Par Andrea Shalal, David Lawder et Susan Heavey
WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi après-midi son intention de dévoiler des tarifs douaniers réciproques, mais n'a donné aucun détail sur son dernier projet, qui pourrait viser tous les pays qui imposent des droits de douane sur les importations américaines.
« Aujourd'hui, c'est le grand jour : les tarifs réciproques », a écrit Trump sur sa plateforme de médias sociaux.
Il a ensuite annoncé qu'il détaillerait les dernières mesures tarifaires sur les importations aux États-Unis qu'il a dévoilées depuis sa prise de fonction le mois dernier lors d'une conférence de presse à 13 heures (18 heures GMT).
Cette visite aura lieu quelques heures avant la visite à la Maison Blanche du Premier ministre indien Narendra Modi, qui doit arriver à 16 heures (21 heures GMT), à la tête d'un gouvernement qui impose les droits de douane les plus élevés sur les exportations américaines de tous les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
La dernière série de mesures tarifaires du président républicain, qui ébranlent le marché, a accru les craintes d'une guerre commerciale mondiale qui s'étend et a menacé d'accélérer
l'inflation américaine.
Trump, qui a pris ses fonctions le 20 janvier, a déjà annoncé des droits de douane sur toutes les importations d'acier et d'aluminium à partir du 12
mars, a imposé des droits de douane de 10 % sur les marchandises en provenance de Chine et a imposé un gel de 30 jours des droits de douane sur les marchandises en provenance du Canada et du Mexique voisins.
Les conseillers commerciaux de Trump finalisaient mercredi les plans concernant les tarifs douaniers réciproques que le président américain s'est engagé à imposer à tous les pays qui prélèvent des droits de douane sur les importations américaines, attisant les craintes d'une élargissement de la guerre commerciale mondiale.
Trump a déclaré lundi qu'il envisageait également des tarifs douaniers distincts sur les voitures, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques.
Les experts du commerce estiment que la structuration des tarifs douaniers réciproques souhaités par Trump pose de gros défis à son équipe, ce qui peut expliquer pourquoi les derniers droits n'ont pas été annoncés mardi.
Les responsables de Trump pourraient opter pour un taux tarifaire fixe de 10 % ou 20 % plus facile à mettre en œuvre, ou une approche plus complexe qui nécessiterait des barèmes tarifaires distincts faisant correspondre les tarifs américains aux taux de chaque autre pays, a déclaré William Reinsch, chercheur principal au Centre d'études stratégiques et internationales.
Damon Pike, spécialiste du commerce et directeur de la division américaine du cabinet comptable BDO International, a déclaré que les tarifs réciproques envisagés par Trump entraîneraient une entreprise monumentale, étant donné que chacun des 186 membres de l'Organisation mondiale des douanes avait des taux de droits différents.
« Au niveau international, il y a environ 5 000 descriptions différentes au niveau des sous-titres de produits à 6 chiffres, soit 5 000 fois 186 nations. C'est presque un projet d'intelligence artificielle », a-t-il déclaré.
Les experts affirment que Trump pourrait se tourner vers plusieurs lois, notamment l'article 122 du Trade Act de 1974, qui n'autoriserait qu'un taux forfaitaire maximum de 15 % pendant six mois, ou l'article 338 du Tariff Act de 1930, qui donne le pouvoir d'agir contre la discrimination commerciale qui désavantage le commerce américain, mais qui n'a jamais été utilisé.
Trump pourrait également utiliser la même loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux utilisée pour justifier les tarifs douaniers imposés à la Chine et en attente pour le Canada et le Mexique.
« En l'absence de l'IEEPA, il faudrait d'abord qu'une sorte d'action de l'agence soit entreprise avant que des droits de douane puissent être imposés... mais tout semble aller vite », a déclaré Pike, ajoutant que normalement les droits de douane seraient appliqués par le Congrès.
Reinsch a déclaré que l'imposition de tarifs réciproques cédait également le contrôle du
Tarif douanier américain à d'autres pays, suivant le taux de tarif qu'ils fixaient, et pourrait conduire à des résultats contreproductifs.
« Par exemple, si la Colombie impose des droits de douane élevés sur le café afin de protéger son industrie, nous imposerions des droits de douane élevés sur le café colombien pour égaler les leurs, même si nous ne cultivons pas de café. Les seuls à en souffrir seraient les consommateurs américains », a-t-il déclaré.
