Les marchés actions sont portés par la perspective d'un fort rebond de la croissance mondiale une fois que les économies auront rouvert grâce à la vaccination. Mardi, le FMI a relevé à 6% sa prévision pour le monde cette année. Une grande partie de ces nouvelles économiques semble toutefois intégrée dans les prix.
"Avril est généralement un bon mois pour les actions mais beaucoup de nouvelles sont dans les prix", note Emmanuel Cau, stratégiste chez Barclays. S'il estime que les actions offrent encore un potentiel de hausse, l'opérateur de marché s'attend aussi à des rendements plus faibles et une plus grande dispersion.
"Les actions et les obligations ont récupéré leurs pertes du premier semestre 2020, et les cycliques semblent bien valorisées par rapport aux défensives. Un indice ISM au-dessus de 60 n'est pas bon pour la direction des marchés, ni le positionnement acheteur, avec des investisseurs retail et des fonds très investis", explique-t-il.
Binky Chadha, stratégiste chez deutsche bank s'attend également à ce que les marchés restent soutenus à court terme par les perspectives de croissance et de résultats, ainsi que par le retour des fonds systématiques et les rachats d'actions. Mais il anticipe aussi une Consolidation à partir du moment où la croissance aura atteint son pic, ce qu'il estime dans les trois mois.
Cette Consolidation pourrait être de 6% à 10% sur l'indice S&P 500. Les marchés actions sont fortement corrélés aux indicateurs avancés d'activité. C'est le cas à wall street entre le S&P 500 et l'indice ISM. Ce dernier a atteint en mars un record historique dans les services et un plus haut de 37 ans dans le secteur manufacturier.
Une baisse de 6% à 10%
Par le passé, quand l'indice ISM a atteint son pic, généralement un an après la fin des périodes de récession, les marchés ont connu des corrections dont l'ampleur a varié en fonction de l'évolution de l'indice ISM après son apogée. Plus forte quand l'indice rechute et plus modéré quand il se stabilise sur ses points hauts. La correction intervient deux semaines après le pic sur l'ISM (médiane des périodes passées) et cette période dure six semaines.
"Le positionnement sur les actions est déjà très élevé, ce qui est inhabituel aussi tôt dans le cycle de reprise économique, ce qui milite pour une Consolidation plus forte que la moyenne historique et nous nous attendons à une baisse de 6% à 10%>>, affirme le stratégiste.
"Ce n'est pas tant le fait que les marchés ont atteint de nouveaux records qui nous incite à adopter une position plus prudente", poursuit Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez Vega IM. "Le marché est très acheteur et tous les secteurs sont en tendance haussière." Pour ce dernier, la phase de rattrapage des valeurs cycliques, entamée après les premières annonces sur les vaccins en novembre dernier, et des actions décotées (value) plus récemment avec la hausse des taux longs américains, est désormais terminée. Et depuis trois semaines, les investisseurs sont même revenus sur les valeurs défensives, qu'ils avaient pourtant délaissées depuis lors.
"La saison des résultats trimestriels qui débute pourrait amener le marché à plus de discrimination entre secteurs et au sein même des secteurs", juge ce dernier qui note que cette crainte d'une Consolidation est dans le marché. "Plus l'ajustement tardera, plus cela risque de dégénérer en correction", prévient-il.