--------------------------------------
Il reste toujours quelques places pour les ouvertures du 4ème trimestre
Inscriptions ici : http://andlil.com/forum/ouvertures-des- ... l#p1191374
-------------------------------------
Suite à nos précédentes constatations et réflexions, nous voilà aux frontières du temps. Passé, présent et futur étant maintenant indistincts, le temps a-t-il finalement eu un début, un point de départ ?
Impossible de poser pour moi une quelconque réflexion sur la potentialité de la préexistence du (d’un) temps sur notre univers connu. Vous me permettrez donc de revenir dans le chemin de la science et du temps « objectif ».
Le début : l’ère de Planck
Les lois gouvernant l’Univers tendent à suivre une pente fatale l’acheminant vers la mort (théorie du Big Crunch, du Big Chill, Big Rip etc…). Une large part des théoriciens admettant que le temps est une propriété fondamentale de l’Univers (l’espace-temps), sans espace, plus de temps ? Et si l’Univers doit un jour disparaître, un jour aussi il a dû commencer.
S’il y a eu un instant zéro de l’Univers (T0), nous pouvons dire, en l’état des connaissances, que le moment où notre temps « objectif » s’arrête, où il devient indivisible correspond à 10 -43 seconde (instant légèrement postérieur à T0). Imaginez, cela correspond à un cent millionième de milliardième de milliardième de milliardième de milliardième de seconde. Et il s’agit pour l’instant de notre temps premier, au-delà duquel il n’y a plus rien.
Ça, c’était en tout cas notre entendement commun. Or aujourd’hui, les physiciens parlent aussi de plus en plus de la notion d’émergence, surtout depuis que l’enjeu est de trouver le lien entre la relativité générale (la grande échelle) et la mécanique quantique (l’infiniment petit).
L’espace-temps aurait ainsi émergé de quelque chose qui est sous-jacent. Sans rentrer dans les détails de ce sous-jacent, le temps n’aurait pas d’existence en soi mais serait bien une perception engendrée par celui-ci (on parle ici de champs quantiques covariants pour ceux qui voudraient creuser, moi je n’en suis qu’à mes débuts en mécanique quantique).
Si cela peut sembler complexe, on vient toucher là une idée majeure par rapport à notre traitement du sujet : le temps ne serait donc qu’une approximation, une représentation, et ce sont des scientifiques qui l’expriment.
Depuis, le « temps » passe… et continue sa course ?
Il est courant d’affirmer que les choses deviennent dans le temps. Nous pouvons d’ailleurs nous rappeler le passé, mais pas le futur.
Nous voilà maintenant face à une autre affirmation : le temps (ou sa perception) serait un écoulement, continu, vers l’avant. Notre intuition profonde reste en effet que le futur est ouvert jusqu’à ce qu’il devienne le présent et que le passé est fixé, quoi que la science ou les philosophes puissent nous expliquer. A mesure que le temps s’écoule, cette structure de passé fixé, présent immédiat et avenir ouvert se décale dans un sens, toujours le même. Cette structure est inscrite dans notre langage, nos pensées et notre comportement.
Pourtant, la notion même d’écoulement du temps me paraît absurde et supposerait une dimension supplémentaire propre à lui (car à quelle vitesse s’écoulerait-il en ce cas ?). On pourrait alors rétorquer que ce n’est peut-être pas le temps qui s’écoule, mais les choses qui s’écoulent dans le temps (on en reviendrait à notre système de mesure, basé sur les unités de temps).
Doit-on alors identifier temps et devenir ou les dissocier et voir dans le temps le réceptacle inerte de l’ensemble de ce qui advient ?
A la vue des précédentes réflexions sur le sujet, j’ai peine à concevoir le temps comme un cadre (le « réceptacle »). J’assume de prendre le parti de vous proposer de considérer que la direction du temps ne serait pas un aspect intrinsèque au temps, mais serait plutôt comme un effet de perspective.
Au final, le temps n’est-il qu’illusion ?
« On ne voit jamais le temps. Nous voyons seulement son effet dans nos montres. Si vous dites que cet objet bouge, vous voulez en fait dire que l’objet est à tel endroit quand l’aiguille de votre montre est ici, et ainsi de suite. Nous disons que nous mesurons le temps avec une montre, mais nous ne voyons jamais que les aiguilles d’une montre, pas le temps lui-même. Et les aiguilles d’une montre sont des variables physiques comme n’importe qu’elle autre. Aussi, dans un sens, nous trichons, car ce que nous voyons réellement ce sont des variables physiques, elles-mêmes fonctions d’autres variables physiques, mais nous nous les représentons comme si tout évoluait dans le temps." Carlo Rovelli, physicien.
Il s’ensuit de nos précédentes observations et du grand principe de Leibniz qu’il ne peut pas exister de temps absolu qui fasse tic-tac aveuglément quoiqu’il arrive dans le monde. Le temps est une conséquence du changement ; sans altération dans le monde, il ne peut y avoir de temps. Et si Leibniz voyait le temps, non comme une entité singulière mais comme un pont entre deux phénomènes, lui considérant donc une existence, il me permet tout de même d’en venir ici à une conception très subversive : le temps n’est-il rien d’autre que le changement ?
Je ne sors pas cette idée de nulle part, on la retrouve d’ailleurs chez Descartes ou Aristote, pour qui la mesure du temps est le changement même. Il n’existerait pas en soi, mais c’est une façon de parler de ce qui bouge. Aristote dit d’ailleurs que le temps est « le nombre du changement », ce serait une manière de chiffrer le changement pour être plus exact.
Julian Barbour, physicien, dit lui aussi « La physique doit être refondue sur une nouvelle base dans laquelle le changement est la mesure du temps, pas le temps la mesure du changement ».
-----------------------------------------------
Il me faut avant de conclure pour aujourd’hui rappeler que l’ordonnancement de ce post conduit vraisemblablement à une conclusion subjective qui ne se veut ni véridique, ni juste. Dans toute son imperfection il s’agit d’un cheminement de réflexion essayant de conserver une logique propre. Chacun fera son chemin à ce sujet, et le mien est encore long avant de pouvoir me forger un avis charpenté !
Une bonne journée à tous (et demain c'est mon dernier pavé, vous pourrez reposer vos yeux )
----------------------------------------
Voici le calendrier économique du jour :