Tout ce qui suit est mon avis personnel et résulte d’une analyse de mon parcours en trading qui ressemble à des briques qui, petit à petit, commencent à ébaucher l’armature générale de mon trading.
J’espère que cette armature vous fera gagner un peu du temps que j’ai perdu et que vous pourrez y bâtir quelque chose de bon pour vous.
Aujourd’hui je vais vous parler de ma découverte de ma vie intérieure. Si vous n’avez pas lu les trois premiers épisodes, c’est le moment :
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4 : Mon cerveau, le trading et moi.
1. Comment j’en suis arrivé là ? J’expliquais dans la première partie comment j’apprends, documentation/recherches, mise en pratique, déclic, franchissement de palier.
Dans la deuxième partie, je faisais un focus sur mes précédents déclics et notamment le dernier en date, ou j’avais (enfin) trouvé la piste sur laquelle me concentrer pour finir par trouver MA technique. En effet, je me vois maintenant comme un trappeur, avant je cherchais une piste, maintenant je la suis jusqu’à trouver mon gibier. Retenez bien ce « MA », je vais dans la suite de ce post, l’interpréter et vous dire ce que cela implique.
Depuis, j’ai pu entrer de plain-pied dans la discipline du trading et ce n’est seulement qu’à ce moment-là, que j’ai compris pourquoi, beaucoup de trader parlent de psychologie. En effet, avant d’avoir une ébauche de technique fiable, j’avais toujours la bonne excuse : « Ce n’est pas de ma faute, c’est la technique qui est mauvaise ».
2. La psychologie ? Mouais… Depuis 2006, ou mon prof d’éco et son ami trader ont implanté un rêve dans mon esprit, j’ai toujours entendu parler de la psychologie en trading, mais cette notion a toujours été abstraite. « La psychologie, c’est ce qui te fait perdre », « Il faut avoir un bon mental », « La psychologie c’est 80% du trading »… . Ces commentaires avaient pour point commun de faire consensus (ce qui est assez rare en trading), mais je ne comprenais pas comment on pouvait « maitriser » sa psychologie. Je me disais à l’époque « la psychologie est. Il n’y a rien à manipuler, ou à modifier », « ou alors chassez le naturel et il reviendra au galop, … ». Pour moi, la psychologie c’était un truc qui se passait dans ma tête quoiqu’il arrive, impalpable et non modifiable volontairement, la vie seule pouvait faire son œuvre et modifier la psyché.
Puis en regardant les vidéos de Benoist, une notion d’émotion commence à émerger (notamment via le pare excitation freudien)(1), mais assez vaguement. Cette vidéo j’ai dû la voir une première fois au début de l’année 2019 et je l’ai regardé de nouveau début mai. Entre deux, une légère prise de conscience, mais même alors, la plupart des notions étaient pour moi encore totalement abstraites, inconnues ou même mélangées. Je n’avais par exemple jamais fait la distinction entre émotions et sentiments. Et vous ?
3. Les mots et les maux. Si vous avez lu 1984 de Georges Orwell (livre assez incroyable car une multitude de petits points nous font dire que « c’est violent, incroyable et dingue », sans pour autant que l’on puisse dire « cela n’arrivera jamais ». Je vous invite chaleureusement à le lire, vous ne perdrez pas votre temps). Dans ce livre on prend pleinement conscience du poids et de l’utilité des mots. Orwell introduit le concept de « novlangue » (Newspeak), pour démontrer qu’en réduisant le nombre de mots disponible dans une langue, il devient de plus en plus compliqué de réfléchir, de mettre en ordre ses pensées, d’imaginer. En effet, sans ce pouvoir des mots, vous ne pouvez plus faire de nuances, vous ne raisonnez plus, vous réagissez. Tout cela pour vous préciser l’importance de pouvoir nommer les choses, quoi de plus utile que les mots en psychologie étant donné que cette discipline (récente (2)) descend de la philosophie. Que serait la philosophie, royaume de la réflexion, sans les mots ? Comment savoir ce qu’il m’arrive si je ne mets pas des mots sur ce que je ressens ?
- • La réflexion,
• Les sentiments,
• Les émotions,
• Les réactions.
• La relaxation.
• La méditation.
