Aujourd’hui, nous aborderons le concept de Wu-wei (1) : c’est, par un choix conscient, en n’agissant pas que le sage atteint son objectif, bien plus que s’il avait agi. Cette notion clé est fréquemment traduite par “If nothing is done, nothing is left undone.”, ce qui pourrait donner en français “Si rien n’est accompli, rien n’est négligé.” mais également être interprété comme “Si rien n’est fait, rien n’est à défaire.” (2) (dans ces deux interprétations, nous revenons sur la notion de dualité !)
Nous avons tendance, à nouveau occidentaux, à penser qu’il est nécessaire d’être dans l’action. Montrer que nous faisons quelque chose, que nous servons à quelque chose. Bien souvent, pourtant, les choses pourraient se faire d’elles-mêmes.
En réalité, au-delà du seul non-agir qui serait très réducteur, le concept de Wu-wei fait davantage appel aux notions de non-interférence, de spontanéité, et d’acceptation. Il ne s’agit donc pas nécessairement de ne pas faire quelque chose, mais plutôt de ne pas empêcher que les choses se fassent seules, ne pas aller contre le courant (ce dernier point est très important). Laissez-vous guider sur le bon chemin, laissez-vous porter...
Prenons le temps d’être observateurs, nous en avons le droit. Voici quatre nouveaux extraits :
Extrait du chapitre deux :
“Le sage accomplit sa tâche, mais ne revendique ni crédit ni mérite.
C’est parce qu’il n’y prétend pas que personne ne peut les lui retirer.”(3)
Extrait du chapitre dix-sept :
“Les plus grands dirigeants sont ceux dont les gens sont à peine conscients de l’existence.
[…]
Le sage s’efface de lui-même et ses mots se font rares.
Quand sa tâche est accomplie, on entend les gens se féliciter :
“Nous l’avons fait nous-mêmes !” (4)”
Extrait du chapitre quarante-sept :
“Il n’est pas nécessaire de sortir de chez soi
Pour connaître le monde entier.
Il n’est pas nécessaire de regarder à travers sa fenêtre
Pour savoir ce que nous apporte le ciel.
Le plus loin vous irez, le moins vous saurez.
Ainsi le sage sait sans chercher ;
Voit sans regarder ;
Accomplit sans agir.”
Extrait du chapitre soixante-quatre :
“Faites, et vous ferez mal.
Choisissez de lutter, et vous perdrez.
En ne faisant pas, le sage ne peut mal faire.
En choisissant de lâcher prise, il ne perd rien.
[…]
C’est pourquoi le sage n’éprouve aucun désir.
Il ne s’intéresse pas aux trésors précieux.
Il ne reste figé sur aucune idée.
Il s’attarde sur ce que les autres ont délaissé.
Il laisse faire les choses telles qu’elles sont,
mais ne s’impose jamais d’agir.”
C’est à mes yeux l’un des plus beaux concepts du Tao. Vous remarquerez que les dernières phrases de chaque extrait sont relativement proches : nous ne devrions jamais avoir à nous imposer de faire quelque chose. Laissons-nous guider, laissons les choses se faire naturellement. Agissons de façon fluide et spontanée. Personne, alors, ne remarquera que nous avons agi car c’était tellement naturel !
Selon moi, c’est ainsi que nous obtenons les meilleurs résultats : quand une chose devient tellement évidente qu’on la pense faite d’elle-même, elle n’est alors plus remise en cause.
La séquence Trading :
Vous me voyez venir avec mes grands sabots ! Le concept de Wu-wei est évident lui aussi dans le trading : il vaut parfois mieux ne rien faire plutôt qu’agir et faire une erreur. Plus précisément, être spontané dans le trading, c’est être capable de sentir quand “Là, je force les choses. Je ferais mieux de ne pas rentrer en position, je vais plutôt rester observateur.”.
Laissez les mouvements du cours vous montrer la direction, vous emmener où ils veulent. La réponse, savoir quand entrer en position, vous apparaîtra alors d’elle-même au moment propice.
A présent, faisons le lien entre le concept de Taiji vu ensemble mardi et celui de Wu-wei vu aujourd’hui.
Vous vous rappelez assurément de la phrase “Remplissez le vase jusqu’à sa limite, et vous risquerez de le faire déborder”. Il ne faut pas chercher à toucher les extrêmes, mais plutôt tendre vers un équilibre dans la modération. Croisons ceci avec l’idée d’un trading qui ne soit pas forcé, naturel et spontané.
On obtient ainsi l’idée suivante : quand vous accompagnez un mouvement, assurez-vous de le faire sur un temps bref et très naturel du mouvement. Ne cherchez pas à le prendre tout en bas et à le quitter tout en haut, vous risquez sinon de vous faire prendre à votre propre jeu !
Eh oui, nous retrouvons à nouveau les paroles de Benoist et des traders japonais !
Voilà pour le trading !
”Sgad, pas d’histoire aujourd’hui ?!”
Ah, ça tombe bien ! Il m’en vient une en lien avec notre concept du jour ! J’espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j’en ai à vous l’écrire !
“Une nuit, un bouddhiste, un bouddhiste zen, un taoïste et un athée se réunissent, assis devant un lac gigantesque.
Ils savent tous qu’une fois par an, un magnifique lever de soleil s’y produit. Il doit avoir lieu ce matin même.
Mais cette nuit-là, un froid particulièrement glacial prend place. Un puissant vent contraire souffle face à eux.
Le bouddhiste serre les dents et endure le froid et le vent. Il sait que cette souffrance est nécessaire, il sera récompensé d’ici quelques heures.
Le bouddhiste zen endure lui aussi cet air glacé, ce vent violent, et s’efforce de sourire. Il sait être reconnaissant par avance, et accepte le défi qu’on lui tend.
L’athée sort de son sac à dos un duvet bien chaud et s’y emmitoufle. Il se félicite d’avoir été prévoyant, ce froid et ce vent ne sont pas de taille face à lui.
Le taoïste contemple les trois hommes, respire l’air, ressent le vent. Puis il quitte les lieux.
Ce matin-là, les trois hommes sont repartis bredouille. La brume était si dense que jamais les rayons du soleil n’ont pu la traverser.
Le taoïste, emporté par le vent qui l’accompagnait dans son dos, Futures détourné de son chemin. Guidé par ce dernier, il découvrit un petit point d’eau, ridicule face au premier, auquel personne n’avait fait attention. Ici, point de froid, point de vent, point de brume au matin.
Le spectacle Futures magnifique.”
Ceci, mes amis, est le concept de “Going with the flow” - “Se laisser porter par le mouvement”. C’est l’état d’esprit le plus à même de vous transporter là où vous souhaitez aller. C’est la clé de tout.
Ainsi aujourd’hui, je finirai par une courte citation :
“Face à l’esprit imperturbable, l’univers tout entier s’incline.”
Merci pour votre attention !
(1)