Wouaouh Shz43, taxer encore plus les cigarettes est un choix moral.
Et les consommaters de cigarette n'ont pas plus d'acceptation de la taxe, que les personnes utilisant une voiture. Dans les deux cas ils la payent car ils ne se considèrent ni l'un, ni l'autre en situation de choix. Même si l'on pourrait arguer qu'ils n'ont qu'à prendre les transports en commun ou d'arrêter de fumer... Idem pour la TVA, on pourrait théoriquement aussi décider de ne quasiment plus en payer en vivant dans l'autosuffisance maximale. Il ne me semble pas que la disposition à payer tous les jours de la TVA soit indicatrice d'un choix libre et assumé des consommateurs... c'est aller un peu vite en jugement qui nous arrangerait bien.
Mais cela se fait ailleurs, je suis également co-résident dans un pays qui a décidé de taxer spécifiquement les sodas.... avec pour argument/justification que c'est meilleur pour la santé.... (pour aller jusqu'au bout du raisonnement il aurait pu vouloir les interdire mais c'est moins rémunérateur).
En fait, il y a un souci de fond avec ce débat. Quand on analyse les données économiques de la France avec des comparaisons internationales vastes mais néanmoins restreintes aux pays comparables (OCDE), on comprend que les maux que l'on cherche à guérir ont peu de rapport avec le sujet fiscal.
La France a déjà le niveau de prélèvement le plus élevé de l'OCDE et également le niveau de redistribution le plus élevé. Les inégalités primaires (celles portant sur les niveaux de revenus avant transfert sociaux) y sont beaucoup plus corrigées qu'ailleurs.
On s'attache donc à un sujet en pensant que réintroduire
l'ISF serait une clé de voûte pour solutionner le malaise constaté sur les rond-points. Une pilule miracle.
Mais le diagnostic est profondément biaisé. il y a d'autres phénomènes à impacts majeurs sur lesquels il faudrait agir en priorité afin d'améliorer le sentiment de paupérisation.
D'où vient la pauvreté, qu'est ce qui la crée, comment se diffuse t'elle géographiquement et dans le temps ?
Et donc comment en combattre les sources
Un exemple de source de pauvreté en France et dans les pays occidentaux (c'est en côtoyant d'autres cultures à l'international que la comparaison m'a frappée): la proportion de familles mono-parentales.
Celles et ceux qui se trouvent en situation mono-parentale s'appauvrissent. Rien que ce sujet est très complexe et il y en a plein d 'autres...
L'éducation. On constate que l'ascenseur social ne fonctionne pas. J'avais un ami, aujourd'hui décédé, qui était par vocation principal de collège. Au soir de sa vie, il avait un immense regret, malgré son engagement il n'avait pas réussi, dans ses collèges, à changer un peu la donne: un élève entrant qui provenait d'une classe sociale défavorisée en sortait sans plus de chance... Pauvre IN, Pauvre OUT, dans le sens où il sortait mauvais élève et irait se perdre ensuite dans des formations qui ne l'intéresse pas/qu'il subirait. Encore un énorme débat complexe.
Etc, il y a tant de causes complexes.
Ainsi débattre de
l'ISF est un peu tel un tour de prestidigitation. Pendant que l'attention est attirée par la baguette des magiciens, l'action principale et essentielle est ailleurs.
Les solutions fiscales ont déjà et depuis longtemps été mises en oeuvre au maximum (d'où le non consentement à l'impôt qui s'exprime aujourd'hui, partout et par tous, pas qu'en portant un
gilet jaune). La question n'est pas de savoir où l'on va gratter encore un peu plus avec tous les phénomènes d'irritation que cela engendrera, mais il y a un travail colossal et hypercomplexe sur les causes, sur les fondamentaux.
Le diagnostic de Macron, que je partage sincèrement et entièrement, est de dire que l'une des clés (parmi tant d'autres) est de soutenir l'investissement. Il veut réenclencher un cycle LONG, investissement dans des projets, les projets se développent et créent de la richesse pour tous. Pour parcourir le cycle entre l'investissement et la réussite d'un projet qui trouve son retour sur investissement, il faut souvent plusieurs années.
Sur cette notion d'investissement/Retour sur investissement, on peut imaginer que la plupart d'entre nous seront d'accord. Quelqu'en soit le sujet, la vie nous a tous enseigné cela et de tous temps: semer/récolter.
Mais autant il peut y avoir convergence sur cette idée, autant la
divergence naît sur les façons d'enclencher le cycle.
Où, qui, comment ? les investissements vont pouvoir être accélérés.
Il y a donc les adeptes de solutions miracles du type "Facile il n'y a qu'à prendre ici et là". Le ici et là étant guidé par des notions essentiellement à caractère moral, et non par la recherche d'efficience.
C'est le mode français depuis très longtemps. Un problème, une taxe. L'argent effacera le problème.
Mais on arrive au bout de ces solutions simplistes. Et
isf ou pas
isf, taxe x, y, z, cela ne résoudra strictement rien de rien !
Au contraire, de façon générale, les prélèvements excessifs sur l'ensemble des acteurs économiques, étouffent les capacités d'initiatives, les projets de toute nature (économiques, sociaux, culturels, spirituels)
On parle en amont de financement d'actions dont les objets et leur pertinence ne sont pas clairement identifiés. Les financements partent souvent dans des circuits et finalités inefficaces où ils se perdent comme l'eau dans le désert.
Ainsi ce que je trouve frustrant est notre égarement collectif sur un sujet qui ne fera que renforcer les distances et animosités sociales, en plus de tous les inconvénients cités précédemment, alors qu'il y aurait tant besoin d'énergie à investir pour travailler sur les causes.