4. Le tilt, qui me fait tilter. J’avais posté sur le forum « Mais qui est cette personne ? », car je m’étais choqué moi-même en ne me reconnaissant plus. J’avais réalisé des actions comme si j‘étais en dehors de mon corps, comme si je n’étais pas présent et que je ne contrôlais plus rien (j’ai su plus tard qu’en psychologie on appelle cela la dissociation). C’est Santé-Fitness qui m’a mis sur la voie : « Le mot simple qu'il est utile de consulter dans le dictionnaire pour prendre conscience de notre essence. C'est la... Frustration. ». Et c’est là que j’ai commencé à comprendre. Encore mille merci Santé-Fitness.
D’une part je me suis mis en tête de comprendre ce qu’est la frustration. J’ai donc lu le dictionnaire selon la recommandation qui m’avait été faite et elle est définie comme ceci :
n. f. XVe siècle, frustracion. Emprunté du latin frustratio, « action de tromper ; déception », dérivé de frustrare (voir Frustrer).
1. DROIT. Action de frustrer. Cette manœuvre aboutit à la frustration des ayants droit.
2. PSYCHOL. État du sujet qui se voit interdire ou qui se refuse la satisfaction d'un désir. Éprouver un sentiment de frustration, une angoisse de frustration.
Psychologie… tient, ça me rappelle tout un tas de mise en garde ça, pas vous ? Puis en faisant une recherche pour mes podcasts de marche (cf. partie 2), j’en trouve un : avec pour titre « La frustration : comment peut-elle prendre des proportions démesurées ? » (2). Quelle ne Futures pas ma surprise en écoutant ce podcast ! En effet pour aborder ce thème l’auteure (Adélie Pojzman-Pontay) a choisi la pratique du poker et le fameux « tilt ». Bingo ! Santé-Fitness avait tapé dans le mille, j’avais donc, la cause et la conséquence.
La conséquence (le tilt donc) je connaissais au flipper, ou dans le sens « comprendre », mais je ne savais pas que je pouvais moi-même tilter (je n’avais pas associé cette notion à mes comportements passés). Dans le podcast, Adélie Pojzman-Pontay, interroge plusieurs personnes dont Axelle Moreau, chercheuse en psychopathologie. Axelle Moreau définie la frustration comme « un mélange de colère et de déception », elle a soutenu sa thèse (Le tilt au poker en ligne : description, mesure et lien avec le jeu excessif (3)) sur un sujet qui nous touche tout autant que les joueurs de pokers : le tilt donc. En lisant cette thèse j’ai eu confirmation que j’avais bel et bien tilté (tous les signes cliniques étaient réunis XD) et j’ai appris que la seule méthode pour ne pas tilter c’est de s’écouter et d’arrêter l’action qui est en train de nous submerger émotionnellement.
Parce qu’on avait prévu que quelque chose se passerait d’une certaine manière et que ce n’est pas ce qui est arrivé, on devient frustré.
5. Les émotions, qu’est-ce donc ? n. f. XVIe siècle, au sens 2. Dérivé d’émouvoir, d’après l’ancien français motion, de sens analogue.
II. Réaction affective brusque et momentanée, agréable ou pénible, souvent accompagnée de manifestations physiques.
Pour faire simple on va répartir les émotions de base comme suit (cf. travaux de Paul Ekman (4)) :
- • Tristesse
• Joie
• Colère
• Peur
• Dégoût
• Surprise
Physiologiquement, une émotion, est donc un signal automatique de votre corps, pour vous dire « j’ai perçu, j’anticipe, ceci ou cela (danger, moment agréable,…)». Étymologiquement « émotion » implique un mouvement. Psychologiquement une émotion serait ce qui nous donne l’envie d’agir, elles seraient notre moteur dans la vie.
Si vous ne vous posez pas la question, de savoir pourquoi votre corps vous envoi ce signal, votre cerveau va faire tourner en boucle cette émotion (la rumination si c’est une émotion perçue comme négative) et c’est là le sentiment. Malheureusement vous n’avez pas le pouvoir d’arrêter une émotion, vous pouvez par contre :
- Éviter de vous mettre dans une situation qui l’engendre. Mais faites doublement attention : Premièrement en faisant cela, il faut aussi admettre que vous ne pouvez pas tout contrôler, et que ce que vous aviez tenté d’éviter peut très bien se produire quand même, sinon vous serez frustré. Deuxièmement, si l’on considère les émotions comme le moteur de la vie, et que vous vous en privez, … vous n’irez pas bien loin.
- Apprendre à votre corps qu’une situation n’est pas ce qu’elle parait (Pourquoi être triste et en colère d’un trade perdant, alors que c’est tout à fait normal de perdre ?).
