Ce mardi, je souhaitais que nous nous arrêtions un instant sur un classique : Edouard Manet (Pour celles et ceux qui habitent sur Paris, Orsay organise de temps à autres des rétrospectives sur lui).
Il persiste, chez cet homme, un paradoxe tout à fait passionnant. Considéré comme l’un des fondateurs de l’impressionnisme, son style, sa facture, reste pourtant d’un classicisme pur et dur.
Mais alors, pour quelle raison est-il, malgré tout, considéré comme un impressionniste ?
Pour l’expliquer, il nous faut rapidement esquisser le contexte…
Nous sommes en plein XIXème, sous Napoléon 3. La bourgeoisie vient de supplanter la noblesse.
Elle est finalement parvenue à s’imposer comme étant désormais « LA» classe dominante. A l’instar d’un Cézanne, Edouard appartient à cette bourgeoisie d’affaire triomphante (essentiellement parisienne et girondine ) constituée de notables, banquiers, hauts-fonctionnaires, hommes d’affaires, etc…
A l’époque de Manet, cette dernière veut se revêtir des anciens atours de la noblesse chevaleresque. Après avoir détrôné son concurrent historique, cette nouvelle classe voulait alors s’anoblir, afin de s’en arroger le prestige, la morale, la spiritualité, etc… Ce qui, comme toute forme d’arrivisme, ne s’est pas fait sans une certaine forme de grotesque, caricatural.
Une hypocrisie qui a, à l’époque, engendré de nombreux mouvements contestataires, qu’ils soient politiques, artistiques, ou littéraires. Balzac en a même fait le point cardinal de son œuvre, l’intitulant : « la comédie humaine ».
Bref, l’art officiel de cette époque se devait donc d’affirmer cette omnipotence. Il était ainsi rempli de dieux surpuissants, et de déesses nues alanguies. Il était si « pompeux », qu’on a même fini par l’appeler «l’art pompier» ! Mais comme il s’agissait de déesses, les conventions étaient respectées…
Les impressionnistes tournèrent le dos à ces codifications sociales. Ce qui revenait à balancer leur carrière aux orties... Mais qu’importe, ils l’ont fait.
Au diable les Zeus, les Vénus, et les généraux d’armées triomphants. Ils se mirent à peindre des sujets iconoclastes, des sujets ouvertement méprisés par l’arrogance de classe bourgeoise.
Un jeune couple s’aimant, de simples serveuses épuisées par leur travail, des mamans, des femmes servantes noires, des prostituées… Sous leurs pinceaux, peints avec une infinie tendresse, ces sujets redevenaient humains, respectables, touchants… Bref, un scandale absolu pour le «tout-Paris» de l’époque.
Manet Futures l’un des fers de lance de ce mouvement contestataire. C’est, et pour faire vraiment très court, en ce sens qu’il Futures un « impressionniste».
Très bonne séance de trading.
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