Je rejoins Paperbag dans son interrogation sur les réactions à ce fameux "quand on veut, on peut". Comme si on cherchait toujours à opposer les points de vue entre "il ne doit sa réussite qu'à lui-même et à sa volonté" vs "il a réussi parce qu'il est bien né, qu'il a eu les bonnes connexions, le bon héritage, la bonne étoile, la bonne société".
Oui, quand on veut, on peut.
Petite histoire. Mon père est né à Madagascar, famille nombreuse, pas d'eau courante, électricité un jour sur quatre. Comme ses frères et soeurs il s'accroche à l'école et dans la vie, il est dans une famille où on mise sur la bienveillance et l'encouragement. Ca fonctionne, un bon caractère, de la volonté et beaucoup d'envie. Mais bon, une petite révolution, crise de l'indépendance, crise politique, crise sociale, crise des perspectives dans un pays où les dirigeants ne pensent qu'à leurs gueules. Qu'à cela ne tienne, début des années 80, la smala prend un aller simple pour la France, elle se retrouve à 16 dans un HLM de 50m² pour, je cite, "offrir un meilleur avenir à ses enfants". Quand on veut, on peut : j'ai grandi avec l'eau courante, l'électricité et l'école gratuite. Et 3 repas par jours. Aujourd'hui j'ai un fils qui ne connaîtra jamais la galère de ses grands parents parce que ces derniers ont décidé que quand on voulait, on pouvait.
Certes, mon père a eu des parents au top qui ont donné la priorité aux enfants. Il y a eu le rapprochement familial. Il a pu avoir un logement HLM alors que les listes d'attente étaient longue comme le bras. Il a pu trouver du boulot parce que le contexte économique en France était porteur. Etc, etc, etc. Alors oui, ceux qui taclent le "quand on veut, on peut" diront "qu'il a eu de la chance", "qu'il a bénéficié d'un contexte favorable", "qu'il n'a pensé qu'à sa tronche en fuyant son pays au lieu de changer les choses de l'intérieur"
Mais ces mêmes personnes oublient (peut-être pour se consoler elles-mêmes de ne pas se donner tous les moyens d'aller au bout de leur rêve...) les semaines de travail sans compter pour se payer les billets, le fait de laisser derrière soi un pays, des proches, des amis, des collègues, les joies d'être un sans papier en France dans les années 80, les aventures administratives pour régulariser, le manque d'intimité dans un logement qu'on partage par
obligation...
Bref. Des histoires d'immigrés et d'enfants de première génération qui s'en sont tirés parce qu'elles le voulaient, qui ont pris la décision de changer, au moins un peu, leur destin, vous en avez à la pelle. Il suffit de regarder autour de soi et de discuter avec ses voisins, ses collègues, ses amis.
Merci Benoist pour le partage du bouquin et Takapoto pour les citations, ça m'a donné envie de le lire. En revanche Benoist, de prime abord je ne vois pas en quoi l'auteure enterre le "Quand on veut, on peut". D'après les extraits de Takapoto, c'est plutôt tout le contraire : elle pointe les idées préconçues et les messages matraqués par les gouvernements/les médias/ la société pour maintenir le statu quo. Pour moi, c'est le premier pas qui permet d'ouvrir les yeux et de prendre conscience qu'on a le pouvoir du choix, et que rien de ce qu'on nous vend depuis le berceau n'est vrai à 100%. C'est grâce à des bouquins comme ça qu'on avance. Rappelons que c'est ce trio politique/médias/société qui a le moins d'intérêt à ce que les choses changent. Non de dieu t'imagine si nos gens se rendent compte que depuis gamin on leur vend le salariat, le manque et l'utopie : ils ne vont plus avoir besoin de nous !
Quand on veut quelque chose c'est comme n'importe quoi dans la vie, il faut payer le prix. Alors oui ce prix n'est pas le même pour tout le monde (encore heureux...) et vous n'aurez pas -20% en janvier. Mais les politicards et les analystes de droite comme de gauche seront toujours là pour vous expliquer que si ils étaient aux manettes, ils feraient en sorte que ce soit beaucoup plus facile pour tout le monde, "qu'en 20h de boulot par semaine oulala oui ma petite dame avec ma recette miracle votre vie serait beaucoup plus agréable"