- Faire attention à vos émotions pour reprendre le contrôle rapidement. Pour cela encore faut-il savoir les reconnaitre, ce qui implique d’un, de mettre des mots dessus, et de deux travailler à le reconnaitre. C’est sur ce dernier point que la méditation va vous aider.
- Faire baisser le niveau des émotions, ça c’est le travail fait lors d’une séance de relaxation.
6. L’impatience,… Imaginez-vous au bureau de Poste. Après avoir fait le point sur toutes ces nouveautés pour moi, j’ai cherché à savoir, qu’elle avait été la genèse de ma frustration avant mon tilt. Comme souvent ça part d’un trade foireux. Un de ceux que l’on n’aurait jamais dû prendre. Mais se pose donc la question de savoir pourquoi, si je savais que je ne devais pas le prendre, … l’ai-je pris ? J’en suis venu à la conclusion que le premier était dû à de l’impatience. Et donc il faut pour ça connaitre les ressorts de l’impatience. Commençons par la définition :
n. f. XIIe siècle, impacience. Emprunté du latin impérial impatientia, « inaptitude à supporter quelque chose ». Manque de patience ; sentiment d'inquiétude ou d'irritation que l'on éprouve soit dans la souffrance d'un mal, soit dans l'attente de quelque bien.
En lisant « psychologie magazine » (6), je vois que l’impatience est toutefois ambivalente. C’est un moteur dans certains cas de la vie (pour accélérer le changement), mais le plus souvent nous fait faire des bêtises (et en trading, bêtise = perte) :
- • « « L’impatience curiosité » amène également à enrichir sa pensée et à augmenter ses connaissances […] »
• « […] notre culture de « l’hyperchoix » et des incessantes stimulations de toute nature […] (génère ndlr) une tendance à l’éparpillement, à la superficialité, et la difficulté d’être constant et persévérant dans ses choix, dans ses émotions et dans son rapport aux autres. »
• « Ce n’est pas un hasard si les maîtres zen rappellent à leurs disciples que « la faute se cache toujours dans l’inattention » ».
• « L’impatient, parce qu’il ne se satisfait pas longtemps de la répétition et de l’existant, cherche à combattre le sentiment d’ennui »
La seule chose qui me vient à l’esprit est assez bateau : « je dois vivre l’instant présent » et ça c’est le crédo de la relaxation et de la méditation. Je peux aussi appliquer le quatrième accord Toltèque : « Faites de votre mieux, ni plus, ni moins » (7). D’une part cela m’évitera les frustrations, puisqu’une frustration intervient quand on a prévu quelque chose et que cela ne se passe pas comme espéré. D’autre part, en faisant de mon mieux, même si tout ne se passe pas comme prévu, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir fait le job dans les règles. Le fait qu’un événement aléatoire m’ait sortie ne devrait alors plus apparaître que comme pure logique statistique.
Voilà, j’ai donc trouvé (il me semble) les ressorts de mon tilt. L’impatience de ne pas avoir de résultats probants rapidement et la frustration d’avoir perdu.
7. Et maintenant, je fais quoi ? Toute la suite de mes « recherches » a consisté, et consiste encore, en trois points :
- • Me familiariser avec la détection et le ressenti de mes émotions (méditation), parfois en les provoquant volontairement (12) (le résumé de l’article (12) est suffisant pour ce que je souhaite réaliser).
• Entreprendre un travail de développement personnel (Les accords toltèques sont pour moi un bon tremplin (7))
• Pousser plus en avant ma découverte de la psychologie, la sophrologie, la neurocognition, la relaxation et la méditation.
Dans les livres, je vais maintenant assez rapidement à la partie psychologie. J’ai encore beaucoup à apprendre dans ce domaine, mais la question à se poser est : « Est-ce qu’un livre de trading est le meilleur endroit pour découvrir mes ressorts psychologiques ? ». Sur certains cas concrets, oui bien sûr. Mais dans l’immense majorité des cas c’est non, car une fois que j'aurais appris les bases de la psychologie, seul un travail sur moi-même sera utile.
