Bonjour. Une publication.
"""Le terme «découplage» est habituellement utilisé pour désigner la possibilité d’une croissance économique, mesurée par une hausse du pib, qui a lieu de manière simultanée à une baisse des consommations de ressources et des impacts environnementaux.
Le découplage ainsi défini doit satisfaire plusieurs critères afin de répondre à l’urgence climatique. Il doit notamment être :
• absolu : le pib et les dommages environnementaux doivent évoluer dans des sens opposés – par opposition à une moindre hausse du dommage environnemental quand le pib augmente ;
• total : dans le cas des dommages climatiques, le pib est décorrélé de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre et non de seulement une partie d’entre elles (ex. : effets de la combustion des énergies fossiles sans omettre ceux de la déforestation).
• mondial : il ne doit pas être limité à une ou quelques zones géographiques ;
• pérenne : il doit se maintenir dans le temps à long terme ;
• et rapide : certains dommages environnementaux sont irréversibles s’ils ne sont pas traités au plus vite (ex. : respect de la limite des 2°C de l’Accord de Paris).
De nombreux scénarios prospectifs de référence articulent leur approche autour de la notion de découplage. Ces scénarios énergie-climat sont proposés par des agences internationales, ONG, entreprises ou laboratoires de recherche : ils fournissent la vision d’un découplage aisé et rapide, “sans douleur”. Cette vision n’est pas exempte de raccourcis et d’hypothèses fortes, parfois inhérentes à ce type de modélisation, et dont il faut avoir conscience. En effet, pour tenir la contrainte carbone liée à l’Accord de Paris, ces scénarios s’appuient en général sur des hypothèses très fortes d’efficacité énergétique, de recours au captage du CO2, et de réduction de l’intensité carbone de l’énergie. Leur vraisemblance peut être discutée, notamment au regard des progrès techniques réalisés par le passé.
De plus, la construction actuelle de ces scénarios prospectifs réserve à la croissance du pib un “régime d’exception”. Cette croissance est exogène, et ni l’augmentation des températures, ni l’épuisement des ressources naturelles, ni, plus généralement, aucun événement possible à l’avenir n’a la capacité de la modérer ou la supprimer. Cette construction doit être revue car elle donne l’impression fallacieuse que le pib peut continuer à augmenter en fonction de nos seuls désirs, indépendamment de toute contrainte physique.
Il semble donc nécessaire de reconnecter ces scénarios avec les limites planétaires en intégrant les déterminants physiques sur lesquels repose l’activité économique et l’évolution endogène du pib qui en découle.
Cet exercice a également tout son sens pour la prospective des acteurs économiques : il permet de disposer d’un “spectre des possibles” plus étoffé et robuste. Et cela contribue à être prêt ou "mieux préparé" le moment venu, dans un contexte où il faut composer avec un niveau d’incertitudes grandissant pour prendre des décisions."""
"""Le terme «découplage» est habituellement utilisé pour désigner la possibilité d’une croissance économique, mesurée par une hausse du pib, qui a lieu de manière simultanée à une baisse des consommations de ressources et des impacts environnementaux.
Le découplage ainsi défini doit satisfaire plusieurs critères afin de répondre à l’urgence climatique. Il doit notamment être :
• absolu : le pib et les dommages environnementaux doivent évoluer dans des sens opposés – par opposition à une moindre hausse du dommage environnemental quand le pib augmente ;
• total : dans le cas des dommages climatiques, le pib est décorrélé de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre et non de seulement une partie d’entre elles (ex. : effets de la combustion des énergies fossiles sans omettre ceux de la déforestation).
• mondial : il ne doit pas être limité à une ou quelques zones géographiques ;
• pérenne : il doit se maintenir dans le temps à long terme ;
• et rapide : certains dommages environnementaux sont irréversibles s’ils ne sont pas traités au plus vite (ex. : respect de la limite des 2°C de l’Accord de Paris).
De nombreux scénarios prospectifs de référence articulent leur approche autour de la notion de découplage. Ces scénarios énergie-climat sont proposés par des agences internationales, ONG, entreprises ou laboratoires de recherche : ils fournissent la vision d’un découplage aisé et rapide, “sans douleur”. Cette vision n’est pas exempte de raccourcis et d’hypothèses fortes, parfois inhérentes à ce type de modélisation, et dont il faut avoir conscience. En effet, pour tenir la contrainte carbone liée à l’Accord de Paris, ces scénarios s’appuient en général sur des hypothèses très fortes d’efficacité énergétique, de recours au captage du CO2, et de réduction de l’intensité carbone de l’énergie. Leur vraisemblance peut être discutée, notamment au regard des progrès techniques réalisés par le passé.
De plus, la construction actuelle de ces scénarios prospectifs réserve à la croissance du pib un “régime d’exception”. Cette croissance est exogène, et ni l’augmentation des températures, ni l’épuisement des ressources naturelles, ni, plus généralement, aucun événement possible à l’avenir n’a la capacité de la modérer ou la supprimer. Cette construction doit être revue car elle donne l’impression fallacieuse que le pib peut continuer à augmenter en fonction de nos seuls désirs, indépendamment de toute contrainte physique.
Il semble donc nécessaire de reconnecter ces scénarios avec les limites planétaires en intégrant les déterminants physiques sur lesquels repose l’activité économique et l’évolution endogène du pib qui en découle.
Cet exercice a également tout son sens pour la prospective des acteurs économiques : il permet de disposer d’un “spectre des possibles” plus étoffé et robuste. Et cela contribue à être prêt ou "mieux préparé" le moment venu, dans un contexte où il faut composer avec un niveau d’incertitudes grandissant pour prendre des décisions."""
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