Le tableau
Edmund Blair Leighton est un peintre anglais qui a produit des oeuvres de la fin du XIXe siècle au début du XXe.
Son oeuvre est connue pour ses scènes historiques, mettant en scène un Moyen-Âge onirique et romantique, fortement inspiré par le préraphaélisme.
C’est dans cet esprit que s’inscrit ce tableau mettant en scène l’adoubement d’un chevalier par une reine. Si le sujet est assez commun, la particularité du tableau, et plus particulièrement des peintures de Leighton, est que le peintre réussit à dépeindre une scène d’une époque qui lui est étrangère en donnant au spectateur le sentiment de participer à la scène.
La scène est très simple, peu de personnages, un geste vu des centaines de fois, très intimes, des couleurs chaudes, une lumière tamisée, et donne une impression de noblesse et de valeurs fortes, translatant ainsi cette notion du Moyen-Âge que nous avons aujourd’hui.
Ce tableau est devenu l’un des emblèmes du Moyen-Âge vu par des yeux modernes, et il représente pour moi la base d’un univers riche, inspirant, et probablement même les fondements de la fantasy comme genre, qui partage souvent les mêmes valeurs.
Les détails
Ce qui me plait particulièrement dans ce tableau, est la simplicité de la scène qui, pour moi, la rend plus forte, plus intense, de par cette intimité.
D’un point de vue costumes, nous pouvons voir en détail les costumes du chevalier et de la reine.
Le chevalier est en armure, avec une côte de maille qui lui recouvre le corps, clairement composée de chaussures et d’un haut. On notera que la maille lui couvre jusqu’au pied, sous lesquels on peut voir une semelle en cuir.
Le chevalier est à genoux, mais n’est pas à même le sol puisqu’il est appuyé sur un coussin, en cuir ou en velours, visiblement rembourré.
À côté de lui, son casque est posé, d’un doré net et brillant qui dénote un peu avec le costume argenté et rouge.
Nous voyons également qu’il porte sur sa côte de mailles une sorte de robe, qui porte ses couleurs et sans doute celles du royaume. Le tout est maintenant à la taille par une ceinture en cuir et or.
On notera à droite du tableau un bouclier, aux mêmes couleurs et avec a priori le même symbole que la tunique, laissant penser que le petit garçon qui observe la scène et garde le bouclier puisse être le fils du chevalier, rendant à mon avis la scène plus intime encore.
À la gauche du garçon, l’homme pourrait être son père … mais il ne s’agit ici que de spéculations …
Autour du cou, le chevalier porte une capuche en maille, ou camail, qui descend sur ses épaules, protégeant son cou des blessures une fois mis sur la tête. Mais ici il est “tête nue” devant la reine pour l’adoubement.
La reine quant à elle est clairement mise en avant comme le personnage de pouvoir dans la scène. Elle porte une couronne, son habit est riche et elle surplombe le chevalier, pas uniquement parce qu’il est à genoux, mais en plus parce qu’elle s’est mise en hauteur par rapport à lui.
Ses cheveux sont détachés, mettant en valeur sa féminité, mais également sa couronne et sa silhouette puisque l’ombre des cheveux sert à creuser la taille.
Elle porte une robe blanche, couleur royale autre que le rouge (puisque le chevalier en porte déjà) et qui s’allie très bien avec le doré de ses bijoux, broderies et accessoires.
Sa robe lui donne une silhouette allongée, marquée à la taille et en même temps complexe, notamment grâce aux plis de la robe sous la ceinture, ou aux manches en trois parties distinctes.
On notera qu’elle ne porte pas le fourreau à sa taille, puisqu’une femme ne porte pas d’armes, mais à la main, tandis qu’elle brandit l’épée pour l’adoubement du chevalier.
Le bas de sa robe est la partie la plus travaillée, ajoutant au côté royal de l’ensemble grâce aux motifs dorés aux reflets rouges, et créant une lourdeur au bas du tissu qui accentue le tombé et la posture de la jeune reine.
Sous la robe, on aperçoit une chaussure dorée et rouge, à pois.
Pour terminer, c’est vraiment ce choix de mettre en avant les deux protagonistes et de leur donner à chacun de manière différente une allure de noblesse qui fait de cette oeuvre un tableau parfait de l’image de royauté et de loyauté que nous donnons au Moyen-Âge et particulièrement aux chevaliers.