
De quel sucre parlons-nous ? Il s’agit du sucrose issu de la culture de la canne à sucre ou de la betterave sucrière. Bien que les rendements soient différents, la molécule produite est identique. Nous ne parlerons ici ni des édulcorants, ni du sucre issu du fructose.
Le sucrose se négocie soit sous forme brute (contenant des impuretés et impropre à la consommation), soit sous forme raffinée (sucre blanc de table, propre à la consommation). La forme brute est exclusivement obtenue à partir de la canne à sucre. En effet, la méthode d’extraction du sucrose à partir d’une betterave aboutit directement au sucre raffiné.
Les principaux pays producteurs sont le Brésil, l’Inde, l’Union Européenne, les États-Unis. L’UE a fortement réduit ses exportations de sucre suite à l’OCM Sucre de 2006.
Comment fonctionne le marché mondial du sucre ? Le marché est majoritairement non-libre, c’est à dire que les échanges sont régis par des accords internationaux à prix fixes et ne sont pas disponibles sur les marchés financiers. Environ 80% des échanges mondiaux se font à travers ces accords. Les 20% restant sont disponibles sur le marché libre, ce sont eux qui nous intéressent. Ce marché est composé d’un système au comptant d’achat et de vente de matières premières (d’un producteur vers un raffineur, ou d’un raffineur vers un grossiste par exemple) et d’un système de contrats à termes côtés sur une place de marchés. Le marché au comptant est celui du produit réel, on négocie la livraison réelle de marchandises dans des conditions définies par contrat et au prix du marché. Ce marché n’est donc accessible qu’aux professionnels du secteur puisque qu’un particulier aurait bien du mal à gérer la livraison de 50 tonnes de sucre !!

À quoi sert le marché libre ? Il permet aux producteurs et aux acheteurs de se protéger des fluctuations des prix et aux investisseurs de profiter de ces fluctuations. Comment ? En utilisant les deux marchés décrits au paragraphe précédent. En effet, l’achat d’un contrat à terme sur les marchés financiers permet de compenser la valeur du bien sur le marché au comptant. Un exemple sera plus parlant. Nous sommes en Janvier et un producteur de canne à sucre prévoit la vente de sa récolte pour livraison en Mai. Le cours actuel est à 100. Ce producteur craint une baisse des prix d’ici à Mai, du fait d’un excédent mondial des stocks en sucre de canne. De plus, une vente au prix de 100 lui permet de dégager un bénéfice qu’il juge suffisant. Il va alors vendre des contrats à terme au prix de 100 (position short). Les mois passent et le cours évolue jusque 90 à la clôture du contrat. Les contrats doivent être liquider et notre producteur va acheter à 90. Il aura donc réalisé une plus-value de 10 par contrat. Cependant, il doit également vendre la marchandise réelle au cours du jour, c’est à dire à 90. La plus-value effectuée sur le marché des contrats à terme lui permet donc de compenser la baisse du marché. Inversement, si le cours était monté à 110, la moins-value sur les marchés futures serait compensée par la plus-value de la vente réelle de la marchandise.
Pour un investisseur, le problème est différent puisqu’il s’agit de dégager la tendance d’évolution du prix. Quels sont les facteurs d’influence du cours du sucre ? Ils sont multiples. La météo joue un rôle important sur la quantité et la qualité des récoltes. L’état des stocks mondiaux est également très important. L’évolution de la situation politique des principaux pays producteurs joue sur les cours, ainsi que les différentes politiques de soutient aux producteurs, de protectionnisme, les conflits, etc ...
Différents contrats sont disponibles à l’investissement. Avant de les détailler, je souhaite attirer l’attention sur les changements récents affectant les bourses de matières premières. Historiquement, les matières premières agricoles étaient négociées principalement à Londres via le LIFFE (h**p://en.wikipedia.org/wiki/Liffe) et à New-York, via le NYBOT (h**p://en.wikipedia.org/wiki/New_York_Board_of_Trade). Suite à de nombreuses fusions et acquisitions, ces deux places de marché appartiennent actuellement à l’IntercontinentalExchange (The ICE, h**p://en.wikipedia.org/wiki/IntercontinentalExchange). Il existe encore une confusion, notamment sur les intitulés des sites internet, du fait de ces changements de propriétaires. La dénomination correcte en 2014 semble être ICE Liffe Futures US pour New-York et ICE Liffe Futures Europe pour Londres mais vous trouverez encore fréquemment le NYSE Liffe US et NYSE Liffe Europe, voire Liffe et NYBOT. Cependant la dénomination des contrats reste identique et évite toute confusion. Les principaux contrats sont les suivants :
Contrat sucre n°11 (h**ps://http://www.theice.com/productguide/ProductSpec.shtml?specId=23). Il correspond au commerce mondial du sucre brut issu de la canne à sucre. Un contrat correspond à 112 000 livres (environ 50,8 tonnes métriques) de sucre brut. Le point correspond à une variation de 0,01, d’une valeur de $11,20. Ainsi, pour un cours à 17,25 la valeur d’un contrat est de 17,25 * 100 * $11,20 = $19 320. La cotation est parfois notée en centièmes, soit 1725 dans notre exemple. Les échéances courent jusqu’au dernier jour ouvrable précédent le premier jour du mois de livraison (Mars, Mai, Juillet, Octobre).
Contrat sucre n°14 (h**ps://http://www.theice.com/productguide/ProductSpec.shtml?specId=914). Il s’agit du sucre brut produit et utilisé pour la consommation intérieure des États-Unis. Il peut être produit directement aux États-Unis ou provenir de l’étranger sous réserve du paiement d’une taxe spécifique. Un contrat correspond à 112 000 livres (environ 50,8 tonnes métriques) de sucre brut. Le point correspond à une variation de 0,01, d’une valeur de $11,20. Ainsi, pour un cours à 22 la valeur d’un contrat est de 22 * 100 * $11,20 = $24 640. La cotation est parfois notée en centièmes, soit 2200 dans notre exemple. Les échéances courent jusqu’au huitième jour ouvrable précédent le premier jour du mois de livraison (Janvier, Mars, Mai, Juillet, Septembre, Novembre).
Contrat sucre n°407 (encore souvent appelé n°5, h**ps://globalderivatives.nyx.com/en/contract/content/29082/contract-specification). C’est le sucre blanc, raffiné, celui qu’on verse sur les fraises

Les échéances courent jusqu’au seizième jour ouvrable précédent le premier jour du mois de livraison (Mars, Mai, Août, Octobre, Décembre).
Vu la taille conséquente d’un contrat, certains brokers proposent des mini-contrats correspondant à 50% voire 20% du contrat initial, afin de réduire l’effet de levier pour les petits capitaux. Cependant, dans le cas des minis, il me semble qu’un capital de départ de 10 000€ est nécessaire pour intégrer sereinement le marché.
Edit: les url en h**p ....