https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a57222
Depuis le début des années 1980, le terme de « patron » a peu à peu disparu des discours, au profit de l’expression « créateur de richesse » qui correspond mieux au statut de héros modernes accordé aux entrepreneurs. L’idée selon laquelle « ce sont les entreprises qui créent l’emploi » suggère en effet que le bien-être collectif dépend en grande partie d’eux. Mais une telle croyance est-elle fondée ?
C’est sans doute la phrase la plus répétée de tout le discours économique médiatique et politique et la mieux bénie par le sens commun : « Ce sont les entreprises qui créent l’emploi. » Le pire dans cette histoire, c’est que les principaux intéressés disent eux-mêmes que cet énoncé est faux : lors de l’élaboration du pacte de responsabilité, en contreparties aux 50 milliards de ristournes fiscales, le patronat s’est-t-il engagé sur un volume global de créations d’emplois ? Bien sûr que non, l’argument étant : « Encore faut-il que les carnets de commandes se remplissent… »
CQFD : le super-entrepreneur "créateur d’emplois" ne crée rien du tout. Il n’ouvre de nouveaux postes que s’il fait face à un volume de commandes qui le justifie.
On pourrait objecter qu'une entreprise dynamique et performante peut attirer à elle de nouveaux de clients. À ceci près que c’est un jeu à somme nulle : les clients qui viendront à elle auront été soustraits à ses concurrents. Elle créera de nouveaux emplois mais ses concurrents en supprimeront.
En réalité, les entreprises ne font que convertir en emplois le volume d’activité déterminé par la conjoncture. Et le super-entrepreneur ne créé lui même pas d’emploi : il ne fait qu’effectuer un transfert depuis un entrepreneur moins performant que lui.
C’est donc la conjoncture globale qui est le vrai créateur d’emploi : accorder aux entreprises des allègements de charges ou d’impôts est contre-productif, aucun argument ne peut contredire la courbe du chômage.
Agissons plutôt sur les règles européennes concernant la politique macroéconomique globale.