8. En résumé. Sur tout ce pavé, je n’ai que peu d’astuces à vous donner, mais si vous ne devez en retenir qu’une c’est la suivante, elle est à la fois véridique et infaillible :
Ce que nous faisons en tant que trader (ou ce vers quoi tout trader doit tendre) c’est d’exploiter un avantage statistique d’une configuration (au passage je vous invite à vous pencher sur la loi des grands nombres (9) et le biais des petits nombres à partir de 7:55 dans la vidéo (10)). Cet avantage statistique que vous exploitez, c’est votre méthode d’entrée/sortie que vous avez identifiée préalablement à la prise de position. Vous n’aurez jamais la possibilité d’influer sur l’évolution du cours (Dans le cas contraire, vous êtes un grand malade de lire ce post). A partir de là, logiquement, le seul sentiment que vous devriez ressentir c’est la fierté du travail fait correctement. Vous aviez un signal d’entré, vous êtes entré, avec la bonne taille de position et vous avez ou gagné ou perdu. Vous ne devez ressentir, ni déception d’avoir été sortie par votre SL, ni joie d’avoir gagné, mais la fierté d’avoir fait de votre mieux (7). Pour reprendre une analyse de Thami Kabbaj (La psychologie des grands traders), la seule peur que vous devriez ressentir c’est c’elle de ne pas appliquer le plan de trading à la lettre, focalisez-vous sur le processus et non sur le résultat.
Comment adapter votre psychologie au trading ?
Sur ce, je vous dis merci car c’est grâce à vous, vos conseils et votre bienveillance que j’apprends à me connaitre, et je vous souhaite une bonne continuation. La prochaine fois, je vous parlerai de l’étape ultime que je vais travailler avant de me lancer, la chose que mes parents ont essayé de m’apprendre pour vivre en société, et qui doit être poussé à un niveau bien supérieur en trading.
Pour aller plus loin : Christophe André :
- • Podcast : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/la-grande-table-2eme-partie-lundi-22-janvier-2018
• La relaxation, pour avoir un équilibre sur le long terme c’est un facteur protecteur. Cela nous rend plus lucide sur notre vie, plus déterminé pour la changer. Le principe c’est de s’arrêter et d’observer notre expérience actuelle.
• On apprend mieux quand on est de bonne humeur, le « positivisme »
• Podcat « 3 minutes à méditer » https://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter
- • La vie intérieure, c’est tout ce dont nous prenons conscience quand nous dégageons notre attention des sollicitations extérieures.
- • Ils ont découvert les biais cognitifs, les heuristiques, ces façons du cerveau de raisonner, de juger, de façon très rapide, automatique, qui marche très, très souvent mais pas toujours. On les oppose aux algorithmes (la logique), plus lents, plus réfléchis, analytiques, qui demande un effort plus grand, mais qui conduisent toujours aux bons résultats (si tant est que l’on a les bonnes informations). Attention toutefois ils entrent en compétition. Le but est d’accorder les deux.
- • Dans ses travaux, Antonio Damasio dit que les émotions sont le trait d’union entre le système 1 (heuristique) et le système 2 (algorithmique). Damasio, met en avant les marqueurs somatiques. C’est-à-dire que le cerveau fonctionne avec des cartes, qui sont enregistrées en plusieurs endroit, l’image, le son, le goût, les odeurs, …. Ces marqueurs somatiques permettent quand on en ressent de nouveau un, de reconstruire le souvenir. Le parfait exemple est la madeleine de Proust.
- • Selon Olivier Houdé, les émotions agissent sur une autre partie du cerveau qu’il nomme le système 3. C’est le contrôle inhibiteur, l’arbitre. Grace à ses travaux et à son équipe (11), on sait maintenant que l’on peut donc, grâce aux émotions, basculer d’un système 1 à un système 2, avec par exemple, le regret.
(1) : https://youtu.be/dJjCn7d7ShM
(2) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_psychologie
(3) : https://player.fm/1vnmyk
(4) : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01725417/document
(5) : https://vimeo.com/149731473
(6) : https://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Comportement/Articles-et-Dossiers/L-impatience-est-aussi-une-qualite
(7) : https://youtu.be/ANpaDytU-xc
(8) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_1_/_Sys%C3%A8me_2_:_Les_deux_vitesses_de_la_pens%C3%A9e
(9) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_grands_nombres
(10) : https://youtu.be/MCg2lw4Nxno
(11) : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00794209/document
(12) : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/j.2044-8295.1994.tb02508.x
(13) : https://www.researchgate.net/publication/276267069_Affect_et_pensee_logique_Comment_les_emotions_influencent_notre_raisonnement
(14) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Phineas_Gage?wprov=sfti1