Un "sample" (=échantillon en français) est une mélodie, une instrumentale issue d'un morceau préexistant et qui va être réutilisé pour donner lieu à une nouvelle instrumentale.
Très souvent on va ajouter des percussions pour donner un rythme plus adapté pour rapper. Mais on peut aussi de manière plus sophistiqué ajouter des arrangements ou créer des boucles mélodiques issues du sample. Bref, c'est un art à part entière.
D'ailleurs petite aparté, mais on parle de "beat" (=rythme en français) pour qualifier une instrumentale d'un morceau de rap et ce terme se prononce comme une bitte... d'amarrage.
Cette pratique, bien que posant de nombreux problèmes, notamment de droits d'auteurs, va aussi être une incroyable source de créativité et va ainsi permettre au rap d'explorer énormément d'univers musicaux.
Ainsi, alors que les mouvements musicaux, la musique classique, le jazz, la variété etc sont très codifiés, le rap va s'en affranchir totalement. Je pense que c'est notamment la liberté qu'offre le rap qui va engendrer sa popularité actuelle, étant le genre musical le plus écouté en France depuis quelques années.
Par conséquent, je vous propose un petit florilège de rap avec des "beats" issues de "sample"
On commence avec un classique du rap français avec le groupe NTM, sur un sample de musique classique (prélude n°4 de chopin)
Plus récemment, Ledé Markson a samplé l'instrumentale jazz d'Ibrahim Maalouf (True Story - Illusion). Je trouve l'association vraiment super agréable à écouter
Certains rappeurs ont poussé le délire un cran plus loin en rappant par exemple sur des instrumentales de musique de film célèbre. Ici, Yung Mavu, un rappeur belge a réutilisé le thème d'Harry Potter pour son morceau
"Learn the rules, master the rules, break the rules"
Mobb Deep en 1995 va illustrer cet adage en samplant cette fois-ci non pas un morceau de musique, mais bien le son... d'une gazinière.
Cela peut prêter à sourire, mais ce "beat" est désormais entré dans la légende et je suis prêt à parier que vous l'avez déjà entendu sans le savoir tant il a été réutilisé depuis.
Le sampling a montré un nouvelle facette de ses possibilités en 2016 de manière très inattendue donnant ses lettres de noblesses à un nouveau genre du rap : Le Lofi.
En effet, une jeune artiste Shiloh Dynasty a posté des enregistrements très court d'elle en train de chanter, de l'ordre de 10 à 20 seconde, simplement accompagné d'une guitare sèche. Très vite, sa voix se fait remarquer par la douceur qu'elle dégage et son grain très particulier. Des "beatmakers", ceux qui composent les instrumentales de rap, vont alors sampler sa voix pour créer un instrument à part entière et pour donner une ambiance très particulière à des "beats" calme.
C'est la chanson de XXXTENTACION qui va démocratiser totalement cette pratique et décupler la popularité de Shiloh Dynasty. C'est sa voix qu'on entend au début du morceau et en fond sonore par la suite.
Suite à cela des boucles musicales vont être créés à partir de ces court extraits pour donner naissance à une musique entière, juste avec des boucles de ces extraits de quelques secondes. On n'utilise plus un sample pour créer un morceau, le sample devient un morceau à part entière :
Si vous écoutez des playlists de travail, de musique chill c'est absolument impossible que nous n'aillez pas entendu ces samples de sa voix, tant ils ont inspiré les beatmakers ces dernières années.
Pour l'anecdote, suite au succès des extraits vidéos qu'elle postait, Shiloh qui ne souhaite pas devenir célèbre a décidé de se couper d'internet. Ainsi les extraits vidéos sont entrés encore davantage dans la légende car il en existe très peu. Si vous souhaitez écouter ces extraits ils sont recensés dans cette vidéo
Ce que je voulais vous partager dans l'ouverture d'aujourd'hui c'est la manière dont le rap parvient en permanence à se réinventer et à s'affranchir des codes, des carcans qui sont habituellement posés sur les autres genres musicaux.
Le rap est à l'image du trader : libre.
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