Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, sorti en 2001 au Japon, est le plus grand succès mondial du studio Ghibli, et l’un des films du studio que j’ai mis le plus de temps à apprécier à sa juste valeur. J’espère vous encourager à le voir ou à le revoir
Chihiro entre dans le monde des esprits contre son gré et n’a d’autre choix que d’affronter de nombreuses épreuves pour aider ceux qu’elle aime.
La valeur du travail, la transmission des traditions, la critique du matérialisme et du consumérisme, mais aussi l’amour du prochain et le courage sont autant de thèmes au centre de ce film qui Futures le plus grand succès de l’histoire du cinéma japonais. Récompensé par l’Oscar du meilleur film d’animation en 2002 [1] et acclamé par la critique dans le monde, il est souvent cité comme l’un des plus grands films des années 2000.
Voici une bande annonce japonaise (sous-titrée en français), montrant exclusivement le climat anxiogène qui pèse sur Chihiro au début de l’aventure. Comme vous pourrez le constater, Le Voyage de Chihiro n’est pas vraiment un film pour enfant, surtout en dehors du Japon ou sans une présence adulte apte à déchiffrer !
Voici la bande-annonce française, que je n’ai pas pu trouver avec une meilleure qualité d’image :
https://dai.ly/xpwgfi
Et enfin une bande-annonce plus spectaculaire qui vous en dira plus sur l’intrigue (en anglais. Vous remarquerez sans doute la publicité appuyée de Disney, initialement distributeur du film en dehors du Japon) :
Le triomphe de l’enfance, innocente et farouche
Les films de Hayao Miyazaki rendent hommage à l’enfance et éveillent l’âme d’enfant qui sommeille en chaque adulte. À l’image de Chihiro, les enfants sont souvent les héros des récits du studio Ghibli : insoumis, ils brillent par leur volonté inébranlable de défendre ceux qu’ils aiment et ce en quoi ils croient.
Ces enfants farouches sont certes souvent aidés par des aînés plus ou moins bienveillants, la transmission et la relation entre les générations ayant une importance centrale dans les récits de Miyazaki et plus largement du studio Ghibli. Mais c’est bien à ces jeunes héros qu’il revient de braver les dangers et de prendre les décisions difficiles. Les adultes, émoussés par le poids des années, et souvent contradictoires, n’ont que rarement la volonté ou l’énergie d’agir et s’estiment souvent impuissants face aux événements.
Ces jeunes figures du studio Ghibli sont héroïques au sens premier du terme: des efforts démesurés leur sont demandés pour des combats dont la violence les dépasse, à l’image de Sheeta et Pazu dans Le Château dans le ciel, autre film majeur du studio que je présenterai peut-être à une autre occasion.
Chihiro allie la bravoure, la soif d’apprendre et de bien faire, au travers des combats qu’il lui faut mener pour réparer les erreurs des adultes…
À la loupe: Chihiro et le Sans-Visage
Comme toujours chez Miyazaki, le fil conducteur du Voyage de Chihiro ne repose pas sur l’opposition entre le bien et le mal. Le personnage Sans-Visage (Kaonashi), sans attache, anonyme et étranger au monde des esprits, n’est ainsi pas une figure diabolique malgré son caractère parfois effrayant.
Ce personnage, inspiré du théâtre masqué japonais, n’est pas sans rappeler le sort de chaque être humain: influençable d’autant plus qu’il est déraciné, le Sans-Visage se transforme à l’image de ceux qu’ils fréquente et dont il se nourrit (litéralement). Il semble être à la recherche d’un guide dès le début du film lorsqu’il aperçoit Chihiro. Des rencontres décisives et le retour aux choses simples sont susceptible de donner un nouveau sens à son existence.
Pour conclure, et pour montrer à quel point le rejet du manichéisme est très important dans la philosophie et dans l’œuvre de Hayao Miyazaki:
À demain pour la dernière journée de découverte des œuvres de Hayao Miyazaki et du studio Ghibli, avec un florilège de films !« C’est dangereux de faire croire aux enfants qu’ils savent où sont le bien et le mal [...] Une grande partie des problèmes actuels du monde vient du fait qu’on est persuadé que les autres représentent le mal. Dans tout individu le bien et le mal coexistent. Les deux côtés interagissent. Je pense qu’il faut être conscient de cela pour parvenir à la paix. » [2]
Notes [1], [2] :
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