Voici une nouvelle étape sur le chemin de la connaissance, de l’épistémologie et des processus d’adaptation.
Aujourd’hui, nous allons parler de l’information et de la cybernétique (allez tenez bon, plus que quelques « gros » mots et ce sera finit)
Nous avons vu hier que notre système nerveux central traitait des informations. D’accord…. Mais qu’est-ce qu’une information ? La question peut paraître toute bête mais sa compréhension est capitale pour la suite...
C’est Grégory Bateson, un anthropologue et biologiste, qui dans les années 60 a donné la définition la plus précise de l’information : l’information, c’est une différence qui fait une différence. .
Je vais tenter de vous expliquer en quoi cette définition est si importante. Prenons un exemple tout simple : un stylo posé sur une table. Qu’est-ce qui fait que sur cette image vous voyez ce stylo ? Qu’est-ce qui fait que votre cerveau va « capter » qu’il y un stylo ? Vous voyez ? Non ? je vous aide un peu ça n’est pas facile… Si on y réfléchit bien ce qui fait que l’on voit le stylo ce n’est pas le stylo, ce n’est pas non plus la table : ce que l’on perçoit c’est une différence dans le rapport entre la table et le stylo : différence de forme, de couleur… C’est donc bien cette différence qui va faire une différence dans notre cerveau. Il est beaucoup plus difficile de percevoir un point blanc sur un tableau blanc. Les neurophysiologistes appellent cette « différence » une saillance. Constitue une différence, ce qui est saillant, ce qui dépasse, qui se remarque dans son rapport à son environnement. Par exemple, c’est une des caractéristiques des grands traders de remarquer certaines différences, certaines configurations, qui pour eux font une différence.
Une fois cela bien compris, nous pouvons aller plus loin. Il y a une valeur des informations : on dit en sciences de l’information et de la communication que la valeur d’une information c’est son improbabilité, son imprévisibilité. Plus une information est improbable, plus son rapport avec son contexte génère de « différences », plus elle a de « valeur » et attirera l’attention de notre système de perception.
Je fais une petite parenthèse mais il y a type d’information qui a une valeur particulière : la violence. On peut définir la violence comme une information sur l’atteinte à notre structure (notre structure mentale ou notre structure corporelle). Notre cerveau est configuré depuis la nuit des temps pour nous protéger, même la nuit quand on dort. Il portera une attention particulière à toutes les informations qu’il va décoder comme étant susceptibles de nous porter atteinte, aujourd’hui ou plus tard. Il « apprend » en permanence à nous protéger. Ceci bien compris, vous comprendrez sans problème pourquoi les médias sont saturés d’images de violences : ce sont des informations improbables, et qui potentiellement pourraient nous porter atteinte : elles sont « attractives » pour notre cerveau…malgré nous. Plus les signaux sont proches, plus notre attention est attirée.
Un autre élément concernant le traitement de l’information c’est l’importance de la quantité d’informations à traiter. Trop d’informations empêche de faire des différences, rend le processus d’adaptation et de décision compliqué. Pas assez d’informations empêche aussi le processus d’adaptation. Prenez le choix de son ut en trading par exemple, et vous comprendrez mieux pourquoi certains travaillent avec des ut courtes et d’autres avec des ut plus longues. Pour ce qui me concerne : en dessous de l’UT2, j’ai l’impression d’être saturé d’informations et d’être paralysé. Au-dessus de 5mn, j’ai l’impression de n’avoir aucune information et d’être dan le brouillard, cela me stresse. On sait aujourd’hui que l’absence d’information et l’excès d’informations sont les sources de l’angoisse et de l’anxiété.
Après ces quelques idées sur l’information, qui j’espère auront fait une « différence » pour vous, je vais vous parler de cybernétique. La cybernétique est une discipline scientifique développée dans les années 50/60 par Norbert Wiener.
Il faut bien comprendre que depuis le 17ème siècle, toute la science s’est développée à partir de la pensée de Descartes, ce qu’on a appelé le fait d’être « cartésien ».
La pensée de Descartes a été à l’origine de la plupart des progrès technologiques depuis cette époque, de la révolution industrielle, aux progrès de la médecine… Un des éléments principaux de la pensée de Descartes était ce qu’on a appelé le « réductionnisme », c’est-à-dire que pour comprendre un phénomène, ou un objet complexe par exemple, on pouvait le démonter en autant de parties qu’il était possible, de le « réduire » à la plus petite unité pour en comprendre le fonctionnement. C’est cela le réductionnisme. Encore une fois, il a été à l’origine de la plupart des grandes inventions.
Oui mais…. Au début du 20ème siècle, de nombreux chercheurs ou praticiens se sont aperçus que la méthode « cartésienne » ne marchait pas vraiment dans leur domaine : les biologistes, les médecins, les astronomes, les botanistes, les militaires… Ils avaient bien conscience que diviser la complexité en unités simples et analyser le fonctionnement de chaque unité ne permettait pas forcément de comprendre la complexité. Par exemple : comment comprendre comment pousse une plante ? Comment comprendre comment le corps se régule pour être toujours à la même température ? Comment le cerveau fait-il pour « compenser » un handicap ? Le point commun de tous ces chercheurs est qu’ils buttaient sur la compréhension des processus complexes et sur leur évolution.
Le génie de Norbert Wiener est d’avoir inventé la cybernétique : la science qui étudie la manière dont fonctionnent les processus complexes. Les premiers travaux sur la cybernétique ont été développés à la suite d’une commande du gouvernement américain qui cherchait une réponse à une question stratégique : comment vaincre l’aviation allemande, plus puissante et plus rapide.
Wiener a réussi à trouver et démontrer le système qui permettait aux canons antiaériens de « suivre » les avions ennemis, d’anticiper leur trajectoire pour pouvoir les détruire à coup sûr.
De manière simplifié, le schéma qu’il a utilisé est le suivant : Il est assez simple à comprendre : on rentre une information dans le système (ici le canon) , puis on analyse le retour d’information qui est intégré comme nouveau paramètre de réglage pour ajuster le tir. Ce retour d’information qui permet d’ajuster le fonctionnement du système est la clé de compréhension de la cybernétique et des systèmes complexes.
Nous verrons demain pourquoi ce schéma est si important pour comprendre comment on fonctionne et comment on s’adapte
En résumé, les enseignements à retenir de ce deuxième jour de promenade sur les chemins de la connaissance sont les suivants :
- Une information c’est une différence qui fait une différence
- La valeur d’une information c’est son improbabilité
- Certaines informations ont plus de valeur que d’autres (la violence notamment)
- L’excès d’information et l’absence d’informations sont les deux sources de l’angoisse et de l’anxiété
- La cybernétique est la science qui étudie le fonctionnement des systèmes complexes
- La caractéristique de ces systèmes complexes, c’est que se sont des systèmes à l’intérieur desquels de l’information circule, qui va faire des différences
- Le retour d’information est ce qui permet aux systèmes complexes de s’adapter
J'espère que cela vous aura intéressé et vous dit à demain.
Avec grand plaisir pour ma part
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