Bonjour à toutes et à tous.
Monet avait le même problème que Vermeer : la lumière.
(Pour celles ou ceux qui le souhaiteraient, j’ai écris sur Vermeer un article plus fourni dans le Forum « arts et loisirs »).
A ceci près que les deux hommes s’y prirent très différemment pour étudier ces phénomènes. Et c’est là où ça devient intéressant. Car si l’objectif reste le même, la méthode diffère totalement… Et pourtant, les deux fonctionnent à merveille !
- Vermeer travaillait en atelier, avec la chambra obscura. Monet, lui, a bénéficié de l’invention des tubes de peintures, ce qui lui a permis de sortir observer ça « in vivo ».
- Vermeer a produit tout au plus une quarantaine de toile. Chaque œuvre visait la perfection en elle-même. A la différence de Monet, qui a peint une nombre astronomique de peintures, et dont la qualité propre de chacune d’entre elles pouvait varier. Mais là n’était pas son problème. C’est sa démarche, elle, qui était juste parfaite.
La chambre obscure est l’ancêtre de l’appareil photo. Il a fallut attendre le XIXème pour voir apparaître les premiers daguerréotypes, qui sont par ailleurs contemporains de l’époque dans laquelle Monet a vécu. Néanmoins, et bien que les premiers résultats de Niépce et de Daguerre soient à couper le souffle, la peinture restait l’outil (ou le médium) le plus pointu de l’époque, et ce afin de retranscrire les divers phénomènes de diffraction chromatique.
Il fallait donc sortir, avec tout son barda sur le dos, et enchaîner les toiles à vitesse grand V. En effet, une lumière extérieure pouvait varier d’une heure à l’autre.
Pour les saisir au mieux avec les moyens de l’époque, il n’y avait pas d’autres possibilités que de prendre plusieurs toiles, focalisées autour du même motif, et que l’on alternait en fonction de chaque période du jour ainsi que de la météo.
Puisqu’il n’y avait en ce temps ni appareil photo numérique ni Photoshop, ils devaient « saisir » une lumière éphémère au vol, et la retranscrire picturalement. Il ne fallait donc pas avoir peur de rater des toiles, ou de les laisser inachevées.
De même, impossible de garder une facture classique, au coup de pinceau léché. La lumière, c’est l’arc-en-ciel. Soit la prise de conscience du fait qu’une couleur n’existe pas en elle-même, mais bien au contraire qu’elle fait partie d’un tout; qu’elle n’existe que par rapport à une autre : les complémentaires.
Pour ce faire, il fallut décomposer la touche, et exacerber les couleurs restées ternes si longtemps.
Monet est souvent rattaché à la peinture de paysage. Mais je ne crois pas trop m’avancer en disant que ce sujet était totalement secondaire pour lui.
Pour finir, voici le tableau qui a, ironiquement, donné aux impressionnistes leur nom « impression, soleil levant ». Tableau qui, en soit, tend à prouver à quel point Monet n’était pas un peintre de paysage, mais bel et bien un peintre de la lumière.
Très bonne séance de trading.
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