Avant d’en venir demain aux applications pratico-pratiques du biomimétisme et de ce que l’homme a pu améliorer dans ses procédés en fonction de son observation de la nature, je vous propose de nous arrêter un instant pour constater via quelques exemples ce que la nature a déjà su créer avant nous. Et c’est parfois surprenant !
LA NATURE L’A FAIT AVANT NOUS :
L’araignée argyronète qui plonge avec son oxygène
Bien avant que les premiers plongeurs humains réussissent à transporter leur oxygène sous l’eau, l’argyronète avait déjà inventé le principe de la cloche de plongée. D’abord, quand elle plonge, cette petite araignée (aux caractéristiques bien terrestres, il faut le noter !) bénéficie d’un vrai scaphandre car son corps est entouré de soies épaisses et complètement hydrofuges qui emprisonnent ainsi l’air autour d’elle. Elle se crée auparavant une bulle d’air, sa réserve, qu’elle porte sur son abdomen durant sa plongée. Et, cerise sur le gâteau, elle sait aussi tisser une toile étanche où elle peut décider de se fabriquer une bulle d’air, plus grande, dans laquelle elle peut vivre. Pour augmenter la taille de la bulle (jusqu’à celle d’une noisette environ), elle va effectuer quelques aller-retours à la surface pour y apporter de l’oxygène supplémentaire en y déposant sa réserve !
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Les guêpes qui ont créé les premières le papier
Eh oui, autant rappeler que les nids de guêpes ou de frelons sont composés en pâte à papier car ces derniers ne produisent pas de cire, contrairement aux abeilles. Ce faisant, des guêpes vont collecter quelques morceaux de bois dur sur les arbres puis les mastiquer (on les appelle à juste titre les guêpes papetières). Grâce à leur salive ceci devient une pâte qui prend d’abord la forme d’une petite boulette. Ces guêpes vont ensuite revenir les étaler en fine couche pour protéger leur nid (elles feront plusieurs couches). A l’intérieur, les alvéoles pourront être plus épaisses et se rapprocher d’une matière cartonnée. Selon les essences de bois récoltés, le papier des nids pourra prendre des teintes diverses.
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La grenouille des bois/le spermophile arctique/les tardigrades qui ont recours ou survivent à la cryogénisation
Oui, cette petite grenouille assez commune a développé une faculté bien surprenante mais fort utile pour sa survie à long terme : la capacité à se déshydrater, se congeler puis revenir à la vie sans séquelle ! Pourtant ce n’était pas gagné, sa peau très poreuse la rendait normalement particulièrement sensible au gel et à toutes ses conséquences… Pour réussir cette prouesse, elle accumule en fait beaucoup d’urée dans ses tissus et fait en sorte que son foie puisse convertir assez de glucose à partir de ses réserves de glycogène. Quand le froid arrive et que le gel commence à s’immiscer sous sa peau, elle va se déshydrater à hauteur de 60% de ses organes durant les 12 premières heures. Le gel ira jusqu’à atteindre son cerveau ou le cristallin de l’œil, son cœur, sa respiration, ses mouvements musculaires s’arrêtent complètement… et pourtant au redoux elle se réveillera en parfaite santé !
Et pour tout vous dire, cette petite grenouille n’est pas la seule à pouvoir se cryogéniser ainsi :
Il en va de même avec le spermophile arctique, animal à sang chaud contrairement à notre grenouille, qui lui n’utilise pas sa fourrure pour se protéger du froid comme on s’y attendrait pour un mammifère, mais qui va geler son cerveau pour arrêter toutes les connexions et les synapses nerveuses. Il maintient ainsi une température corporelle de -2.9° (!) et peut se recongeler ainsi plusieurs fois par cycle de 3 semaines sans causer de dommages à ses fonctions vitales.
Et comment ne pas citer les tardigrades, ces invincibles qui vivent toujours passés les -273°, qui résistent à la déshydratation extrême, aux radiations à des concentrations létales, à des températures insupportables (l’eau bouillie ne lui fait rien), et même au vide de l’Espace ! Selon une étude récente, des tardigrades congelés en 1983 ont pu être ramenés à la vie 30 ans plus tard en réussissant à se reproduire ensuite !
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Les arbres qui ont un internet végétal, le Wood Wide Web
Eh oui, saviez-vous que les arbres ne nous ont pas attendu pour mettre en place leur propre réseau de fibre optique ?
Pour communiquer, et notamment s’avertir d’un danger, on savait que les arbres diffusaient des « odeurs ». Mais la voie des airs est parfois incertaine, et les arbres ne peuvent comprendre l’alerte que s’ils sont de la même espèce parfois. Alors ils ont fini par trouver une autre voie, bien plus stable et fiable, sous terre.
Leurs racines sont un formidable messager, ils se sont arrangés pour tisser une toile qui les connecte entièrement, et transmettent alors leurs informations chimiquement, mais aussi électroniquement, à la vitesse d’un centimètre par seconde.
Mais vous me direz que les racines ne courent parfois pas si loin, ou qu’il est aussi démontré qu’il existe des arbres « solitaires », « réfractaires » et « individualistes » qui refusent d’entrelacer leurs ramifications souterraines. C’est alors qu’entrent en jeu des champignons appelés à la rescousse pour garantir la continuité de la transmission. Ils développent ainsi des filaments, et croyez-moi notre réseau paraît bien modeste à côté. Pour reprendre l’exemple souvent cité à ce sujet : une cuillerée à café de terre forestière contient plusieurs kilomètres de ces filaments, appelés hyphes. Ce sont ces champignons qui assurent, connectent et mettent en réseau des forêts entières entre elles.
Attention, ce réseau connaît les mêmes failles : virus, « darknet » etc… !
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Sources :
Le calendrier économique :