Freud, et d'autres psychanalystes après lui, disent que grâce à nos défenses psychotiques, nous ne réalisons pas pleinement que nous allons mourir. Nous ne nous approprions pas réellement notre propre mort. Ce sont toujours les autres qui meurent. S’imaginer mort et c'est l’impasse de la représentation. Pour Nietzsche (Crépuscule des idoles) la mort est un objet. Elle peut être donnée, vendue, marchandée, troquée, tronquée, ratée, rendue. C’est un objet de désir, de commerce, de chantage. Freud a volontiers repris cette image de Shakespeare : nous sommes en dette d’une mort. Les philosophes insistent : nous sommes des êtres pour la mort ... mais la mort ne nous concerne pas tant que nous sommes vivants.
Bref, pour le trader et le problème du stop loss, le parallèle est vite fait.
La ruine du trader signifie sa mort, l'arrêt pur et simple de son trading. Ne pas mettre de stop loss c'est refuser la mort. C'est l'impasse de la représentativité de la ruine. Ce sont toujours les autres qui perdent et se ruinent. Le trader qui ne met pas de stop loss est dans le déni. Il refoule l'idée de ruine, l'idée de mort, de sa propre mort.
Et encore une petite couche, avec la pulsion de mort. La pulsion de mort c'est quand il n'y a plus de libido (d'énergie). Le trader cherche et tente de se vider de toute son énergie. Il se sent vivant jusqu'à ... la mort, la ruine. Faire l’économie de la pulsion de mort, c'est refouler ce désir de se vivre intensément, pour se sentir exister, se sentir vivant ... encore et toujours.
Avec un stop loss, on vit moins intensément mais plus longtemps. A chacun de choisir (s'il y a un choix).