Tout d'abord un petit rappel :
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Aujourd’hui je vais vous parler d’un autre monstre sacré du sport automobile mondial qui a eu un impact plutôt sympathique sur mon existence.
Étant un adolescent passionné par la course automobile, et je dois bien l’avouer plus que par les cours de français ou de mathématique, et me prénommant Nicolas, mes amis me donnèrent le surnom de Niki en relation avec le jeune prodige autrichien de l’époque : Andreas Nikolaus Lauda dit Niki Lauda.
Mes quelques amis d’enfance que je côtoie toujours continuent à m’appeler Niki et j’en ai donc tout naturellement fait mon pseudo sur le net et partout ailleurs.
Ma première vraie “rencontre“ avec le grand Niki Lauda eut lieu en 1976. En effet pour mon anniversaire mes parents m’ont offert la possibilité d’aller voir un Grand prix de Formule 1.
Pour des questions de distance et de dates, cela sera le Grand Prix de Belgique dans les Ardennes Belges à Zolder précisément. Nous voilà donc parti direction la frontière avec les Pays Bas.
Pour moi jeune passionné de course automobile, ce qui me reste le plus de ce premier Grand Prix, au-delà du bruit et des odeurs, c’est les couleurs et les images.
En effet, pour les plus jeunes du forum il faut bien se remettre dans l’ambiance de l’époque : internet n’existe pas, les chaines de télévision sont réduites à 3 et si les Grand Prix sont généralement diffusés cela n’a strictement rien à voir avec l’orgie médiatique actuelle.
A l’époque l’information sur le sport automobile, c’était le quotidien l’Equipe quelques jours dans la semaine et le magazine mensuel Sport Auto, la bible de la course en circuit. A partir de 1976 un hebdomadaire vit le jour Autohebdo qui a été ma drogue chaque mercredi pendant de très nombreuses années.
Ce Grand Prix de Belgique se disputa sous un temps radieux, en tout cas c’est le souvenir que j’en ai, et vu la victoire du champion du monde en titre le jeune et talentueux Niki Lauda devant son coéquipier le Suisse Clay Regazzoni tous les deux sur leur Ferrari 312T. A noter la belle troisième place du français Jacques Laffite au volant de sa Ligier à moteur Matra.
L’année 1976 avait donc commencé comme s’était terminée la précédente, à savoir par une domination de Niki Lauda à tel point que l’ordinateur, le surnom qu’on lui avait attribué car il alliait rapidité et maitrise, aborda le Grand Prix d’Allemagne 1976 au sommet de son art et en confortable leader du championnat après ses 4 victoires au Brésil, en Afrique du Sud, en Belgique et à Monaco.
01 AOUT 1976
Le Grand Prix d’Allemagne se courait sur le colossal et mythique circuit du Nuburgring qui emprunte les 22 kms de la terrifiante Nordschleife, qui s’est bâtit au fil des années la réputation de piste la plus sélective et la plus dangereuse du monde.
Progressivement, la Nordschleife va pourtant accuser le poids des années. Les mentalités évoluent et les pilotes considèrent de moins en moins comme une fin en soi le fait de se tuer en compétition. Sous l'impulsion notamment de Jackie Stewart, les revendications sécuritaires des pilotes voient le jour. En 1970, le Nürburgring est même boycotté par les pilotes, obligeant les organisateurs du GP d'Allemagne à déplacer leur épreuve sur le tracé d'Hockenheim. Après quelques aménagements, le Nürburgring refait son apparition au championnat du monde de Formule 1 en 1971, mais reste toutefois en sursis.
Quelques jours avant l'épreuve Niki Lauda avait proclamé sans langue de bois que ce dinosaure (le circuit) était complètement obsolète en 1976 quant à la sécurité et il préférait ne pas y courir. Toutefois il se plierait néanmoins à ses obligations professionnelles mais comptez bien par la suite peser de tout son poids pour l'abandon de ce circuit.
L'issue dramatique de la course le dispensera hélas de cette action.
Il pleut lorsque des voitures s'élancent pour boucler les 14 tours que compte l'épreuve. Bien que parti en première ligne, Lauda éprouve de grandes difficultés à garder sa voiture sur la piste et se trouve rétrogradé en milieu de peloton. L'ondé ayant pratiquement cessé tous les concurrents s'arrêtent à la fin du premier tour pour chausser des pneus slicks, avec cette nouvelle monte de pneus Niki ne se sent pas plus à son aise qu'auparavant et doit batailler ferme pour ne pas sortir. Dans le 2e tour la Ferrari oblique brutalement à droite et percutent de plein fouet le talus qui la renvoie sur la piste, la Surtees de Brett Lunger ne peut l'éviter et s'écrase dans la monoplace en perdition. Le feu se déclare alors énorme et terrifiant, bien évidemment vu la longueur du circuit les secours ne sont pas là et Lauda qui a perdu son casque dans le choc est en train de brûler dans la carcasse.
Il ne doit la vie sauve qu'au courage de ses camarades pilotes qui plongent dans le brasier pour le secourir. C’est Arturo Merzario qui plonge dans les flammes pour extraire Niki de son enfer, la course est stoppée. Atteint de brûlures au visage, d'une fracture à la pommette, Niki Lauda a été évacué vers l'hôpital, son état jugé satisfaisant dans un premier temps va empirer dans la nuit, l'inhalation des vapeurs toxiques dégagées par la combustion de la voiture à provoquer une insuffisance respiratoire grave et le diagnostic tombe le pilote est perdu et devant l'inéluctable un prêtre vient même lui donner l'extrême onction.
Le miracle existe-t-il ?
Toujours est-il que Niki va triompher de la mort et des médecins. Habité par une volonté de fer, il va retrouver le chemin de la vie et entamer une rééducation forcenée pour être à nouveau dans son baquet avant la fin de la saison.
Six semaines après son effroyable accident, Niki Lauda fait son grand retour sur les circuits, le visage encore bandé et ce malgré les craintes des médecins au sujet des greffes de peau qui risquaient de tomber du fait des vibrations de sa Ferrari.
Il redevient champion du monde l’année suivante et remporte un troisième et dernier titre en 1984.
Mort à 70 ans d’un miraculé de la F1
Niki Lauda avait été hospitalisé dans une clinique privée suisse mi-mai 2019 pour une dialyse à la suite d'un problème à un des reins qui lui avaient été greffés en 1997 et en 2005. Son organisme était en effet durablement affaibli par l'inhalation de gaz toxiques lors de son accident de 1976
Demain je vous emmènerai sur les traces d’un circuit disparu sur lequel j’ai trainé mes guêtres durant de nombreuses années.
Un indice : la Normandie