Pour Graeber, la dette n’est rien d’autre qu’une promesse, une obligation morale faite entre deux personnes en lien l’une avec l’autre. C’est donc une relation sociale avant que d’être un concept économique.
Mais, alors qu’une promesse exprime une relation, la dette exprime une obligation.
Alors qu’une promesse est fondée sur des principes moraux, la dette sert de prétexte pour légitimer un asservissement qui s’appuie sur la violence.
« Qu’est-ce qu’une dette, en fin de compte ? Une dette est la perversion d’une promesse. C’est une promesse doublement corrompue par les mathématiques et la violence »
Il pose la suivante : pourquoi les promesses, lorsqu’elles deviennent des dettes, c’est-à-dire des promesses quantifiables et exigibles, finissent-elles systématiquement par s’imposer face à toute autre sorte d’engagements ?
« L'histoire montre que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes - cela crée aussitôt l'illusion que c'est la victime qui commet un méfait. »
La dette est un système de valeur profondément ancré dans notre civilisation, mais c’est surtout un mécanisme qui, dans son fonctionnement, permet de rendre acceptable des comportements violents et contraires à la morale la plus élémentaire.