c’est à vous !
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(2) Cette semaine, nous avons vu que toute chose trouve un équilibre par rapport aux autres au sein de l’univers, que tout est en lien. Le Taiji soutient toute chose, il est derrière, accompagne, c’est son Te.
Nous avons vu que c’est dans la simplicité et l’énergie la plus pure que nous trouverons la solution.
Cette solution, elle se présentera d’elle-même, ne cherchons pas à interférer ou à forcer les choses, suivons le mouvement.
Enfin, nous avons vu qu’il n’est pas besoin de faire de grandes choses pour faire de belles choses. Ce sont les petits gestes du quotidien, mis bout à bout, qui font ce que vous êtes. Soyez-en fiers.
Merci pour votre attention !
“… Sgad … Notre histoire !”
“En lavant son bol dans un ruisseau, un sage voit un jour un scorpion se noyer.
Le sage le tire de l’eau, et le scorpion le pique.
Surpris par la douleur, il lâche l’animal qui retombe à l’eau.
Le sage se penche de nouveau, le sauve de nouveau, et le scorpion le pique de nouveau. (3)
Un jeune disciple, observant la scène, s’approche alors et lui dit :
“Maître, ne comprenez-vous pas qu’à chaque tentative de le tirer hors de l’eau, il vous piquera ?”
Le sage répond : “La nature du scorpion est de piquer. Cela ne changera pas la mienne qui est d’aider.”
S’aidant d’une feuille, le sage tire enfin le scorpion. Puis il s’adresse à son disciple :
“Ne change pas ta nature si quelqu’un te blesse, prends tes précautions.
Les uns poursuivent le bonheur, les autres le créent.
Quand la vie te présente mille raisons de pleurer, montre-lui que tu as mille raisons de sourire.
Préoccupe-toi de ta conscience et non pas de ta réputation.
Car ta conscience est ce que tu es, ta réputation est ce que pensent les autres de toi.
Et ce que les autres pensent de toi… C’est leur problème.” ”
Quelques références pour s’initier