Le sujet
Il s'agit en effet d'un naufrage.
En 1816, après la défaite de Waterloo et alors que Louis XVIII s'installe sur le trône de France, une frégate "La Méduse" quitte le
port de Rochefort sous les ordres du commandant Duroy de Chaumarey avec, à son bord, le futur gouverneur du Sénégal et sa
famille. Après un échouage au large des côtes de la Mauritanie, le commandant monte dans une chaloupe pour rejoindre le
rivage. Ses troupes, 150 hommes, prennent alors place sur un radeau de vingt mètres sur sept. Le plan d’évacuation prévoyait
son remorquage par la chaloupe, mais très vite les occupants de cette dernière coupent les cordes et abandonnent le radeau.
Après treize jours de dérive, seule une dizaine de marins survit après avoir affronté la peur, la faim et la mort autour d’eux.
Deux officiers survivants, l’ingénieur géographe Corréard et le chirurgien auxiliaire Savigny racontent toute l’histoire dans un
livre publié en 1817. Cet événement provoque le scandale. L’opinion publique est indignée par le fait que le pouvoir laisse un
capitaine inexpérimenté diriger le vaisseau (il n’avait pas navigué depuis de très nombreuses années), puis par l'odieux acte
d'abandon perpétré par Chaumarey et enfin par les scènes d’anthropophagie qui eurent lieu à bord du radeau. Le ministre de la
Marine démissionna. Le commandant Futures condamné à trois ans de prison.
Captivé par ce fait divers tragique, Géricault choisit de peindre les survivants apercevant à l’horizon un navire, l'Argus
(représenté par un point minuscule sur la ligne d'horizon). Rassemblant leurs dernières forces, ils agitent des linges en espérant
que leurs signaux soient aperçus, alors que le vent gonfle la voile et emporte le radeau à l'opposé du bateau. Ils seront en effet
sauvés et recueillis à bord de l'Argus. Une grande tension dramatique se dégage de cet instant décisif.
Théodore Géricault se fait raconter la tragédie par deux survivants représentés au pied du mât. Il réalise de très nombreux
dessins, croquis et tableaux préparatoires afin de trouver la composition finale et de représenter les détails avec un très grand
réalisme. Il étudie, dessine et peint même des morceaux de vrais cadavres qu’il faisait amener en cachette dans son atelier ! Il a
aussi fait reproduire le radeau en maquette.
Au Salon de 1819, le génie de Géricault est salué mais l’œuvre provoque le scandale en raison de son sujet polémique et de la
représentation jugée trop réaliste et morbide des corps des naufragés. Le tableau a également été considéré comme une
critique du gouvernement jugé incompétent pour son choix d'un homme, certes noble royaliste, mais capitaine inexpérimenté et
sa volonté d'étouffer l'affaire.
Une anecdote : le peintre Eugène Delacroix a posé pour l’un des personnages : probablement l’homme mort au premier plan,
couché le bras gauche étendu, face contre le radeau.
Une précision : le tableau est en train de disparaître… en effet, l’emploi de plomb dans la composition de la peinture, fait qu’au
contact de l’air, par oxydation, la toile noircit ! Dans quelques années il ne sera plus visible…
A noter : Il en existe une copie au Musée d’art et d’histoire de Rochefort, en Charente-Maritime, réalisée par Étienne Ronjat
http://ww2.ac-poitiers.fr/ia17-pedagogie/IMG/pdf/0_Gericault_Le_Radeau_de_la_Meduse.pdf