B- … Et théorisée par Alberti
Alberti, dans son traité « della pictura » écrit en 1435, condense et cristallise ces premières découvertes en les théorisant.
Il en fait alors un outil efficient, un tronc commun de connaissances, réutilisable à souhait. Et durant 4 siècles, peintres et architectes s’en sont servis, les premiers pour leurs œuvres, les seconds pour coucher leurs projets sur le papier.
« Dans le De Pictura Alberti développe pour la première fois les principes de la perspective linéaire qui vont révolutionner la peinture italienne de la Renaissance.
Il considère le tableau comme une fenêtre ouverte sur le réel et expose en outre le procédé de l'intersecteur.
Ce dernier consiste à interposer entre le peintre et l'objet ou le paysage à représenter un voile quadrillé extrêmement fin tendu sur un châssis et suffisamment translucide pour que le peintre puisse ensuite reporter sur son tableau ce qu'il y voit carreau par carreau.
Le modèle théorique est le suivant : une ligne part de l'œil du peintre-spectateur, traverse la toile et aboutit au point de fuite du tableau. Depuis l'œil comme depuis le point de fuite un faisceau de lignes divergent et se rencontrent à la surface du tableau.
Le principe est la symétrie de ces deux faisceaux. »
-
- Alberti schéma 1.jpg (131.7 Kio) Vu 587 fois
Ça y est. Le pas est franchi. Ce qui restait cantonné au domaine de l’empirique, commence alors à se concrétiser.
Sous une forme qui, sans aucune ambiguité, place les mathématiques et la science au premier rang. Esprit de la renaissance oblige. Pas de cloisonnement entre art, science, etc… : le vrai est une totalité dialectique en mouvement.
Si je peux me permettre une réflexion personnelle… Ces hommes étaient avant tout des savants. Autrement dit, leur objectif ne visait pas uniquement à raconter leur « quant à soi ».
Il y avait une notion de transcendance, d’un « au-delà de soi ». Le but était, de mon point de vue, de comprendre et de s’émerveiller devant les lois universelles du cosmos, qu’ils continuaient encore à appeler « dieu », à l’époque. L’âge matérialiste, lui, finira par le conceptualiser sous la notion philosophique « «d’universel».
Et là, c’est en train d’évoluer. L’invention de la perspective est le point charnière sur la représentation que ces hommes se faisaient du monde, dans lequel l’universel et le subjectif commencent à dialoguer en fonction d’un point du vue centré…
C’est en nommant les choses et les phénomènes que nous finissons progressivement par les conscientiser. De même, notre façon de représenter le monde en dit long sur notre conception du monde elle-même…
...