29/03/12 | 07:00 | Marina Alcaraz - Les Echos
Les stars du CAC 40 seraient largement sous-valorisées
Trois professionnels de la finance viennent de lancer un nouvel indicateur, baptisé « Reference Value ». Son originalité ? Intégrer le capital immatériel des entreprises. Selon cette méthode, de nombreuses sociétés sont mal valorisées par les marchés.
la Bourse n'est plus capable de refléter la valeur fondamentale des sociétés cotées. Notamment celle des stars du CAC 40. C'est fort de cette conviction que trois professionnels de la finance - Eric Galiègue, PDG de Valquant, Alan Fustec, président de Goodwill Management, et François Delavenne, président de FD & Associés -viennent de lancer un nouvel indicateur de la valeur des entreprises qu'ils ont baptisé « Reference Value ».
« L'écart entre les performances fondamentales et les cours boursiers des sociétés est devenu de plus en plus criant ces dernières années, explique Eric Galiègue. Le marché n'accorde pas suffisamment d'importance aux fondamentaux des entreprises. » Et d'en apporter la preuve, chiffres à l'appui : « Depuis 1999, l'indice vedette parisien est quasi stable alors que l'actif net cumulé a plus que doublé », relève-t-il. Sur une période un peu plus courte (depuis 2004), 40 sociétés françaises ont vu leurs cours baisser de 28 % en moyenne, alors que leurs ventes ont augmenté de 52 % et leur actif net par action de 64 %, relève-t-il encore. C'est le cas par exemple pour BNP Paribas, Vivendi, Sanofi, AXA, Peugeot, Lafarge ou Renault, pour ne citer que les entreprises du CAC 40.
Erreurs d'appréciation
Comment expliquer un tel phénomène ? « Les cours de Bourse - partie intégrante des modèles traditionnels -guident fortement les analystes. Or, le marché semble de moins en moins efficient, sur fond de montée en puissance de pratiques comme le trading algorithmique. Cela entraîne mécaniquement des erreurs d'appréciation », poursuit Eric Galiègue.
Pour y remédier, les trois associés ont donc cherché à « isoler les éléments boursiers » - se concentrant uniquement sur les performances de l'entreprise -pour élaborer leur propre méthode de calcul. La « reference value » (RV) prend en compte les performances financières de l'entreprise, mais pas seulement. Elle ajoute à cela une évaluation des « facteurs clefs du succès » comme la stratégie, le contexte macroéconomique, le capital humain, la marque, etc. (lire ci-contre).
En se fondant sur cette nouvelle « Reference Value », le CAC 40 devrait selon eux se situer actuellement à 5.000 points. La grande majorité des groupes du CAC 40 affichent en effet une RV supérieure à leur capitalisation boursière, à l'exception d'Accor, de Technip, de STMicroelectronics, d'Alstom, de PPR, de Carrefour, de Legrand et de Safran. « Dans ces cas-là, le marché connaît une exagération », soulignent les spécialistes. A l'inverse, la RV de Peugeot, de Bouygues ou encore de Lafarge est deux à trois fois supérieure à leur capitalisation boursière. « Les marchés manifestent des inquiétudes excessives sur le bilan du constructeur en cas de récession prolongée, sur le statut de conglomérat de Bouygues et sur la croissance du secteur du cimentier. »
Cet indicateur RV a vocation à être étendu à d'autres entreprises, cotées et non cotées. Le modèle sera vendu aux sociétés, pour qu'elles puissent suivre l'évolution de leur RV et la communiquer. Déjà deux ont annoncé des contrats : Havas et la SNCF. « Les investisseurs ont pris le pouvoir, ces dernières années. On veut le redonner aux émetteurs », conclut Alan Fustec.
MARINA A LCARAZ
Mouais, c'est beau d'y croire toujours...!