Cette fois-ci, un petit article sur votre cerveau ! La recherche par mots clés sur le forum n'a pas donné de résultat vraiment détaillé, alors c'est l'occasion !
Historiquement, les recherches en neurosciences et en psychologie cognitive nous ont permis d'identifier et de classifier les différentes zones cérébrales non seulement en fonction de leur localisation mais également suivant les fonctions qui les impliquent !
Bien sûr, avec le temps, nous nous sommes rendus compte que rien n'est ni tout noir, ni tout blanc : lorsque nous sollicitons l'une ou plusieurs de nos compétences, c'est un ensemble de zones qui se coordonnent, s'activant simultanément pour répondre au besoin (formulé consciemment ou pas, évidemment).
Il est ainsi loin le temps où l'on pensait qu'une unique zone, bien spécifique, servait pour une unique fonction, bien spécifique, etc.
Le cerveau, tel est un chef d'orchestre, va faire jouer plusieurs familles d'instruments simultanément et successivement pour créer sa belle oeuvre.
Mais ceci ne rend pas pour autant erronée la façon que nous avons de délimiter lesdites zones !
Pour faire simple, on dénombre trois grandes zones (on pourrait rédiger des articles entiers sur chacun, ça n'est pas le but ici) :
- le néo-cortex ;
- le système limbique ;
- le cerveau reptilien.
Eh bien, il faut savoir que ces trois zones sont toutes impliquées dans notre processus décisionnel : elles influencent nos décisions de tous les jours ! Ca vaut bien sûr pour le trading ... Il m'a donc semblé important de les détailler un peu !
Parce qu'un schéma vaut mieux que de disséquer un cerveau, en voici un simplifié d'une coupe sagittale médiane du cerveau :
1) Le néo-cortex :
Appelé aussi "cerveau supérieur", il contient la plus grande part des hémisphères cérébraux : ce sont les zones qui reçoivent l'information sensorielle (le stimulus externe est capté par nos sens puis transmis au système nerveux central (SNC) par des fibres afférentes), en font un traitement intellectuel ou procédural, et génèrent une réponse motrice (la réponse est transmise au corps depuis le SNC par des fibres efférentes cette fois-ci).
Il gère donc tout ce qui concerne le langage, une partie de la pensée abstraite et de l'imagination, une partie de nos capacités d'apprentissages, ainsi que les aspects sensoriels et moteurs.
Sa capacité d'adaptation est rapide par rapport aux deux autres, mais sa réponse est générée plus lentement (de l'ordre de 3 secondes, variable avec l'âge, la fatigue, etc.).
On peut dire que le néo-cortex raisonne, il est rationnel. Il nous aide à prendre du recul face à une situation, à ne pas réagir précipitamment.
Il contient notamment tout le cortex frontal qui nous sert à planifier, organiser, anticiper, résoudre des problèmes, mais aussi à adapter nos réactions à notre environnement social par la flexibilité mentale.
Il a un rôle très important de filtre : il trie les messages qu'il reçoit des deux autres cerveaux. On peut le remercier, car ses camarades sont des bavards !
Face à une situation nouvelle ou complexe, le néo-cortex va élaborer une stratégie en fonction des éléments connus pour fournir la réponse la plus adaptée selon lui.
Comment agir sur le néo-cortex ?
Afin que son fonctionnement soit optimal, l'idéal est de mettre dans de bonnes conditions ses deux compères, ce que nous verront plus bas. Il est ensuite possible de :
- Donner à votre cerveau un sentiment de contrôle et de rationnalité : rien n'est laissé au hasard ;
- Apporter des justifications rationnelles ;
- Utiliser le principe d'autorité : si Benoist vous dit que "C'est comme ça", alors c'est comme ça et pas autrement !
2) Le système limbique :
Appelé aussi "méso-cortex" / "cerveau mammalien", il contient :
- le thalamus : régulateur de l'état de vigilance et du sommeil ;
- l'hypothalamus : régulateur du système nerveux autonome, de certaines fonctions endocrines et de fonctions telles que la faim, le rythme circadien, la thermorégulation, etc.
- l'hippocampe : siège de la mémoire, de l'exploration spatiale, participe à l'attention et l'inhibition de comportements ;
- l'amygdale : gère les émotions (je simplifie) et nuance les réponses données aux stimuli externes, notamment pour la peur et l'anxiété.
Sa capacité d'adaptation est relativement lente. On peut dire que le système limbique s'émeut.
Vous vous en doutez, ce système joue un rôle fort dans notre motivation (plaisir ou amertume procurés par nos réussites et nos échecs), dans nos croyances et notre apprentissage.
Il nous aide à distinguer le bien du mal, l'autorisé de l'interdit, le "j'aime" du "j'aime pas".
Le système limbique nous aide à automatiser certaines procédures qui deviennent routinières. Il nous permet ainsi d'économiser des ressources en ne sollicitant pas le néo-cortex : il juge que la situation est suffisamment simple et connue pour ne pas avoir à élaborer de nouvelles stratégies. Il participe ainsi à nous faire appliquer des stratégies pré-établies que nous maîtrisons bien.
Comment agir sur le système limbique ?
Agir sur le système limbique, c'est lui faire éprouver du plaisir. Pour ce faire :
- Travailler sur le multi-modal : plus on active de sens (vision, olfaction, audition, tactile, etc.), plus on consolide l'information ;
- Associer un événement présent à un autre passé dont la charge affective était très positive pour nous ;
- Inversement, on peut aussi contraster les choses : opposer l'événement présent à ce qu'on ne veut pas qu'il soit ;
- Faire du story-telling : lorsqu'on se raconte une histoire, on y met du vécu et de l'émotion.
3) Le cerveau reptilien :
Appelé aussi "cerveau viscéral" / "cerveau primitif / archaïque", il contient le tronc cérébral et le cervelet.
Il gère les fonctions vitales de l'organisme : fréquence cardiaque, respiration, pression sanguine, équilibre, température, alimentation, reproduction, pulsions, instinct de survie.
En effet, ce dernier point est important : il va participer à déclencher chez nous des réactions réflexes telles que la fuite, l'affrontement (agressivité), ou l'inhibition (immobilisation / faire le mort) s'il juge que nous sommes dans une situation où vous êtes en danger. Il génère une réponse instinctive.
Sa réaction est très basique, on en vient presque à dire qu'il est "binaire" : action => réaction. Du fait de son comportement très prédictif et relativement universel, le cerveau reptilien est facilement manipulable.
On peut dire que le cerveau reptilien veut nous garder en vie. Il a donc tendance à voir les choses de manière pessimiste.
Ce cerveau n'est quasiment pas adaptable : un même stimulus générera immédiatement une même réponse réflexe. Le processus d'évolution de la réponse est excessivement long, voire impossible dans certains cas. Il est en vérité extrêmement difficile de lui résister.
En revanche, il est extrêmement rapide à répondre (quasi instantané) !
Anecdote 1 :
Le problème du cerveau reptilien, c'est qu'il a tendance à déformer notre perception de la réalité. Il peut se focaliser sur un détail défavorable sans tenir compte de l'ensemble, dresser des conclusions sans preuves. Il maximise la perception des éléments négatifs, sur-généralise à partir de faits isolés, etc.
Dans sa précipitation, en déclenchant un stress important, il peut entraîner le système limbique avec lui : les émotions se déchaînent à leur tour ! Bref, on perd le contrôle de nos décisions.
Comment agir sur le cerveau reptilien ?
Agir sur le cerveau reptilien, c'est le faire se sentir en sécurité. Pour ce faire :
Les trois stimuli principaux auxquels réagit le cerveau reptilien : le danger, la nourriture, le sexe. Ca ne nous avance guère ! :roll:
En réalité, il a été démontré que deux autres éléments étaient importants pour minimiser son déclenchement :
- maximiser le calme de notre environnement ;
- réguler notre respiration.
Tiens donc ! Notre hôte n'a-t-il pas déjà parlé de cohérence cardiaque ? On comprend mieux certaines choses !
Réguler notre respiration peut se faire au travers d'exercices spécifiques, d'une activité physique régulière, et/ou grâce à la méditation.
Il semblerait que cette dernière soit particulièrement efficace : des études ont démontré qu'elle accélérait même la vitesse de transmission de l'information depuis le reptilien ou le limbique vers le néo-cortex.
En supplément, on peut aussi :
- jouer sur les informations visuelles : des couleurs qui détendent, des images dont les mouvements sont lents et réguliers, périodiques ;
- jouer sur notre langage : des phrases claires, courtes, simples, concrètes et précises. C'est sécurisant pour lui ;
- jouer sur le mimétisme : il est sécurisant pour lui de "faire pareil que".
C'est très intéressant pour notre trading et, à nouveau, ça explique beaucoup de choses ! En somme, si on a des graphiques visuellement adaptés, une information claire, simple (pas trop d'indicateurs), dans une situation bien connue nous permettant de faire pareil que ce qu'on a déjà fait par le passé, c'est très sécurisant ! On ne déclenche par le reptilien, on trade de façon rationnelle, posée, calme.
L'inverse déclenchera beaucoup plus tôt notre reptilien, nous fera perdre le contrôle, générera une réponse souvent inadaptée dans le but de nous protéger.
Transversalité et interconnexion :
Bien qu'elles travaillent de concert, les trois zones ne reçoivent pas l'information en même temps ! Une partie de l'information transite d'abord par les systèmes limbique et reptilien avant de parvenir au néo-cortex.
Ces deux premiers systèmes en profitent pour avoir une influence phénoménale sur le néo-cortex. Ce sont de vrais hackers capables de déstructurer ses analyses rationnelles ! C'est précisément ce qui se produit dans les situations de stress : réaction impulsive.
Mais ça, nous le verrons au prochain chapitre !